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 Hôtel Lester ou comment plumer un pigeon.

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Lester Hopkins
Torien

Lester Hopkins

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MessageSujet: Hôtel Lester ou comment plumer un pigeon.   Hôtel Lester ou comment plumer un pigeon. EmptyMer 9 Fév - 14:47

- Oh, mes aïeux... Quelle migraine...

Il était neuf heures du matin. Les oiseaux faisaient un vacarme insupportable, Abraham le majordome rangeait bruyamment la cuisine et s'il en avait eu la force, il se serait levé et aurait jeté l'horloge par la fenêtre. À part ça, Lester apercevait le soleil à travers les vitres. La chaleur rendait l'air étouffant. Chaleur de malheur...
Le Torien était affalé depuis près d'une heure sur le luxueux fauteuil. Il luttait contre un implacable mal de cheveux et luttait pour ne pas s'endormir. Comme il désirait retourner dans son lit et s'y prélasser jusqu'au soir. Sauf que Claire en avait décidé autrement.

On rembobine.

Six heures du matin. Le téléphone hurle dans la gigantesque maison. Lester n'a eu le droit qu'à quatre petites heures de sommeil. Une migraine le pourchasse depuis la veille. Il a tout essayé. L'aspirine, la vodka, la LSD, l'ectasie, les "plantes aromatiques" et encore de l'aspirine. Même une partie de jambes en l'air avec deux jumeaux allemands de passage la nuit dernière. Rien y fît.
Bref.

- Abe ! tenta de crier Lester, les yeux plus embrumés que les vieilles routes d'Ukraine au petit matin.

Pas de réponse. Le majordome avait dû aller faire les courses pour le petit déjeuner.
Le téléphone sonnait encore.
Bon. Puisqu'il le faut.
Lester se leva tant bien que mal et traîna les pieds jusqu'à l'appareil. Décrocher. Répondre.

- Mwâllo ? *bâillement*
- ...
- Claire ? Ouais, ça t'ennuierais de te renseigner sur le décalage horaire ?
- ...
- Il arrive dans trois heures ? Bah, Abe lui ouvrira.
-...
- *soupir* Bien bien, je vais me préparer.
- ...
- C'est ça, bonne journée à toi aussi...

Raccrocher. Se diriger le plus lentement possible vers la douche.

On embobine.

Lester se remit correctement sur le fauteuil et commença à faire l'inventaire.
Costume Dolce OK. Parfum léger mais élégant OK. Produits de beauté pour effacer ces foutus cernes OK. Perruque rouge vive OK. Bouteille de vodka à moitié entamée OK.
Bon, il n'avait pas de chaussure et sa chemise semi-ouverte lui donnait un aspect négligé. Tant pis.

Il décapsula une petite fiole et goba son contenu.

- Vous devriez limiter votre consommation de ce genre de produits si vous voulez que votre migraine disparaisse, Monsieur.
- Ne t'inquiète pas. Ce n'est que du sucre.

Du sucre. Des substances nutritives et tout, et tout. Son corps devait être parfaitement réglé. Herinnen pouvait surgir à tout moment. Quoique les chances étaient minces. Freyja n'était pas ce qu'on pouvait appeler une instinctive pure et dure. Hormis certains, les Toriens étaient des chiens, et sans alpha pour les contrôler, le chaos se répandrait à travers Espérance et l'ensemble de l'Australie. Freyja le savait et ne souhaitait pas une telle tragédie. Il en était sûr.

Mais la question n'était pas au tableau du jour.

Claire l'avait averti qu'un des seuls Toriens ayant réussi devait arriver aujourd'hui. Il devait l'accueillir comme il se devait, après tout, c'était dans son fric qu'il allait piocher pour financer ses plans.
Ce qui soulevait un autre problème. Y en aurait-il suffisamment pour lui permettre de garder les autres en laisse ? La plupart des siens n'étaient que de vulgaires junkies, voleurs, violeurs ou cannibales. Parfois tout en même temps.
Les plus anciens voyaient en Lester un simili de leader charismatique mais les plus jeunes rejetaient son autorité. Ils contaminaient n'importe qui à tout va sans tenir compte des conséquences. Lester détestait ça.
Freyja et ses hommes détenaient la supériorité logistique, technologique et scientifique. Si elle trouvait le moyen de tous les avoir au même moment, c'en serait fini des tout puissants Toriens. Heureusement pour lui, l'épée de Damoclès se balançait au dessus d'eux deux.
Tout le foutoir qu'induirait l'appel aux Toriens allait lui donner du travail.
Désormais, il bosserait le jour et s'amuserait la nuit. Bah oui, profiter des magnifiques épidermes d'australiens bronzés était une priorité en soi.

Neuf heures et demi. Qu'est-ce qu'il fichait ? Et puis, c'était quoi son nom déjà ? Abigail ? Un truc comme ça.
Au moins, son mal de crâne s'améliorait. Sûrement parce qu'il savourait observer le labeur de Abe. Avec ses cheveux blancs, son regard austère et son complet - ensemble qu'avait toujours vu Lester depuis qu'il séjournait dans la Maison -, Abe était le typique majordome anglais. Discret, serviable, snob lorsque l'on s'adressait à lui et encore plus drôle, il détestait les adolescents. Avec quelqu'un comme Lester, Abe allait être servi. Ce dernier s'était pour l'instant mis en tête de nettoyer la maison avant l'arrivée de l'hôte. Certes, les seringues et les tas de poudres qui parsemaient la maison faisaient un peu négligé. Mais c'était un Torien qui arrivait après tout, il s'habituera bien vite à son mode de vie.

Lester se frotta les yeux, finit sa coupelle d'alcool et replongea dans le fauteuil. Il s'endormit.


Dernière édition par Lester Hopkins le Jeu 28 Avr - 1:25, édité 1 fois
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Gabriel Gainsbourg
Torien

Gabriel Gainsbourg

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MessageSujet: Re: Hôtel Lester ou comment plumer un pigeon.   Hôtel Lester ou comment plumer un pigeon. EmptyJeu 10 Fév - 6:26

Surexcité. C’est le mot qui décrivait le mieux l’état dans lequel se trouvait Gabriel depuis quelques minutes. Il ne cessait de s’agiter dans tous les sens, cherchant à voir le plus de choses possibles de l’endroit où il allait désormais vivre. Isabella, elle, riait doucement, trop heureuse de voir son patron faire autre chose que se plaindre. Gabriel cola son visage à la vitre du taxi, comme un enfant, et se lança dans une déclaration d’amour adressée au soleil et à la chaleur de ce merveilleux pays. Décidément, il adorait cet endroit.

Le taxi s’engagea sur une nouvelle route, plus petite, et Gabriel aperçut enfin la maison. Il poussa une exclamation de joie et sa secrétaire jura avoir vu briller des étoiles dans ses yeux. Puis, sans prévenir, son visage pris un air plus sérieux. Il attrapa un sac en cuir noir qui trainait à ses pieds et en sorti des lunettes de soleil aux verres oranges qu’il glissa sur son nez.


« Claire a dit que Lester allait nous accueillir. » finit il par dire dans un souffle après un long moment de silence. Ses cheveux rouges brillaient des reflets de la lumière déjà forte du matin, et quelques mèches tombaient jusque sur son nez. Le sourire enfantin qu’il affichait quelques secondes auparavant avait fait place à un air légèrement stressé, presque pincé, qui donnait à son visage un aspect beaucoup plus adulte. Ses yeux ne parvenaient pas à se détacher de la vision de l’imposante maison dont ils se rapprochaient de plus en plus. A cet instant, l’adolescent impulsif qu’il était resté durant toutes ces années d’existence, avait laissé place à l’homme qu’il était devenu. Son instinct lui disait que le moment qu’il s’apprêtait à vivre allait être important. Que la personne qu’il s’apprêtait à rencontrer aurait un rôle à jouer dans sa vie.

Gabriel n’était pas du genre à agir sous les ordres d’une quelconque personne. Il était indépendant, et sa liberté était à ses yeux la chose la plus précieuse. Et c’est pour cette raison que depuis qu’il était devenu Torien, il avait sagement attendu le moment ou les seins, sa famille comme il disait, pourrait enfin vivre comme bon leur semblait. En Lester, il ne voyait pas un leader ou un messie, simplement un élément important dans l’histoire de la communauté Torienne. Ce Torien avait, d’après ce qu’on lui avait raconté, assez de charisme pour réunir autour de lui tous les autres, puis pour les diriger, tel un chef de meute. Gabriel espérait simplement que ceci déclencherait une série d’événements qui non seulement mettrait un peu d’animation dans sa vie bien trop morne à son gout, mais en plus les conduiraient à la liberté. Après tout, ils n’étaient pas des monstres. Ils n’étaient ceci qu’à cause des erreurs des humains, eux n’avaient rien voulu. Absolument rien. Pouvait-on considérer comme une faute le fait de vouloir vivre, et ceci malgré ses différences ? Pouvait-on considérer comme une faute le fait de se nourrir pour survivre ? Blâmait-on les humains lorsqu’ils mangeaient de la viande ? Non, décidément, ils ne méritaient pas la vie cachée qu’ils s’imposaient. Tout ceci n’était que l’ordre naturel des choses. Les humains avaient fait leur temps, ils avaient dominé les autres espèces, ils s’étaient crus plus forts, plus malins, invincibles, mais leur intelligence avait atteint ses limites et ils avaient créés eux même leur propre ennemi. Gabriel n’était pas de ces Toriens qui désirent à tout prix l’extermination de la race humaine, après tout, lui-même les aimait beaucoup, et il avait parfaitement conscience qu’ils avaient besoin d’eux pour survivre. Tout ce qu’il voulait, c’était pouvoir vivre tranquille sans être obligé de changer de nom approximativement tous les dix ans. Pouvoir faire la fête la nuit et se prélasser au soleil le jour sans se soucier d’être menacé ou non. Pour sucer des peaux délicatement bronzées sans qu’on lance les polices du monde entier à ses trousses. Parce que se battre sans cesse pour survivre, c’était vraiment beaucoup beaucoup trop fatiguant.

Gabriel poussa un long soupire lorsque la voiture s’arrêta devant le portail du parc de la demeure. Il ouvrit la portière et sortit, étirant un à un chaque membre de son corps.

« Waah trop trop beau ! Elle est vraiment trop choc cette maisonnette ! » s’exclama-t-il, son visage redevenu celui du patron gamin et irresponsable qu’Isabella connaissait bien. Celle-ci tendit d’ailleurs une liasse de billet au chauffeur qui venait de sortir leurs bagages du coffre.

« Bon séjour… » Marmonna-t-il avant de remonter aussi vite que possible dans sa voiture et de partir sans demander son reste.

« Bizarre les gens d’ici… » bougonna la secrétaire en s’approchant de son patron, deux lourdes valises dans les mains. « Et pas très bavard. Pourtant vu le pourboire que vous lui avez laissé, il aurait pu nous parler un peu de la ville… »

« Waah ! Eeh souries un peuuu Isabella, on est en vacances ! Tu piges ? Vacances ! Fini la routine et les ennuis mortel de Paname ! »

Comme pour lui donner tord, le téléphone portable de sa secrétaire sonna, et elle laissa tomber les valises sur le sol poussiéreux pour répondre. Gabriel fit la moue et retourna la tête vers la maison. Il ne comptait vraiment pas assister aux discussions de travail d’Isabella. Pas maintenant. Pas alors qu’il était enfon arrivé à Espérance.

Il lui fit signe de dire qu’il n’était pas là si jamais on le demandait et montra d’un geste de la main la maison dans son dos. Sa secrétaire acquiesça. Ses lèvres formèrent un « T’es géniale » silencieux, puis il tourna les talons.

De toute façon, il préférait rencontrer Lester seul. Il se doutait que celui-ci n’était pas bête, qu’il ne sauterait pas sur Isabella comme un Torien affamé, et de tout façon elle n’avait pas l’air très appétissante, mais il se comporterait sans doute beaucoup plus naturellement si elle n’était pas là à observer ses moindres faits et gestes.

Il se dirigea vers la porte, le cœur battant légèrement plus vite que d’habitude. La maison était silencieuse, et il se demanda vaguement s’ils n’étaient pas arrivés trop tôt, mais il chassa ses pensées du geste de la main. Qu’importe, il ne comptait pas attendre sur le pas de la porte. Il prit son temps pour observer la vue magnifique que l’on avait d’ici, puis il sonna. Pas trop longtemps. Un coup sec. Il posa les mains sur ses hanches et plia une jambe. L’air était déjà très chaud pour ce début de matinée, et dans son jean, ses bottes en cuir et sa marinière blanche et noire, il avait la sensation d’étouffer. A ce moment il aurait donné n’importe quoi pour un jus d’orange bien glacé.
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Lester Hopkins
Torien

Lester Hopkins

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MessageSujet: Re: Hôtel Lester ou comment plumer un pigeon.   Hôtel Lester ou comment plumer un pigeon. EmptyJeu 10 Fév - 13:21

Ding Dong. C'est l'heure.
Lester fut réveillé par le son d'un millier de cloches résonnant dans son crâne. C'était atroce.
Mais il sentait qu'il devait continuer. Il fallait continuer. Qu'importe la distance ou la douleur. Se lever et marcher. Pour ouvrir cette foutue porte.
Lester s'appuya sur les bras du fauteuil et les tendit. Finalement il lâcha prise et retomba mollement dans les délices du confort design. Au moins il n'y avait pas de pub mensongère. "Une fois dedans, en sortir est un supplice".

- Je vais ouvrir, avertit Abraham dans son dos.

- Non. Laisse. C'est le boulot, stoppa Lester, les yeux dans le vide ou plutôt en direction de la bouteille de vodka.

Il ferma les yeux trente secondes. Juste le temps de se concentrer. Bon sang, s'il avait eu le choix, il aurait préféré affronter un Herinnen. La gueule de bois faisait des ravages chez les Toriens.
Allez, on se motive. Il retint son souffle.
Un.
Deux.
Trois. Lester se leva et manqua de chuter la tête la première sur un coin de table. Quelle fin horrible ça aurait été. Tué par un meuble.
Bon.
Il fit signe à Abe de les laisser et s'avança nonchalamment vers l'entrée. Il avait quand même prit le temps de saisir la bouteille et de glisser une gorgée entre deux pas.
Une fois devant l'énorme double porte de verre et de métal, finement décorée cela dit, il déposa la bouteille sur un support à portée et inspira. Paraître le plus élégant et digne de confiance possible. Oh, et puis, il s'en fichait. Il aurait pu prendre un vol en début de soirée.
Lester tira la porte.
C'est ainsi que l'hôte découvrit un Lester à moitié endormi qui se maintenait au mur pour ne pas tomber. Le dos légèrement voûté, les paupières lourdes, la perruque rouge ébouriffée, les sourcils blancs et le reste de la tenue qui accompagnait le style.

Lester ne s'attendait pas à ça. Un gamin. Claire avait convertie un gamin. Bon, avec son mètre 80, le gamin était tout de même plus grand que lui. Mais tout de même !
Sinon, il ne ressemblait pas aux autres Toriens de troisième générations qu'il avait rencontré. La plupart étaient des voyous qui acceptaient ses ordres sans discuter. Enfin un avec qui il pourrait converser sans trop de problèmes. Et ces cheveux rouges... Woaw !
Mais plus sérieusement, ce gars là avait du fric. Beaucoup de fric, selon Claire. Excellent, excellent. (ndla : Devinez la référence Very Happy)

En l'observant de plus près, Lester s'aperçut que l'invité était en sueur. Stressait-il ? Naaaan. Probablement la chaleur. Quelle idée de porter des bottes en cuir aussi. Touriste, pensa t'-il en riant intérieurement.
Bref. Premières politesses. Il fallait saluer. Allez, Lester, dis-donc un beau Hello !
Ce qui sortit de sa bouche ressemblait plus à la voix des monstres hollywoodiens qu'à un joyeux bonjour.

- Weurrrlloooo...

Lester écarquilla les yeux. Il se racla la gorge, releva le buste et se corrigea :

- Hum. Hello ! Entrez, entrez donc. Laissez vos bagages ici, Abe s'en occupera, informa Lester en désignant son majordome d'un mouvement de tête.

Aïe, la douleur relançait. Tant pis, on fera avec.

Il s'écarta de l'entrée et balaya la salle du bras pour lui présenter les lieux. Il prit bien soin de dissimuler la bouteille dans son dos.

- Bienvenue. Peut-être voulez vous boire quelque chose ? Vous devez avoir chaud ? De l'eau ? Du soda ? De l'alcool ? Euh... Du jus ?

Claire avait vanté les mérites du gamin. Enfin, sauf ceux au lit, Lester avait demandé mais Claire l'avait rembarré avec toute la magnificence qu'imposait son flegme habituel : Je ne me mêle pas de tes affaires. Tu ne te mêles pas de mon cul, chéri.
Bref.
Lester avait un tas de questions à lui poser. Il voulait répertorier les meilleurs, ceux qui seraient les plus utiles...
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Gabriel Gainsbourg
Torien

Gabriel Gainsbourg

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MessageSujet: Re: Hôtel Lester ou comment plumer un pigeon.   Hôtel Lester ou comment plumer un pigeon. EmptyDim 13 Fév - 3:31

Gabriel se gratta l’arrière du crâne en songeant vaguement que son hôte mettait du temps à venir l’accueillir. Les courtes minutes durant lesquels il patienta lui parurent des heures. Puis la porte s’ouvrit et la première chose que remarqua Gabriel, ce fut l’odeur. Il fronça le nez et fit la moue. «Lendemain de fête » grinça t il intérieurement. Oh, il aimait les fêtes, qu’elles soient alcoolisées ou bonne enfant, tant qu’on s’y amusait, il les aimait. Sauf quand il n’y avait pas participé. Selon lui, il n’y avait rien de plus désagréable que constater qu’une soirée c’est dérouler sans qu’on y soit convié. Le choc des premières odeurs passé, le jeune Torien attarda son regard sur celui grâce auquel il se trouvait désormais à Espérance. Sa moue dubitative laissa place à un petit sourire charmeur.
« Charismatique. C’est le mot. Pas présentable du tout, mais incontestablement charismatique. » Gabriel apprécia, en connaisseur, le costume visiblement hors de prix que portait Lester. Il lui donnait un côté classe qui contrastait avec l’air débauché qu’il arborait. Les mèches de ce qui semblait être une perruque rouge lui tombaient nonchalamment sur le visage et Gabriel trouva ça terriblement sexy. Ses yeux sombres, malgré la fatigue présente, étaient réellement envoutants, et le jeune Torien comprit pourquoi tant des leurs, peuple d’insoumis, acceptaient sans broncher les ordres de cet homme. Il se surprit à penser que de toute façon, ce que demandait un type aussi classe ne pouvait sans doute pas être désagréable à exécuter et il s’administra une claque mentale pour s’éviter de se laisser aller à des pensées qui l’empêcheraient de se comporter normalement.

Gabriel déchanta vite à la première tentative de prise de parole de son hôte. « L’alcool est un véritable tue l’amour » pleurnicha t il intérieurement, déçu d’avoir vu tous ses fantasmes brisés en quelques secondes. « Dieu merci je résiste assez bien à ce doux poison. Du moins, je crois… J’espère. Oh pitié Sainte Marie fais qu’aucun de mes amants ne m’aient jamais entendu lui parler avec une voix si peu sexy ! »

Cependant, Lester se rattrapa bien vite en l’invitant à entrer. Gabriel sourit d’un air béat en priant le ciel pour que cette immense et merveilleuse maison dispose de l’air climatisé.

Parfait ! » S’exclama t il d’un ton joyeux.

Il indiqua d’un geste vague un endroit derrière son épaule avant d’ajouter « Ma secrétaire téléphone alors elle nous rejoindra… hum… plus tard. » Il fit une petite moue boudeuse et marmonna « Le travail… »

Puis, reprenant son sourire satisfait il continua « Mais si votre heu… votre… Abe ? Enfin cet homme là, peut s’occuper des bagages c’est… parfait ! » Il marqua une pause et pencha la tête sur le côté comme pour observer son interlocuteur. Il se décida finalement à pénétrer à l’intérieur de la maison, cherchant à en voir le plus possible, détaillant les meubles, les murs, les portes et les moindres détails pour pouvoir se souvenir plus tard de sa première impression du lieu.

- Bienvenue. Peut-être voulez vous boire quelque chose ? Vous devez avoir chaud ? De l'eau ? Du soda ? De l'alcool ? Euh... Du jus ?

Gabriel sursauta et se retourna brusquement pour faire à nouveau face à Lester.

« Jus d’orange ! » clama t il, les mots sortant de sa bouche avant même qu’il n’ait le temps de le réaliser.

Prenant conscience de son impolitesse il sourit et tenta de justifier sa réaction légèrement excessive « Je meurs de soif en fait. Il fait vraiment une chaleur pas possible ici, quand on arrive tout juste de Paris, ça fait bizarre. »

Il rigola doucement et passa sa main dans ses cheveux pour se donner une contenance.

Il visualisa mentalement la scène d’un point de vue extérieur et pensa qu’il devait être parfaitement ridicule avant de se rappeler qu’en fait il se fichait totalement d’être ridicule. Il fit la moue et remonta ses lunettes de soleil sur sa tête avant de sourire à nouveau.

« Ceci dit, je crois que je vais me plaire ici, je hais le temps gris et insupportable de Paris. Et puis il faut reconnaitre que les gens d’ici ont l’air… charmant. » Il sourit d’un air entendu.

Tout le stress qu’il avait pu ressentir quelques minutes auparavant, alors que la porte n’était pas encore ouverte, c’était envolé tout naturellement, et il se sentait désormais parfaitement à son aise. Il avait d’ailleurs avancé un peu plus en avant dans la maison, s’éloignant de quelques pas de Lester.
Si Isabella avait été là, elle lui aurait fait remarquer que lorsqu’il était lunatique à ce point c’était vraiment insupportable pour son entourage, mais il se trouvait qu’actuellement sa chère secrétaire travaillait parce qu’il fallait bien que quelqu’un entretienne sa fortune pendant qu’il était en vacances. Gabriel se félicita intérieurement d’être un géni, et se dit que la vie allait sans doute être aussi géniale que lui désormais.
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Lester Hopkins
Torien

Lester Hopkins

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MessageSujet: Re: Hôtel Lester ou comment plumer un pigeon.   Hôtel Lester ou comment plumer un pigeon. EmptyDim 13 Fév - 13:55

Il produisait vraiment un sentiment particulier chez ses interlocuteurs. Lester ne pouvait s'empêcher d'observer les yeux de Gaël - ouais, ça devait être son nom, enfin peut-être - scintiller comme ceux de dizaines d'autres Toriens qu'il avait interpellé au cours de son pèlerinage. Le genre de réaction digne d'une fillette devant sa chanteuse préférée. Il adorait ça. Il aimait à penser qu'il exerçait une emprise sur le dernier échelon de la chaîne alimentaire. Et par conséquent, sur tous les échelons qui suivaient. Son physique n'avait pourtant rien d'un Apollon, encore moins ce matin de post-beuverie-culbute-fixàtoutva.
Il devait dégager quelque chose d'électrique probablement. Après tout, Staline n'était pas non plus un dieu grec.
Mais il n'était pas le seul. La Maison faisait également son petit effet. De loin, les passants posaient systématiquement le regard sur cette masse blanche, noire et brune qui s'élevait sur la Colline. Et de près, Lester pouvait apercevoir leur visage s'illuminer comme celui de la marmaille braillarde un matin de Noël.
Mais le plus jouissif (oh, oui, mieux que toute l'équipe de volley féminine brésilienne après un match de championnat remporté) était de contempler leur expression d'extase et de béatitude en passant la porte.
De l'architecture, de la décoration et de délicieuses senteurs, de toutes les pièces émanait une aura surnaturelle et indéfinissable. Celle-ci, il en était persuadé, renforçait la main-mise sur les esprits et la présence, au sens spirituel et psychologique du terme, du propriétaire, en l'occurrence, Lester.
Une fois le manège de l'entrée effectué, Lester n'avait plus affaire à d'éminents Toriens ou à une bande d'adolescents attardés. Ce n'était plus que de pauvres enfants qui attendaient que Papa Lester leur offre sa chaleureuse étreinte. Parfait.

Mais, il n'avait pas de quoi se réjouir aujourd'hui. Le petit avait brièvement affiché une mine de dégoût. Pourqu... Oh. C'est vrai. Le salon sentait légèrement le phoque.
Ou le Herinnen mouillé, c'était pareil fît-il intérieurement.
Quelle belle blague intestinale d'un goût douteux comme il fallait. Ce n'était pas son jour. Même Abe était capable de mieux.

Revenons aux choses sérieuses : l'accueil.

Le gamin s'était apparemment encombré de sa secrétaire. Au moins, ça démontrait son attachement à son boulot et puis ça ferait une amie pour Abraham. Ou une partenaire pour une des longues séances d'expression corporelle de Lester. Il en salivait d'avance.
Trêve de rêveries. Qu'est-ce qu'il voulait boire, le gamin ?

- Jus d'orange !

Qu'est-ce qu'il disait. De vrais gamins. Ou alors c'était peut-être naturel. De toute façon, il ne lui en tiendrait pas rigueur. Il repensa à la veille où il s'était déguisé en bébé sadomasochiste pour accomplir un fantasme sexuel. Et puis, les allemandes savent faire plein de ...
Lester secoua instinctivement la tête et en revint au gamin qui se perdait en excuses inutiles.

- Ha ha. Je comprends, répondit Lester en lui adressant le sourire le plus apaisant possible.

Fallait pas qu'il stresse. Il était en vacances. Enfin, pour le moment. Les H d'argent se baladaient dans la nature, affutant leurs scalpels et leur stratégie. Diable.

- On va vous servir tout de suite. Abe ? Où est-il ? Abraham ?!

- Monsieur me demande ?

Lester sursauta. Le majordome se tenait dans son dos, les mains croisées et cachées derrière lui, la tête haute et avec son habituelle expression de... de rien du tout. Assez effrayant parfois.

- Hum. Presse nous deux jus d'oranges, veux-tu ? ordonna le maître de maison en reportant son attention au gamin.

- Avec ou sans vodka ?

- silence oppressant -

Lester pivota la tête et lança un regard noir au majordome. Ce dernier avait récupéré la bouteille cachée et l'avait placée en évidence au milieu des oranges. Pire, il esquissait un petit sourire de satisfaction. Bien joué, vieillard. Un à zéro.

- Sans, fît Lester d'une voix grinçante. Oh, et quand tu auras fini, pourras-tu t'occuper des bagages de notre hôte ?

- Comme Monsieur voudra.

Le sourire avait changé de bouche. Un à zéro et demi. C'était une maigre victoire.
Bref. Au diable, l'intermède taquin.

Le gamin lui parlait. Oh mince, il disait quoi ? Hum. Okay.
Il se croyait en vacances. Il allait avoir des surprises. Claire n'avait pas dû le prévenir au sujet d'Herinnen.

- En effet. Les locaux sont charmants, comme vous dites... J'aurais à m'entretenir avec vous à ce sujet un peu plus tard. Pour l'instant, profitez de la maison.
Ça y est. Les bonnes conditions étaient réunies.

Bienvenue dans le fameux test de personnalité de votre serviteur, Lester Hopkins !
Test intitulé : Êtes-vous un génial membre d'une espèce supérieure destiné à exterminer l'ordure humaine ou n'êtes-vous qu'un insignifiant sous-doué végétatif à peine digne de pâture à Herinnen ?


Question Une :

- Tu as sans doute dû remarqué que je n'étais pas dans un bon jour. Ainsi, je te prie de m'excuser mais comment t'appelles-tu déjà ?


Dernière édition par Lester Hopkins le Mar 1 Mar - 12:55, édité 1 fois
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Gabriel Gainsbourg
Torien

Gabriel Gainsbourg

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MessageSujet: Re: Hôtel Lester ou comment plumer un pigeon.   Hôtel Lester ou comment plumer un pigeon. EmptyLun 28 Fév - 22:30

Gabriel tenta d’observer la maison en détail, mais il n’avait jamais été vraiment doué pour ce genre de choses. L’attention n’était pas son fort et il ressentait pour l’heure toute l’excitation qui avait été la sienne durant le trajet en taxi refaire petit à petit surface. Il adorait cette sensation. Selon lui, elle était d’ailleurs beaucoup trop rare et les conditions pour la déclencher n’étaient pas faciles à réunir. Il lui fallait un minimum de soleil et de chaleur, parce que le mauvais temps était vraiment déprimant, de nouvelles personnes à rencontrer, si possible des gens intéressants pas le genre de vieux riches insupportables qu’il fréquentait à Paris pour faire bonne figure, des situations nouvelles également, les soirées mondaines il avait déjà donné, et ce n’était visiblement pas le genre de soirées qui se déroulaient dans cette maison au vu du salon. Il fallait également que tout mauvais stress se tienne le plus loin possible de lui, et il n’y en avait pour l’instant pas l’ombre. Et puis, cerise sur le gâteau, un jus de fruit fraichement pressé. Un jus d’orange. Lorsque toutes ces conditions étaient réunies, le jeune Torien sentait son cœur battre comme un enfant à l’approche de noël et avait une envie irrésistible de sauter partout en racontant des bêtises. Toutefois, Gabriel, après une courte lutte acharnée avec sa conscience remportée par cette dernière, avait prit la décision de s’abstenir pour le moment. Il s’était vaguement dit que passer pour un garçon étrange auprès de Lester Hopkins n’était peut être pas une bonne idée. Il n’avait cependant même pas émis la moindre possibilité que ce fusse déjà le cas, ce qui pourtant, était plus que probable.

Cette excitation qu’il chérissait tant fut pourtant de bien courte durée. La façon dont Lester venait de dire « m’entretenir avec vous » comme s’il avait quelque chose d’important à annoncer, venait de refaire surgir l’instinct de chef d’entreprise de Gabriel. Il n’était pas le plus intelligent de ses collaborateurs, mais il était de loin le plus malin. Et s’il y avait une chose qu’il savait reconnaitre c’était les sous entendus d’une phrase. Un signal d’alarme retentit dans son esprit. En réalité, il n’avait jamais réellement imaginé être venu à Espérance pour bronzer sous les cocotiers, mais il s’était laissé croire que peut être la vie ici serait plus aisée pour les Toriens qu’ils étaient. Après tout, n’était ce pas pour ça que Claire l’avait appelé ? Qu’elle lui avait dit de les rejoindre ? Une petite ville comme Espérance, éloignée du monde, sans histoires et où la police locale ne faisait généralement pas d’excès de zèle… Non. Ce n’était pas pour ça du tout. Elle n’avait jamais parlé de se reposer. Elle avait juste dit que Lester cherchait à former une communauté de Toriens à cet endroit et qu’il était invité à se joindre à eux. Elle avait aussi dit qu’il serait sans doute un élément important. Elle n’avait jamais parlé de vacances.

Gabriel dissimula à merveilles le flot de ses pensées derrière un sourire qui se voulait gentil. En réalité, il réfléchissait à toutes les raisons qui auraient pu faire que Lester Hopkins voulait « s’entretenir avec lui ». Gabriel avait horreur de réfléchir à quoique ce soit, il voulait se contenter de prendre la vie comme elle venait. Mais il avait encore plus horreur d’être pris au dépourvu. Il décida qu’il réfléchirait à tout ça plus tard lorsque Lester parla à nouveau.

- Tu as sans doute dû remarquer que je n'étais pas dans un bon jour. Ainsi, je te prie de m'excuser mais comment t'appelles-tu déjà ?

Gabriel pencha la tête sur la droite et planta ses yeux dans ceux de son hôte. Il avait un sourire en coin qui lui creusait sur la joue une petit fossette. Il l’aurait voulu moins moqueur mais il ne parvenait décidément pas à le retenir. Une lueur étrange passait dans ses yeux, comme s’il s’apprêtait à défier Lester d’oser ne pas se souvenir de sa divine personne. Cependant, lorsqu’il parla, son ton était aimable, presque doux. Ce n’était plus l’adolescent joyeux qui était entré dans la pièce il y avait de ça quelques minutes. C’était Gabriel le Torien. Et il parlait à Lester d’égal à égal, même si ses yeux disaient clairement « moi je sais tout de toi tu vois, j’ai une longueur d’avance ».

-Gabriel, souffla-t-il, en ce moment Gainsbourg, comme le chanteur, mais il arrive que ça change.

Il souriait maintenant complètement et tendit une main ferme vers Lester :

« Je suis d’ailleurs, ravi de faire ta connaissance Lester. »

Il allait ajouter que Claire avait souvent parlé du lui mais il se ravisa, pensant que c’était sans doute une mauvaise idée. Flatter l’ego de quelqu’un comme lui n’était peut être pas la meilleure chose à faire pour l’heure, et il y avait surement déjà bien assez de personnes pour le faire à sa place. Toutefois, il était vrai que Claire était assez bavarde dans son genre. Quand cela l’arrangeait du moins. Elle s’était fait un plaisir d’apprendre au jeune novice qu’il était à l’époque tout ce qu’elle voulait sur celui qui l’avait ainsi transformée. Gabriel songea que la Torienne n’y était sans doute pas pour rien dans la réputation qui précédait Lester partout où il allait.
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Lester Hopkins
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MessageSujet: Re: Hôtel Lester ou comment plumer un pigeon.   Hôtel Lester ou comment plumer un pigeon. EmptyMer 2 Mar - 15:52

Diable. Il s'était vraiment raté.
Gabriel, hein ?
La référence culturelle à ce vieil artiste français ne l'aiderai pas beaucoup mais il trouverai bien un quelconque moyen mnémotechnique pour ancrer ce foutu prénom dans son crâne.
Claire lui avait donné son nom il y a des années et ne lui avait jamais remit les idées en place depuis. Difficile de se souvenir d'un détail lorsque l'on passe son temps dans à monter dans les nuages avec une seringue et un verre de vodka et chuter lourdement dans la boue le lendemain. En fait, Claire ne lui avait jamais donné de détail sur ce gamin. Elle s'était contentée de lui transmettre le principal : Gabriel avait de l'argent et Lester n'en n'avait pas.
Il n'empêche que Lester ne pouvait pas s'attacher au gamin maintenant, ni même lui faire pleinement confiance. Il n'en savait que trop peu. Qu'en était-il de son passé ? Comment pensait-il ? Que voulait-il - jus d'orange exclu - ? Toutes ces questions dont Lester devait vite découvrir les réponses avant de plonger le gamin dans ses combines les plus sordides.

Lester jugea son hôte du regard dans l'espoir de dénicher un potentiel indice sur la personnalité de celui-ci. L'effort ne fut pas loin d'être vain. Rien de très notable n'était apparent. Les pensées les plus profondes, et c'était bien normal, ne se réfléchissaient aucunement sur le style vestimentaire et la façon d'être du petit Gainsbourg. Cependant, sans qu'il sache pourquoi, Lester ressentait une certaine candeur émaner de Gabriel. Une chétivité presque touchante émanait de Gabriel et Lester en frissonna. Ce gamin avait l'air tout à fait inoffensif, et même adorable avec ses yeux ouverts en grand lorsque Lester avait tenté une insinuation à peine masquée de Herinnen.

Sauf que Lester n'était pas le genre de personne à fondre devant un gamin, humain ou non. Quoique les évènements qui se profilaient à l'horizon risquaient d'être trop lourds pour un seul homme, fut-il Torien.

Et puis, le gamin prenait de l'assurance tout à coup. Il lui adressait ce genre de sourire que l'on impose lorsque l'on est fier de sa supériorité. Lester en fut surpris. Il n'y avait bien que Claire et le défunt Torien d'Islande, Kort, qui osaient le transpercer du regard ainsi.
Ne pas se rappeler de quelqu'un déclenchait-il toujours ce genre de réaction ? Amusant.
Cet air de défiance hurlait clairement à Lester de ne pas abuser de sa condition de leader et que Gabriel n'était pas à considérer tel un sous-fifre comme un autre. Le nommer "Gamin" était peut-être un peu trop présomptueux, finalement. Après tout, s'il avait réussi à survivre et se hisser à la tête d'une entreprise, c'est qu'il devait en avoir dans le pantalon, le petit.

Il contempla la main se lever, droite, déterminée. Gabriel voulait lui faire comprendre qui il était et surtout qui il n'était pas. Enfin, selon lui.

" Je suis d’ailleurs, ravi de faire ta connaissance Lester. "

Ouais, mais tu fais trop, mon vieux. pensa Lester.

Lester lui saisit fermement la main et rendit son regard à Gabriel. Il plissa alors les yeux et lui adressa un petit sourire, presque de mépris.
En clair : T'es bien gentil, mais je n'autorise à me tutoyer que les personnes avec lesquelles j'entretiens des rapports sexuels.

" Moi de même, Monsieur Gainsbourg. J'ose espérer qu'un homme tel que vous pourra compter parmi mes amis," répondit Lester en secouant la main de son invité.

Même si tu te tapes ma gonzesse. La phrase lui avait traversé l'esprit. Comme si le côté trop solennel et trop chiant était insupportable même pour son inconscient qui préférait réagir avec humour.

Lester libéra Gabriel de son emprise lorsque le majordome vint leur apporter les rafraîchissements. Sur le plateau, près des deux grands verres flamboyants ornés d'une rondelle d'orange fraîche, dormait une boîte sombre d'où sortait une délicieuse odeur. On pouvait y distinguer le nom d'une célèbre pièce de Shakespeare inscrite en espagnol sur le dos.

Lester attrapa le verre destiné à Gabriel et le lui tendit. Son expression n'avait pas changée, il voulait bien faire comprendre à son hôte qu'ils étaient actuellement sur la même longueur d'onde.

- Cigare ? proposa Lester en désignant implicitement la boîte sombre trônant sur le plateau.

Le leader Torien oublia le jus et ouvrit délicatement la boîte et croqua un des onéreux bâtonnets et jeta le résidu dans le cendrier placé à côté. Il l'alluma et en extirpa une bouffée. Délicieux.

" Préférez vous patienter encore ici ou désirez vous que je vous montre de suite votre chambre ? " demanda Lester.

Bon. Avant de partir, il fallait placer une question.

Question Deux : " Hum. Je suis curieux de savoir comment vous avez pu réussir dans le monde de l'économie ? Le travail ? La chance ? Autre ? "

La question était surtout destinée à le mettre en confiance. Qu'importe d'où venait l'argent, Lester ne s'occupait que des ponctions régulières.
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MessageSujet: Re: Hôtel Lester ou comment plumer un pigeon.   Hôtel Lester ou comment plumer un pigeon. EmptyMar 5 Avr - 1:55

Lorsque Lester lui saisit la main, Gabriel eut le début d’un sourire. Sourire qui se transforma bien vite en son habituelle moue boudeuse d’enfant contrarié dans ses plans. Il ne c’était pas attendu à ça. Il avait naïvement pensé qu’en sa qualité de Gabriel patron-plein-aux-as Gainsbourg on l’accueillerait dans cette communauté de Toriens avec tous les honneurs qui incombaient. Au lieu de ça, voilà qu’on lui servait du sourire méprisant et du enchanté hypocrite.

La vie est ainsi faite que parfois, un rien, un détail, peut changer le cours d’une histoire. La théorie du battement d’aile du papillon. Gabriel était un garçon flegmatique mais capricieux, habitué à ce que sa chère secrétaire lui obtienne rapidement ce qu’il voulait sans trop rechigner. A cet instant, il aurait pu lever non sans une certaine classe son majeure afin de le placer bien en face du visage de Lester et lui dire « garde ton sourire pour tes soirées plan cul beau gosse ». Il aurait pu remettre ses lunettes de soleil kitchissimes sur son nez et tourner les talons uniquement parce qu’il ne c’était pas attendu à cette réponse. A ce ton de réponse surtout. Il était assez immature et assez dérangé pour déclarer une guerre au sein même du clan Torien. Et il était assez influent pour y parvenir.

Mais voilà, les dieux manipulateurs qui veillaient au bon fonctionnement de cette planète en avaient décidé autrement. Peut être souhaitaient ils que la race Torienne prenne le dessus sur les êtres humains, peut être savaient ils les évènements qui attendaient ces êtres si différents et peut être estimaient ils qu’ils ne pourraient les vaincre qu’ensemble, dans l’union. Quoiqu’il en soit, une force supérieur et inconnue de tous décida à cet instant que la place de Gabriel était aux côtés de Lester, aussi fit elle arriver la solution à tous les problèmes relatifs au jeune Gainsbourg en la personne d’Abraham portant un plateau où trônaient fièrement deux grands verres de jus d’orange.

Gabriel saisit le verre que Lester c’était empressé de lui tendre, et but avec délectation une longue gorgée du délicieux nectar.

Par tous les saints, c’est dé-li-cieux.

Il en aurait gémit de plaisir s’il n’avait pas encore eut le minimum de conscience nécessaire à lui rappeler l’endroit où il se trouvait.

Le liquide délicatement acide coulait lentement dans sa gorge, y laissant un sillon froid plus qu’agréable par cette chaleur.

Gabriel ferma les yeux une demi-seconde.

Cette unique gorgée de ce qu’il appelait son péché mignon venait à elle seule de lui faire ravaler sa fierté. Il ne se formalisait plus du ton sérieux qu’avait prit la conversation. Du vouvoiement de fausse politesse de Lester. Il ne se formalisa même pas des cigares d’ailleurs, snobant leur existence. Une seule chose comptait sur terre : ce verre remplit d’une si délicieuse substance. Le jus d’orange était à Gabriel ce que l’alcool était aux alcooliques. Il venait de se transformer à la fois en un doux agneau et en même temps en un loup prêt à tout pour ce qu’il voulait. C’était la jouissance. L’orgasme. Le pied total. Et il n’avait but qu’une gorgée.

Et ce n’était que du jus d’orange.

Gabriel songea vaguement qu’il était totalement timbré, tendit qu’une autre partie de son cerveau imaginait ce que ça ferait d’avoir des relations sexuelles avec des oranges.

Il haussa un sourcil amusé et hocha la tête pour chasser sas pensées.

« Allons-y pour la chambre » ajouta t il avec un air amusé à l’encontre de Lester. « Si, bien sur, vous n’y voyez aucun inconvénient. » Prit il garde d’ajouter en conservant toutefois un certains flegme. Il voulait que le leader Torien sache parfaitement que Gabriel le considérait comme tel, qu’il ne représentait aucune menace et ne le prenait surtout pas à la légère, toutefois la nonchalance avec laquelle il agissait signifiait clairement que la soumission n’était pas dans ses cordes. Il avait compris le message, ça s’arrêtait là.

A la question sur son travail, Gabriel sourit fièrement. Lester abordait son domaine, son monde, son univers. En effet, même si il n’avait pas les compétences d’être celui qu’il était, même si Isabella était incontestablement celle qui aurait dut trôner à sa place, il considérait ce monde comme le sien. Il était un manipulateur, un illusionniste, un magicien qui évoluait dans un univers de mensonge comme un poisson dans les eaux claires d’une rivière.

Le jeune Torien laissa un petit temps de flottement avant de répondre. Il se posait sérieusement la question : version officielle ou officieuse ?

Finalement il se décida, finit son verre en quelques longues gorgée et prit la parole :

« Hm. Clairement pas le travail. Officiellement je suis un jeune géni surdoué ayant obtenu son diplôme à l’étranger et transformant tout ce qu’il touche en or. »

Il eut un sourire satisfait. Ce travail était incontestablement sa plus belle réussite.

« Officieusement, ma secrétaire est réellement très intelligente et ne compte pas ses heures. J’ai couché pour avoir mon premier poste et elle a fait le reste. Poursuivit-il, son sourire s’étirant toujours un peu plus. Alors, oui la chance sans doute. La chance de l’avoir rencontré, et de l’avoir fait dans des circonstances qui l’ont liée à moi. La chance aussi que les êtres humains soient cupides et avides de sexe, et que donc, pour une bonne baise ils soient prêt à donner n’importe quoi à n’importe qui. »

Il marqua une pause avant de rajouter négligemment « Oui, ce genre de pratiques ne sont pas réservées aux femmes, ce serait totalement sexiste, je ne vois absolument pas pourquoi un homme ne pourrait pas utiliser son corps pour la bonne cause. Il faut savoir voir ses atouts où ils sont pour atteindre les buts que l’on se fixe. »

Gabriel décida qu’il avait assez répondu à la question et qu’en dire plus n’était pas vraiment nécessaire. Il s’abstient aussi de faire un sourire charmeur ou de lancer un clin d’œil aguicheur : il avait beau se comporter comme une trainée pour obtenir ce qu’il voulait, il n’en était pas moins en train de parler travail avec le « boss suprême », et même s’il lui expliquait que le sexe et le mensonge étaient ses moyens d’ascension principaux se comporter de la sorte aurait été, à son sens, totalement déplacé. Il ne fallait quand même pas tout mélanger.

Son verre vide toujours entre les longs doigts blanc de sa main droite, il enfouit la gauche dans la poche arrière de son jean délavé et pencha la tête sur le côté pour interpréter les réactions de son hôte.
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MessageSujet: Re: Hôtel Lester ou comment plumer un pigeon.   Hôtel Lester ou comment plumer un pigeon. EmptyMar 5 Avr - 8:58

Lester retrouva son air habituel. Un mélange indéfinissable d’un noyau de sérieux et d’un masque d’infantilité.

Le Gamin a compris. Bien.

Une étoile avait comme scintillé dans le regard de son invité. Lester savait que le message était passé. Au moins, il n’aurait pas de problème de conspiration du côté de Gabriel. Quoique s’il s’avisait de lui faire trop d’ombre, il comprendrait bien vite que Lester n’arrachait pas les yeux que des humains. Et qu’un Torien pouvait en venir à supplier Herinnen.
S’il y avait bien une chose que Lester ne supportait pas, c’était les complots dont il pouvait être la cible. La place de leader est intimement liée à un équilibre instable. Damoclès chez les Toriens…
Mais du Gamin émanait toujours un sentiment apaisant, réconfortant. Une aura de loyauté qu’il n’avait pas senti depuis… Depuis jamais, en fait. Ca ne ressemblait pas à la loyauté craintive des autres Toriens que Lester s’obstinait à opprimer sans mot dire. Ni à désir chevaleresque de protéger et servir leur maître (certains Toriens étaient vraiment idiots). Lester y voyait cette amitié qui nous pousse à accepter les imperfections d’un autre et à continuer ne marcher non pas derrière mais à ses côtés.

Sa migraine resurgit de plus belle. Il imaginait un tas de moutards mettre le feu à son cerveau et danser autour en braillant. Son visage se contracta et Lester serra son cigare entre les dents. L’extrémité du cigare fut coupée net et le plus gros morceau tomba au sol. Abraham s’empressa (quoique avec son habituelle inexpressivité) de ramasser le cigare gâché et d’en proposer un autre.

Imbécile. Continue et tu pourrais aller t’épancher dans son sein.

Lester devait se faire des idées. On n’a pas idée de s’attendrir comme cela. Sûrement ce visage innocent qui accompagnait le Gamin lorsque qu’il commença à boire son jus d’orange.

Lester fur surpris de voir les traits de Gabriel se détendre lorsque il commença à boire le jus. À y réfléchir, ils s’étaient détendus dès qu’il lui avait mis le verre sous le nez.

Le leader Torien contempla donc le Gamin descendre lentement son verre, d’une gorgée. Le temps paraissait s’être dilaté. Lester afficha une mine subjuguée, les yeux grands ouverts, le nouveau cigare pendouillant aux lèvres. Perdu dans ses pensées en observant le Gamin, il s’imaginait Claire engloutir aussi vite sa bouteille de Tequila vingt ans d’âge avec sou sourire narquois.

Seul Abraham, le plateau toujours à la main, fixait le cigare de Lester, exaspéré.

- Cool… fit Lester, à mi-voix.

Et comme si l’action avait été mûrie sans un bruit, le vieux majordome, saisit d’un geste, comme lynx ninja, le cigare qui venait de tomber. Il le replaça alors délicatement entre les dents du maître de maison. Ce dernier ne remarqua même pas la scène.

Un silence termina la scène.

Lester fut remonté des méandres de son imagination (qui ressemblaient alors à une orgie mexicaine) par un pincement dans son crâne.
Il alluma le cigare et reporta son attention sur Gabriel.

« Allons-y pour la chambre. Si, bien sur, vous n’y voyez aucun inconvénient. »

Le Gamin n’esquisserait pas la moindre opposition. Parfait.

Le vieux Torien entraîna Gabriel avec lui vers l’escalier et l’écouta répondre à la question Deux dans un silence religieux, se contentant de pouffer son cigare.
Abraham était retourné à son grand nettoyage mensuel (qui allait rapidement devenir hebdomadaire au rythme des soirées du maître).

Le Gamin s’exprimait avec emphase. Lester sentait que le sujet lui tenait à cœur, était une part de lui. Une part sans laquelle Gabriel ne serait pas totalement Gabriel ou un truc comme ça pour faire de la poésie.
Ainsi, Lester emmagasina chaque information dans son esprit. Forgeant peu à peu le dossier mental : GABRIEL GAINSBOURG.
Il ne devait sa réussite à son travail personnel. Lester appréciait sa manière de voir les choses. Sa façon de se moquer de ceux qui tombaient dans le panneau.
Il s’amuse de ses combines. Tant mieux, ça permet un « travail » efficace.
Lester sourit lorsque Gabriel lui annonça que pour arriver jusqu’à son poste, ses armes avaient étés le sexe, la sournoiserie et sa secrétaire.
Merde. Pas de dîner. Chasse gardée. pensa Lester dont l’inconscient s’efforçait tant bien que mal à demeurer sérieux après la moitié de la bouteille de vodka.
Il tiqua au mot « Chance ». C’était une excellente qualité ! Lui-même avait eu beaucoup de chance. Il ( avait perdu un être cher) était né le 29 Février, (était pourchassé par une milice surarmée) avait fait fi de maintes situations critiques et (avait un traumatisme psychique incurable) était le centre d’attention de toute une communauté par exemple !
Sa migraine lui transperça le crâne. La douleur était à la limite du supportable. Les mouflets devaient maintenant plonger son cerveau dans l'acide et lui jeter des harpons. Lester fit de son mieux pour que le Gamin ne le remarque pas.

- Hum. Nous ne sommes pas si différents.

Lester lui sourit.

Pas trop mal, pensa t’-il. Le vouvoiement est peut-être une contrainte trop stricte à la longue. Bah, j’coucherais avec.

Question Trois :

Sinon, votre vision de la race humaine ne se limite pas qu’à des êtres avides ? Dites le moi franchement. Qu’en pensez-vous ?


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