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 Investigation

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Freyja Eriksson
Membre de la Section Herinnen

Freyja Eriksson

Messages : 92
Date d'inscription : 20/01/2011
Age : 37
Localisation : A Espérance... Y_Y

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MessageSujet: Investigation   Investigation EmptyLun 31 Jan - 14:44

La première chose qui vint à l’esprit de Freyja quand elle ouvrit les yeux fut : «Il fait beau.» Evidement qu’il faisait beau, on était à Espérance, que diable ! L’hiver le plus rude de cette ville devait avoisiner la canicule de Grimsey.
La jeune femme ne repoussa pas les draps, tout simplement parce qu’elle n’avait pas eu le courage de les rabattre tellement il faisait chaud, même avec ce ventilateur au plafond. Elle se contenta de regarder les pales tourner et tourner, projetant quelques courants d’air sur son visage encore légèrement endormi. La chaleur était presque accablante dans cette chambre fermée.

Freyja ne tarda cependant pas dans son lit. Elle détestait rester dans son lit à rien faire. Elle préférait agir, en ce moment plutôt que penser. La proximité de Lester la rendait nerveuse. De plus, ce matin, elle avait un rendez-vous à neuf heures avec un des médecins légistes de l’équipe pour une investigation au Jugband Blues, un petit café qui avait retenu son attention lors de sa première visite de la ville, il y avait deux jours. Il était pile en face de l’endroit où ils avaient retrouvé le cadavre de Sue Parker. Peut-être y avait-il des empreintes, des indices là-bas...
La jeune femme se leva et entra dans la salle de bain pour se déshabiller et filer droit sous le jet d’eau glaciale de la douche. D’ailleurs, elle disait ‘un’ médecin légiste mais on lui avait dit que c’était une fille, Elwyn Sweeney. Oui, la jeune recrue, une émancipée surdouée de dix-sept ans. La jeune femme s’interdit de faire le moindre préjugé et sortit de sa douche après avoir nettoyé toute la sueur de la nuit.

Vu la température extérieure, Freyja oublia tout de suite ses gants, s’en remettant à ses seuls tatouages pour se protéger des Toriens affamés qui devaient se promener en ce moment-même dans la ville, nullement inquiétés par la section Herinnen. Elle enfila un simple pantalon gris clair et une chemise blanche rentrée dans son pantalon, pour se donner tout de même un air de sérieux. Sans veste, elle oublia son holster : elle s’entendait déjà assez mal avec les autorités de la ville pour se promener avec une arme à feu ouvertement. Elle oublia également sa cravate mais vérifia si sa mallette était bien fermée et complète. Elle avait horreur de se sentir si dénudée ! Elle enfila une paire de chaussure, laissant sa chambre dans le désordre de la nuit d’une fille célibataire en voyage et descendit. La chaleur du hall sans ventilateur la saisit et elle dut attacher ses cheveux pour les dégager de sa nuque avec une pince assez grosse pour contenir sa crinière.
En sortant, elle ne put s’empêcher de se regarder dans un des grands miroirs allègrement décorés de poissons d’un mauvais goût assez peu crédible. Elle ne s’occupait pas plus que cela de son apparence, mais aujourd’hui, elle allait devoir rencontrer une de ses employées et sans doute, les employés du café où ils allaient se rendre. Ce qu’elle vit ne lui plut pas tellement : elle avait l’air d’une vacancière avec ses cheveux attachés comme ça... heureusement que ses vêtements et sa mallette la rendait un peu plus austère. Puis, regardant sa montre, elle décida de se dépêcher et hâta le pas pour rejoindre le lieu de rendez-vous : devant le café.
Tous les membres de la section Herinnen habitaient dans le même hôtel, mais elle n’avait pas voulu qu’on la voit avec une jeune fille : elle savait que Lester l’avait rapidement désignée à tous les Toriens d’Espérence et elle voulait éviter à une jeune fille les ennuis qu’elle avait elle-même rencontré.

Dans sa hâte, Freyja était même arrivée un peu en avance, un tout petit peu de cinq minutes. Le café semblait ouvert depuis très peu de temps, mais déjà, un jeune homme se trouvait à l’intérieur. Le café devait donc êtres très bien côté. Intéressant. La directrice ne le regarda pas de plus prêt : elle aurait tout le temps quand elles seraient à l’intérieur. En attendant, sa marche l’avait un peu rafraîchie, mais la chaleur la rattrapa bien vite et elle n’avait qu’une seule envie : entrer, se mettre à l’ombre et retrouver des ventilateurs ou la clim qui se trouvaient sans doute à l’intérieur.

Mais le médecin ne traîna pas et elle arriva à l’heure, avec une seule minute de retard. Freyja s’était bien sûr attendue à une jeune personne, mais pas autant ! La jeune fille qui se présentait à elle n’avait même pas les oreilles percées et semblait si innocente et pleine de vie, ses écouteurs sur les oreilles et la mallette contenant son matériel semblait... aussi absurde qu’une fusée dans un western ! Mais la jeune femme se frappa mentalement : elle savait très bien qu’il ne fallait pas se méfier des apparences : elle-même avait accédé à son poste plutôt jeune. De plus, elle avait demandé les médecins légistes et pour être embauchée en tant que médecin légiste à Herinnen, elle devait vraiment être excellente !
Freyja vint au-devant d’elle et lui tendit la main. Peut-être était-ce dans les usages des plus jeunes de se faire la bise, mais elle restait son patron. Elle lui fit une poignée de main, légère mais ferme, le genre de poignée de main qui attirait la confiance des hommes en général.

- Bonjour, mademoiselle Sweeney, contente de vous rencontrer. Je pense que vous savez pourquoi nous sommes là, alors je vous propose d’entrer tout de suite, il fait chaud comme l’enfer à l’intérieur.

C’était un peu rapide, soit, mais elle était sûre qu’Elwyn (elle appelait souvent les gens par leur prénom en pensée, même si elle l’utilisait rarement) était dans le même supplice qu’elle. La jeune femme essuya avec son mouchoir en tissu la sueur qui commençait à nouveau à couler de son front et poussa la porte d’entrée. Il y avait soit des ventilos, mais elle se demandait depuis quand ils avaient été changés : ils semblaient avoir vécu la guerre. (ndla : hooooooou la vieille qui comprend rien au vintageuuuh ! ^^). Le vent qu’ils lui apportèrent lui fit un peu de bien et elle décida de passer sur la décoration plus qu’étrange du lieu. Décidément, elle ne comprenait rien aux Australiens !
Avant même de s’intéresser au client, elle plongea la main dans une de ses poches et en sortie son badge de la police, orné d’un beau ‘H’ en argent. Elle avait, en effet, remarqué le jeune serveuse qui sembler être encore en train d’ouvrir le magasin. Elle la salua d’un signe de tête et lui tendit son badge ouvert :

- Bonjour, mademoiselle, ici la section Herinnen, on voudrait vous poser quelques questions, attaqua-t-elle directement avec sa voix légèrement sèche et austère.Décidément, elle avait du mal avec la communication...On voudrait aussi, reprit-t-elle, relever quelques empreintes... Dîtes-moi... vous ne lavez pas très souvent ici, les empreintes doivent durer, non ?

Elle s’occuperait du jeune client plus tard, elle avait à peine eut de temps de l’observer, mais il n’échapperait pas non plus à ses questions. Officiellement, c’était elle qui avait l’autorité en ce moment-même. Elle se reporta à la jeune serveuse qui semblait légèrement intriguée par tout ce qui se passait. Elle était plutôt bronzée, les Toriens devaient la lorgner depuis un petit bout de temps. Elle espérait juste ne pas avoir à contempler son cadavre dépecé un jour : elle semblait simple et sympathique avec son étrange bonnet par une telle chaleur et à l’intérieur. Freyja s’autorisa à lui faire un petit sourire en attente des réponses de la jeune femme.
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Elwyn Sweeney
Membre de la Section Herinnen

Elwyn Sweeney

Messages : 61
Date d'inscription : 27/01/2011

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MessageSujet: Re: Investigation   Investigation EmptyLun 31 Jan - 16:06

_ Faites place, laissez-moi passer. Faites plaaaace…MAIS DÉGAGEZ BON SANG ! S’écria Elwyn comme une furie.
A peine sortie de l’avion, un seul objectif. Le lieu du crime ? Le corps de la victime ? Une rencontre avec les responsables locaux ? Non. Les toilettes.
_ Beurk…c’est écœurant… Râla Elwyn avant de relever sa tête de la cuvette des toilettes.
Si au départ il y avait d'autres femmes dans les toilettes, elles étaient toutes reparties aussitôt. On avait beau être « le petit génie du siècle » [Times Square Magazine], quand on est malade comme un chien en avion rien n’y fait. Mais ça, elle s’y était attendue.

Enfin, maintenant qu’elle était sur place, elle n’allait pas chômer. Elle s’était préalablement procurée les résultats précis de l’autopsie des corps des trois victimes. Elle n’était pas à Herinnen depuis bien longtemps, mais elle avait déjà vu un corps « mangé » par un Torrien, le mode opératoire était bien le même. Sur ces photos elle avait d'ailleurs pût constater que le Torrien responsable avait fait un travail très « propre ». On peut toujours dénicher quelques traits de caractères d’une criminel selon la façon dont il agit, c’était là l’un des « jeux » préférés d’Elwyn.
L’un des victimes n’était pas plus âgée qu’elle.
Elwyn soupira.
Elle se demandait s’ils avaient déjà enterré le corps, elle préférait voir les choses par elle-même, mais son petit doigt lui disait qu’elle en verrait d’autre des corps proprement dépecés. Enfin, elle détestait l’utilisation qu’on faisait d’elle. Venir pour « constater » et dire qu’il n’y a plus rien à faire. Au vu du mode opératoire, c’était du Torrien tout craché. Et elle avait ouïe dire que la Patronne avait déjà une idée du coupable. A ce stade là, ça ne relevait plus de ses fonctions.
_ Et s'ils étaient plusieurs ? Avait rétorqué son supérieur de section quand elle lui avait confié ses pensées.
Pas bête. Là elle servirait à quelque chose. Différencier les criminels selon la façon dont ils tuent, ça pourrait être un boulot pour elle.
_ Et attends-toi à être polyvalente.
Ça voulait dire quoi ça ? Si un des membres est sur le point de clamser, elle devait mettre sa casquette de médecin généraliste, voire d'urgentiste ? Quelle plaie !
Diable ! Pourquoi était-elle venue ici déjà ?
_ Réveille-toi gamine ! Regarde la vue sur la mer qu’on a depuis la chambre !
Elle sortit violemment de sa rêverie.
Mais bien sûr ! La mer ! C’était en partie pour cela qu’elle était venue. Et dire que depuis leur arrivée elle n’avait pensé qu’au travail. Elle était toujours aussi incorrigible quand il s’agissait d’un travail plutôt intéressant. Et venir en Australie, c’était la grande aventure.
Elle s'en souvint, elle partageait une chambre avec une de ses collègues.

_ T’as rendez-vous avez la Patronne oublie pas. Il est tout juste huit heures, tu as le temps.

Elle se redressa et se maudit d’être réveillée. Pourquoi ? Parce qu’à présent elle était obligée de constater la chaleur étouffante qu’il faisait. Et il était tout juste huit heures ? Quelle blague ! Elle aurait préféré aller à la mer…quoi que. Faire avancer l’enquête l’intéressait bien plus.
Elle ouvrit son placard et resta dubitative devant le choix de vêtement. Elle se souvint avoir acheté tout un tas de vêtements locaux sur le chemin de l’hôtel et fût agréablement surprise de les retrouver là.

Ponctuelle. Ponctuelle. Il fallait se montrer professionnel un minimum. Même si elle n’était pas dans l’esprit avec ces paysages paradisiaques cette chaleur tropicale et l’odeur légère et salée de la mer qui lui parvenait en même temps que le vent. Il fallait qu’elle se mette dans le bain (non pas la plage !) du travail et qu’elle se montre sérieuse. Après tout, ça ne rigolait plus maintenant qu'Herrinen était sur place, arriver à l’heure c'est le minimum syndical. Et puis…c’était la Patronne tout de même. Ça aurait été un de ses collègues, elle aurait été plus tranquille…mais la patronne…

Cette dernière montra une expression surprise qui ne dura pas plus d’une demi-seconde. Elwyn ne lui en tint pas rigueur. Après tout son jeune âge en étonnait plus d’un…ajoutez à cela un débardeur à fleur blanc et jaune de très mauvais goût avec écrit « Surf is LIFE » dessus, un bermuda brun, une paire de claquette ornée d’hibiscus roses et vous obtiendrez le stéréotype de l’adolescent de base habillé purement Australien. Elle portait également une visière, avait attaché ses cheveux en arrière et portait ses traditionnels écouteurs qu’elle rabattit à son cou à l’approche de la Patronne, aujourd’hui, c’était les noirs qu’elle portait. Jusque là elle avait tout d’une fille banale, jusqu’à ce qu’on aperçoive la, si réputée, sombre mallette noire qu’elle semblait porter difficilement à la main gauche. Elle n’a jamais été très sportive, et elle bénissait sa patronne d’avoir choisi un lieu de rendez-vous pas trop éloigné de l’hôtel.

La Patronne lui serra la main, nul besoin de longues présentations.
_ Madame. Répondit simplement très respectueusement Elwyn avant de la suivre à l’intérieur.
On ne tergiverse pas, on prend le taureau par les cornes. D’un certain point de vue, cela plaisait beaucoup à Elwyn, elle se montre souvent très impatiente et déteste quand les choses trainent en longueur.
Elwyn suait comme jamais encore elle n’avait sué. Mais elle se réconfortait en se disant qu’après cela ce serait sans transition le passage à la case : PLAGE !
Enfin, elle avait également amené son matériel pour faire les prélèvements. C’était un boulot qui l’amusait assez, encore le côté « enfantin » qui s’exprimait…

La Patronne s’adressa d’emblée à la serveuse. On a beau être « l’enfant surdoué destiné à atteindre l’excellence ! » [Gorb’s S. Reader] quand on voit quelqu’un tel que Freyja agir, on ne peut s’empêche de penser « Quelle classe ! Comme dans les films ! »
…A moins que ce genre de réaction ne soient propre a Elwyn ? Allez savoir.


Une fois que la Patronne eût parlé, Elwyn ajouta à sa suite.

_ Nous devons aussi analyser tous les objets qui sont susceptibles d'avoir été en contact avec Mademoiselle Parker.

Cela convenait à merveille à Elwyn. Elle s’occuperait de relever les empreintes et de recueillir toutes les informations disponibles sur le terrain, et la Patronne pomperait des infos à la serveuse. Ça semblait trop beau et trop bien organisé. Tout était parfait…peut être même trop ? Inquiétant non ?
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Marla Simmons
Habitant

Marla Simmons

Messages : 89
Date d'inscription : 23/01/2011

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MessageSujet: Re: Investigation   Investigation EmptyMar 1 Fév - 3:50

    Cela devait faire à peine plus de trente-six heures que Sue était morte. Rien que d'y penser, Marla frémit, tout en revêtant l'habituel tablier du Jugband Blues Café. Les souvenirs des fous rires que les deux jeunes filles avaient en se regardant dans la glace avec cet uniforme absolument laid — du moins pour elles, peut-être Kyle lui trouvait-il un certain charme, qui pour l'instant, restait un mystère pour tous — revinrent hanter la serveuse. Sue n'était sans doute pas la meilleure personne au monde, elle avait ses défauts, et il étaient nombreux, mais elle ne méritait vraiment pas de mourir de cette façon. Dépecée. Pas un centimètre de peau ne subsistait sur son cadavre. Même pour Marla, qui avait le cœur bien accroché, la vue de cette silhouette si familière à la chair à vif tenait vraiment du film d'horreur. Il s'en était fallu de peu pour qu'elle évite d'étaler sur le sable l'ensemble de son petit déjeuner à peine ingurgité. Eh puis merde, quoi… Pauvre Sue. Elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer la douleur qu'elle avait dû ressentir lorsque ce connard lui avait arraché toute la peau. Et même là, Marla se faisait la réflexion qu'elle était bien loin de pouvoir se figurer ce que Sue avait vécu…

    La jeune fille fut tirée de ses pensées par la voix de Kyle qui accueillait un client sur un air enjoué. Marla jeta un bref coup d'œil à l'horloge qui était fixée en haut du mur opposé. A peine plus de neuf heures. Celui était matinal, dis donc. D'habitude, ils avaient rarement des tables occupées avant dix heures, voire dix heures et demi. Enfin bref, elle n'avait pas le temps de penser à ça. En cette période de fin janvier, les touristes se faisaient de plus en plus nombreux à Esperance, attirés par la plage comme des insectes par la lumière bleutée d'un néon. Alors sur le tas, il devait bien y en avoir un qui se levait plus tôt que la majorité et voulait se taper un muffin à neuf heures.
    Marla se précipita à la rencontre du client. Elle dissimula difficilement sa surprise en se retrouvant face à un jeune homme à l'allure étonnante, et surtout, plus que son physique, c'est le fait qu'elle ne l'ait jamais vu auparavant qui la marqua. Et si c'était lui qui… Elle se ressaisit. "Tu commences à devenir parano, ma vieille, se dit-elle, faut qu'tu t'soignes…". Si elle se mettait à prendre chaque nouveau venu pour un… comment disaient-ils déjà à la télé ? Toriens, si elle se souvenait bien. Marla restait dubitative à ce propos : des barges qui sucent la peau comme un gros aspirateur avale la poussière. Difficilement crédible. A vrai dire la jeune femme avait toujours eu du mal à gober les histoires mettant en scène des créatures fantastiques. Encore, quand il s'agit d'un conte de fées ou d'une nouvelle — soi-disant terrifiante —, ça se comprenait, mais là, le fait de pouvoir se retrouver nez à nez avec ces… Toriens, paraissait encore moins crédible. Ce qui était crédible, c'était qu'il y avait à Esperance un malade qui s'amusait à dépecer des jeunes. Et bronzés en plus.
    Cette dernière phrase fit frémir Marla. Question bronzage, elle s'en sortait plutôt bien, alors il fallait qu'elle fasse gaffe… De nouveau, la jeune femme chassa rapidement ces pensées de son esprit. "Reviens sur terre, grosse fiente, t'as du boulot qui t'attend !" s'adressa-t-elle mentalement. Elle se força à adresser un bref sourire au jeune homme qui lui faisait face, et que vraisemblablement, elle avait fait attendre une minute pendant qu'elle s'était mise sur pause pour laisser vagabonder ses pensées. Elle se rabroua. Le client avait sûrement dû être étonné d'être autant dévisagé. Marla esquissa une excuse maladroite :

    «Désolée, j'étais perdue dans mes pensées. Pendant une minute j'ai cru que je vous connaissais, mais visiblement non…»

    Elle tourna les talons et saisit la carte du café sur un chariot chargé de vaisselle.

    «Asseyez-vous où vous voulez, on est encore vide.» Elle s'interrompit le temps de laisser au jeune homme le choix de sa table. Puis elle enchaîna sur le ton le plus nonchalant possible, histoire de détendre l'atmosphère :

    «Vous êtes nouveau dans le coin ? Il me semble bien que j'vous ai jamais croisé à Esperance…»

    Marla fut interrompue par la sonnette de l'entrée qui indiquait que de nouveaux clients entraient. Elle posa la carte en face du jeune homme en s'excusant et sans attendre sa réponse, elle se dirigea vers la porte. Elle essuya rapidement ses mains moites sur son tablier, et rajustant son bonnet sur ses oreilles, elle prononça presque mécaniquement :

    «Bienvenue au Jugband Blues Café ! En quoi est-ce que je peux vous utile ?»

    Pour la deuxième fois en une matinée, Marla fut surprise des nouveaux arrivants. Le cirque débarquait en ville, ou quoi ? A moins que tous se soient donnés le mot pour venir la déranger dans sa — il fallait bien le dire — paisible monotonie. Il y avait une grande aux cheveux blond platine, l'air assez coincé, et une gamine rousse qui semblait elle aussi étonnée de la déco du café. Elles sortaient que quel trou pommé pour pas savoir ce que c'était le vintage ? Les suppositions de Marla s'avérèrent justifiées lorsque la femme répondit d'un ton plutôt sec :

    «Bonjour, mademoiselle, ici la section Herinnen, on voudrait vous poser quelques questions… On voudrait aussi relever quelques empreintes... Dîtes-moi... vous ne lavez pas très souvent ici, les empreintes doivent durer, non ?
    - Nous devons aussi analyser tous les objets qui sont susceptibles d'avoir été en contact avec Mademoiselle Parker.» enchaîna la rouquine.

    Ça c'était la meilleure. En plus d'être sorties d'un bled à mémère où le vintage n'existait visiblement pas, elles étaient flics… Marla esquissa une moue ennuyée et rétorqua d'un ton presque affligé :

    «Eh bien désolée de vous décevoir, mais vous ne trouverez pas plus propre que le Jugband Blues. Ce que vous prenez pour de la saleté, ça s'appelle le vintage. Vous pensez tout de même pas qu'on va laisser les tables crades pour nos clients…»

    Marla fit une pause. Son regard se dirigea immédiatement vers Kyle, qui s'affairait derrière le comptoir à préparer la commande du jeune homme. Pas de secours de ce côté-là. Elle allait visiblement devoir répondre elle-même aux questions. La serveuse soupira et tourna les talons en indiquant d'un signe de la main aux deux nouvelles venues de la suivre. Elle passa derrière le comptoir, saisit en bout de bras le tablier de Sue, et le tendit à la femme blonde :

    «Comme vous devez le savoir, Sue était serveuse ici. Voilà tout ce qu'on a d'elle : son tablier. Si vous voulez des empreintes, j'peux vous le donner, mais je doute qu'il y ait quelque chose d'intéressant dessus…»

    Puis elle posa le tablier sur une table proche, et s'asseyant à côté, elle croisa les bras avant d'ajouter :

    «Ah au fait, je vous sers quelque chose ?»

    Ça détendrait l'atmosphère de leur faire ingurgiter un brownie à ces deux-là. Enfin Marla espérait...
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Gabriel Gainsbourg
Torien

Gabriel Gainsbourg

Messages : 47
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MessageSujet: Re: Investigation   Investigation EmptyMar 1 Fév - 5:29

Vêtu d’un jean délavé, de bottes en cuir noir, et d’un débardeur à rayures blanches et bleus, Gabriel marchait dans les rues déjà ensoleillées d’Esperance, un air d’amoureux transi sur le visage.
« J’adooooooooooore cette ville… » dit-il à voix haute en matant derrière ses lunettes de soleil aux verres oranges les bras bronzés et musclés d’un groupe de jeunes se dirigeant vers la plage.
« Patron, vous bavez. »
Le jeune Torien aux cheveux rouges sursauta violement et se retourna vers sa secrétaire, une expression de colère tordant les traits de son visage :
« Isabella, murmura-t-il d’un ton froid qui présageait le pire, n’avais-je pas dis ‘tu restes à la maison’ ?… »
« C’est tout à fait juste patron mais »
Le dit ‘patron’ la coupa en hurlant furieusement « TU TROUVES QUE C’EST LA MAISON ICI ?!! »
« Non, évidement. » Le visage de la jeune femme n’affichait aucuns sentiments.
« Dans ce cas, psssht » fit Gabriel d’un air dédaigneux en chassant sa secrétaire d’un geste de la main. « On va finir par croire que je suis marié, et hétéro par la même occasion, si on me voit avec toi ! »
« Vous aviez juste oublié ceci. » Elle glissa dans la poche de son jean un téléphone portable. « Ca peut toujours servir avec Herinnen en ville… » Puis elle tourna les talons sans un mot de plus.


« Ca peut toujours servir avec Herinnen en ville… » Répéta puérilement son patron en faisant la grimace.
Il soupira longuement. Cela faisait plusieurs jours qu’ils c’étaient installés ici, et qu’il trouvait que la vie était absolument merveilleuse, mais hier, Lester les avait convoqué pour leur annoncer que « Freyja était ici » et avec elle, toute sa clique de maniaques en costards. Gabriel ne s’en inquiétait pas vraiment, car il était loin d’être le Torien le plus agressif présent en ville, et il se doutait bien qu’il n’était pas le principal souci d’Herinnen. Mais Isabella, elle, était devenue insupportable et excessivement paranoïaque à cette nouvelle.


Gabriel se dirigea machinalement vers le Jugband Blues Café, trop occupé à se plaindre mentalement pour réfléchir à l’endroit où il allait. L’ambiance vintage lui arracha un sourire ravi. Au moins, il ne ferait pas trop tache avec son jean et ses bottes noires. Ou en tout cas un tout petit peu moins qu’à l’extérieur. S’il avait réalisé où il se trouvait, il aurait fait demi tour vite fait bien fait, mais Gabriel était loin d’être une personne réfléchie et posée, et regarder le nom d’un café avant d’entrer à l’intérieur ne faisait pas partie de ses habitudes. Il ne jugeait pas ce genre de commerce à leur nom mais à la qualité de leur nourriture, et Dieu sait qu’il était exigeant en la matière.

Le café venait tout juste d’ouvrir, et pour l’heure, il était désert. Celui qui semblait être le patron des lieux le salua d’un air enjoué auquel Gabriel répondit par un grand sourire. Alors qu’il allait ouvrir la bouche pour parler, la jeune serveuse, qu’il n’avait tout d’abord pas remarquée, apparue dans son champ de vision. Il s’attendait à ce qu’elle le guide vers une table et lui serve quelque chose à boire mais ce ne fut pas le cas. La jeune fille le fixait sans rien dire et Gabriel se passa la main dans les cheveux, mal à l’aise. Il se racla la gorge pour essayer de la faire revenir à elle mais cela n’eut aucun effet. « Allons donc ! Il fallait que je tombe sur une illuminée de bon matin… Je suis trop beau ou quoi ? Seigneur Marie Joseph venez moi en aide, je veux juste un fucking jus d’orange, c’est trop demander ? »
Comme si le ciel avait entendu ses suppliques, la serveuse revient à elle. Gabriel songea vaguement que si le jus d’orange était bon, il irait à la messe dimanche prochain.

Il ne prit tout d’abord pas la peine de répondre à la jeune fille et se contenta de s’assoir à une table au hasard. Il voulut tendre la main pour saisir la carte, mais il se ravisa comme elle semblait décidée à faire la causette.

«Vous êtes nouveau dans le coin ? Il me semble bien que j'vous ai jamais croisé à Esperance… »

Alors qu’il ouvrit la bouche pour répondre, la porte s’ouvrit et la fille s’en alla en s’excusant. Gabriel grogna. Il soupçonna un complot interplanétaire pour l’empêcher de parler et il entendit Isabella dire dans sa tête « Vous n’exagéreriez pas un chouia patron ? ». Il se donna une claque mentale « bordel si elle te harcèle jusque dans tes pensées t’es pas dans la merde mon vieux ! » Il ajouta à voix haute à l’intention de la carte, d'un ton légérement consterné :
« Je deviens barjo, je me parle dans ma tête… » Après un petit silence il marmonna « remarque c’est peut être mieux que de parler à une carte… »

Il fit la moue puis releva ses lunettes sur le haut de son crâne pour y voir plus clair, posa son menton dans la paume de sa main et étira ses jambes. Les gros ventilateurs qui brassaient l’air de la pièce lui faisaient le plus grand bien. Pour dire vrai, à l’extérieur, il mourrait de chaud. Il grimaça en s’imaginant avec un short à fleur et des claquettes. En fait, il serait sans doute encore moins discret qu’actuellement s’il se mettait à porter des shorts. Sa peau blanche attirerait les regards, et on aurait tôt fait de remarquer qu’il ne bronzait pratiquement pas. Lorsqu’il avait dit ceci à Isabella qui voulait le forcer à se « fondre dans la masse » elle lui avait répondu que ce n’était qu’une excuse pour jouer les anticonformistes puisqu’il ne se gênait pas pour laisser voir ses bras, qui étaient avouons le, tout aussi blancs que ses jambes.


Gabriel commanda un jus d’orange et une part de tarte aux fraises au patron, puis il regarda du coin de l’œil la serveuse accueillir les nouveaux clients. « Cuite à point » plaisanta-t-il intérieurement. [oui il se fait des blagues tout seul tellement il a pas d’amis Y_Y] Sa peau délicatement bronzée aurait mis l’eau à la bouche de tout Torien digne de ce nom. Elle avait l’air d’être absolument délicieuse et Gabriel ferma les yeux en imaginant le goût que devait avoir sa peau. Ca se marierait sans doute merveilleusement bien avec un jus de fruit. Il soupira de frustration.

Lorsque l’une des deux nouvelles clientes parla, le Torien rouvrit de grands yeux choqués tout en manquant de s’étouffer avec sa salive. Il camoufla du mieux qu’il pu sa toux qui n’était pour ainsi dire pas très discrète, et se fit de l’air avec la carte, à laquelle il n’avait d’ailleurs même pas jeté un œil.
« Herinnen ! Bordel ils passent pas inaperçus les cons ! Punaise je suis dans la merde ! » Il fixait le bout de ses chaussures comme si c’était la chose la plus passionnante au monde, mais la curiosité l’emporta et lorsque la serveuse leur répondit d’un ton légèrement affligé, il ne put s’empêcher de tourner la tête vers elles. Une petite rousse « plutôt mignonne, un peu plus cuite on en mangerait bien » se tenait aux côtés d’une femme que Gabriel identifia aussitôt « Freyja ! » Sa bouche forma un O silencieux. « Pourquoi moi ? Je voulais juste prendre mon petit déj’ tranquillement… »
Instinctivement, il toucha son téléphone dans sa poche puis changea d’avis. Il ne se rendit même pas compte qu’il fixait Freyja sans bouger depuis un bon moment.

Il regarda le manège des trois femmes, passionné. Aux paroles de la jeune fille « la mieux cuite », Gabriel concerta tous ses neurones « Sue… réfléchis ! Réfléchis ! Où est ce que tu as entendu ce nom ? Sue… » Les paroles de Lester la veille lui revinrent en mémoire « Freyja est ici. Visiblement, l’affaire Sue a portée ses fruits et elle et sa bande ont enfin réagi. Je ne peux que vous recommander la plus grande prudence. » Puis Claire lui avait dit avant qu’il ne s’en aille « Concernant les lieux que la petite Sue a fréquentés avant sa mort… Evite les okay ? Idiot comme t’es tu te ferais choper par Herinnen vite fait bien fait, et je veux pas ta mort sur la conscience. » Sur le coup, il avait plaisanté, il avait répondu « ça te dérange pas pourtant d’habitude les morts », mais maintenant, ses pensées se résumaient à 5 mots qui passaient en boucle dans son crane :

« Je. Suis. Dans. La. Merde. »
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Freyja Eriksson
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Freyja Eriksson

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MessageSujet: Re: Investigation   Investigation EmptyMer 2 Fév - 5:37

Freyja commença par analyser tout de suite la jeune femme, la serveuse. Elle semblait être une fille simple, sans histoire, mais le fait qu’elle soit plutôt bronzée et sans cesse en contact avec des clients pourrait l’aider, il y avait de fortes chances que de nombreux Toriens fréquentent son café. Café qui plus est, avait déjà compté une victime. La directrice loucha sur le petit cadre de papier accroché à son tablier et qui indiquait son prénom : Marla. Très bien, pensa-t-elle, Marla, à nous deux...
Elle leur apporta gentiment le tablier de la victime, Sue Parker. Ainsi donc, elle travaillait bien ici... Elle ne se serait pas attendue à avoir tant de questions à poser, mais il semblerait bien qu’elle soit bien plus utile ici qu’elle ne le pensait. Freyja n’osa pas toucher le tablier marron du goût très spécial des Australiens, de peur de fausser les empreintes. Elle fit un pas sur le côté pour laisser Elwyn se saisir du tissu et faire ce qu’elle pouvait avec. Même si la jeune fille était arrivée habillée façon touriste australienne (allez savoir, ça devait sans doute l’aider à se fondre dans la masse, elle avait remarqué qu’il y avait quelques autres rousses parmi la population d’Espérance et elles étaient très blanches aussi...), elle avait tout de même apporté tout son matériel. Elle préféra ne pas deviner ce que les autres pensaient.

La directrice se tourna à nouveau vers la serveuse. Elle avait l’habitude de se fritter avec tout le monde depuis qu’elle avait entendu parler de la présence de lester ici, mis à part avec Mikaels. Les autorités locales étaient infernales et il fallait croire que les australiens (à moins que ça ne soit les anglais en général) avaient des penchants très étranges que, du haut de son statut d’Islandaise, elle avait du mal à comprendre. Ceci dit, elle se dit qu’elle aurait bien vu la jeune femme dans l’un des vastes manoirs de Grimsey. Cependant, elle préféra ne pas faire de répliques cuisantes : elle devrait interroger la jeune femme et c’était déjà très mal parti. Peut-être demanderait-elle à parler au patron un peu plus tard, s’il n’avait pas entendu les compliments qu’elle avait faits sur la décoration du café.

- Mademoiselle Sweeney ne prendra pas le tablier longtemps. De plus, je pense que la police locale est déjà passée ici... Enfin, je l’espère...

Présentations vite faites, explications et surtout, révélation : elle n’était pas particulièrement en bons termes avec la police d’Espérance. Dès fois, ça lui attirait les bonnes grâces d’anciens tolards ou de personnes en désaccord avec la police. Sinon, elle aurait évité d’en parler.
Après quelques explications sur Sue et son travail ici, la serveuse leur proposa de prendre quelque chose. Bonne démarche publicitaire, pensa-t-elle. Elle y réfléchit vraiment : si elle devenait une cliente du café, peut-être aurait-elle les bonnes grâces de cette serveuse, de plus, elle pourrait s’asseoir et rester plus longtemps à regarder les alentours, notamment pour regarder de plus près ce client...

- Volontiers, fit-elle avec un léger sourire toujours assez froid, je prendrais un cappucino. Mademoiselle Sweeney, quand vous aurez fini, vous pouvez vous commander un petit- déjeuner, c’est moi qui paie, fit-elle.

Après tout, pourquoi pas ? Si elles pouvaient être vues comme des potentielles clientes, peut-être que les questions passeraient mieux... Parce que Freyja n’était jamais très délicate quand elle faisait les interrogations...

- Je vais m’asseoir, déclara-t-elle à la vendeuse et, quand vous aurez fini de servir vos clients, j’aimerais vous poser quelques questions, si vous êtes d’accord.

De toutes manières, pensa-t-elle, si vous refusez de répondre aux questions d’un agent de la police et que ces questions étaient en rapport avec une affaire aussi graves, vous auriez à y répondre au commissariat aux mains de la police d’Espérance. Et ce sera mauvais pour nous deux.
Après un autre sourire, Freyja s’effaça et choisit la table où Elwyn relevait ses premières empreintes, en faisant bien attention à ne rien effleurer pour ne pas tout fausser. Elle avait choisit cette table car elle était à côté de celle où le seul client matinal de ce café était installé.

Il fallait qu’elle l’observe le plus discrètement possible. Le fait qu’il ne puisse voir que son cache-oeil avait à la fois des avantages et des inconvénients : déjà, son champ visuel était réduit et elle dut tourner légèrement la tête, prétextant d’attendre Marla (elle l’appelait ainsi dans sa tête, mais elle ne comptait pas démordre de son habituel ‘mademoiselle’). Mais il lui permettait plusieurs choses : la plupart des gens commencent par dévisager cette plage noire qui s’étend devant sa cicatrice, elle le savait, mais ils finissent, en général, par détourner rapidement le regard, sans doute par dégoût ou par pudeur, un peu comme quand on regardait les personnes en chaise roulante. Freyja se sentait tout le temps dévisagée et cela l’énervait au plus haut point. Mais cela lui permettait également de le regarder sans être vue.
Le client semblait assez jeune, mais sa nonchalance indiquait une certaine confiance en soi, même si, pour l’instant, il ne semblait pas spécialement fier d’être là, peu importaient les raisons. Si Lester l’avait prévenu, peut-être aurait-il commencé par se moquer d’elle ouvertement. Beaucoup de Toriens sont des personnes tout bonnement insupportables avec les êtres humains. Mais il ne fallait pas écarter cette piste. Pourquoi ? Parce qu’il tenait sa carte et elle pouvait voir clairement, avec un oeil plutôt exercé qu’il n’habitait pas ici : il était trop pâle et pourtant, il ne semblait pas avoir une peau de roux. N’importe quel touriste irait à Espérance dans le but de se faire bronzer. Et un touriste n’irait pas aussi tôt dans un café tout seul. Il faudrait qu’elle l’observe du coin de l’oeil quand elle prononcerait le mot ‘Torien’, c’était souvent là, qu’elle pouvait déterminer s’ils en étaient un ou non. Par leur frisson de plaisir et de fierté ou par le sentiment de culpabilité, tout dépendait de leur âge. Mais la jeune femme passa.

Elle revint à Elwyn qui était penchée sur son ouvrage, les gants aux mains. C’était une vision plutôt singulière, de voir cette jeune fille manipuler avec autant d’expérience du matériel aussi spécifique. De plus... c’était étrange à penser, mais... elle semblait... adorer ce qu’elle faisait. C’était ça, la clé, sans aucun doute. Quand on veut réussir autant et que, de plus, on est surdoué, pas la peine de vous faire un dessein : on a de bons postes. D’ailleurs, elle se demandait pourquoi elle était entrée à Herinnen, une organisation très peu connue, et pour cause ! Alors qu’elle aurait pu demander des postes bien plus prestigieux... pour faire ses premières armes, peut-être. Il fallait avouer qu’elle était plutôt bien tombée : l’affaire était sordide, mais on lui avait payé un billet dans un jet privé pour qu’elle arrive de toute urgence dans une petite ville ensoleillée comme premier stage de vacances. Beaucoup de stagiaires auraient adoré avoir cette opportunité. Mais Freyja avait besoin des meilleurs, de l'élite, Lester était un très vieux Torien et il se ferait un plaisir de la titiller avant de disparaître complètement. Mais cette fois-ci, elle ne le suivrait pas partout : elle le tuerait ici, à Espérance et le plus tôt possible ! Ce jeu de cache-cache devait se finir le plus vite possible. Sinon, elle finirait complètement aveugle et elle pourrait dire adieu à son poste, la dernière chose qui la rattachait encore à son père.
Elle n’ouvrit pas la bouche et ne dit rien, ni à Elwyn, ni à son voisin de table qui était en train de recevoir son jus d’orange tant attendu par un autre serveur (mais à bien réfléchir, il devait plutôt être le propriétaire du café à la manière dont il se déplaçait à l’intérieur).

Les ventilateurs la rafraîchirent un peu, mais elle ne lâcha pas ses cheveux : Marla devait avoir déjà pu observer de tout son saoul le cache-oeil. Au moins, elle n’avait pas sursauté ni baissé les yeux quand elle lui avait fait face. C’était déjà un bon point. Freyja était devenue maître dans l’intimidation de personnes et les interrogatoires marchaient souvent parce qu’elle imposait le respect, mais elle avait horreur de jouer avec cette cicatrice immonde qui la défigurait. La jeune femme retira ses lunettes et les essuya sur la chemise en attendant la serveuse, pour combler le temps. Elle avait déjà une petite idée des questions qu’elle allait lui poser, ce qui lui ferait gagner un temps considérable.

Puis, elle eut une idée. Elle posa sa mallette le plus doucement possible sur la table et l’ouvrit. Elle n’essaya même pas de cacher ce qu’il y avait à l’intérieur et ouvrit le double-fond pour en sortir un petit appareil noir qui ressemblait aux premiers téléphones portables. Il était grandement temps qu’Herinnen se dote d’appareil de la dernière technologie. Elle rangea sa valise et posa l’appareil noir sur la table, bien en évidence en face d’elle sans expliquer ce que c’était. Ça ne concernait que Marla et elle désormais.

Quand Elwyn releva légèrement la tête, elle en profita pour lui glisser quelques mots dans un murmure :

- Il faudrait quand même que vous preniez les empreintes sur cette table par exemple, je n’y ai pas touché, vous pourriez peut-être trouver des empreintes intéressantes.
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Elwyn Sweeney
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MessageSujet: Re: Investigation   Investigation EmptyMer 2 Fév - 7:46

Petit doigt lui disait que la serveuse n’était certainement pas une de ces êtres étranges nommés Torrien. Bon, certes le bronzage aidait aussi…En tout cas, leur venue semblait l’irriter. Après tout c’était peut être compréhensible, voir débarquer les flics et se faire interroger de bon matin, ce n’était pas des plus agréables. Bien qu’à son humble avis, il n’y a pas d’heure pour se faire interroger par la police, dans tous les cas c’est désagréable.

Elwyn tiqua à l’entente de la propreté de l’établissement. Bien que cela devrait être au contraire, quelque chose de bien. Enfin, elle ne serait pas à court de boulot, étant de paire avec la Patronne à deux on a beaucoup plus de travail à faire et la spécialisation importe peu.
Enfin son horizon s’éclaira, dès que Marla parla du tablier, Elwyn sortie instinctivement ses gants. Cela l’amusait de voir Marla confier, de façon tout à fait logique, le tablier à la Patronne. D’un point de vue extérieur, on pourrait penser qu’elle se fait baby-sitter par Mme Eriksson, qui pourrait penser qu’elle était son employée ? La Patronne la laissa tout naturellement passer, tant mieux ! Elle pourrait faire son boulot. Elle attrapa délicatement le tablier et dès à présent, toutes ses pensées étaient dirigées sur ce dernier.

Bien heureusement, il n’avait pas été lavé, la police avait dût leur donner des instructions, et cela l’arrangeait. Elle allait simplement faire les relevés de base, si aucun de ceux pratiqué ne se révélait intéressant, alors ce tablier n’aurait plus d’intérêt pour elle.
Elle réfléchissait aux divers prélèvements à faire, et aux endroits à analyser, si bien que la conversation extérieure lui échappa. Elle avait chaud. Bien que l’air brassé dans le café l’avait beaucoup rafraîchit, elle ne se sentait pas mieux. Pourvu qu’elle trouve des choses intéressantes sur ce tablier, sinon elle se serrait excitée pour des prunes.

_ …Mademoiselle Sweeney…

Des prunes…tiens elle mangerait bien des prunes. Non, plutôt que des prunes, quelque chose de frais. Une glace ! Oui, après le boulot, elle irait à la mer manger une glace, ils devaient forcément en avoir ici. Une belle glace bien sucrée, fraîche, répandant son goût délicieux dans la bouche, fondante au soleil. Et le craquant du cornet…oh oui une glace…

_...mander un petit- déjeuner… moi qui paie…

_ Glace !

S’écria-t-elle d’un air euphorique avant de se rendre compte que sa pensée c’était, à son insu, transformée en mots.

_ Euh…je veux dire…Place ! Oui, oui c’est ça ! J’ai besoin de place. Ajouta-t-elle maladroitement en désignant le tablier.

Le rouge lui monta instantanément à la tête. Quelle abrutie ! Elle qui comptait paraître un minimum sérieuse devant sa Patronne et voilà qu’elle passait pour une cinglée.
Quand cette dernière lui indiqua la table où elle devait procéder aux analyses, elle s’y rendit comme une flèche et décida de travailler pour s’empêcher de penser. Elle trouva néanmoins le temps de marmonner en chemin.

_ Une glace ? Mais quelle nouille ! Une glace… « et de la crème de marron avec ça ? », mima-t-elle, et ces quoi ces tabliers ? On porte encore des trucs pareils au XXI siècle ? Nan mais je rê…

Elle se stoppa lorsqu’elle vit que le client qui était assis sur la table en face d’elle la regardait. Tout s’enchaina très vite dans son esprit. Client. Suffisamment proche pour l’avoir entendu râler. Homme. Jeune. Jolies lunettes. Esthétiquement beau. Peau blanche. Touriste ? Possible. Torrien ? Possible également. Mais qu’importe, si c’était un Torrien, les forces spéciales d’Herinnen auraient sa peau (et c’était le cas de le dire) un jour ou l’autre, ça ne la concernait pas. En revanche, le fait qu’il l’a prenne désormais pour une folle, c’était un peu plus personnel. Dans ce genre de situation, soit on s’explique, soit on sourit d’un air désolé.
L’un ou l’autre des cas ennuyait Elwyn. Ce fût donc en toute maturité et santé d’esprit qu’elle lui tira la langue d’un air boudeur avant de détourner la tête et de se mettre enfin à travailler.
Deux secondes de pensée, pour une réaction presque instinctive, Elwyn se félicita intérieurement.

Elle posa sa mallette sur la table à côté du tablier. Maintenant on passait aux choses sérieuses. Elle l’ouvrit. Pour sa part, hormis les vingt-trois scalpels (très bons outils de dépeçage), elle emmenait également tout le matériel nécessaire à des analyses de base à faire lors d’investigations, ainsi qu’un appareil photo pour les analyses approfondies sur image. La chanson qui lui parvenait depuis les écouteurs la mettait inconsciemment dans l’ambiance…elle ignorait qu’elle avait la chanson thème de James Bond dans son Ipod ? Elle sortit machinalement l’appareil photo, machine plutôt grosse, on privilégie la qualité de la photographie. Bien sûr, pour son usage personnel, elle en avait un plus petit numérique, dans une des poches de son bermuda. Elle prit chaque verso du tablier en photo, suivit des détails, comme les poches, les lanières, les quelques petites déchirures ou autre défaut. Puis elle procéda à l’analyse. Elle mit sous sachet tous les cheveux trouvés, ainsi que les quelques objets dans la poche. Une tâche rouge l’interpella, elle fit un test de coloration qui se révéla négatif, ce n’était pas du sang, peut être du ketchup ?

Elle était parvenue durant ce lapse de temps à oublier son entourage, si bien que lorsque sa Patronne vint se placer à ses côtés, elle pût l’affronter plus sereinement. Elle se souciait rarement du regard des gens, sauf quand il s’agissait du suprême supérieur hiérarchique. Et comme le boulot lui plaisait bien…
Elle tenta de rester plongée dans son travail tout en étant à l’écoute, au cas où sa Patronne aurait quelque chose à lui faire faire ou à lui dire. Et, bien qu’intriguée par ce que cette dernière traficotait en face d’elle, elle n’osait pas poser de question. Si elle ne lui disait rien, c’est qu’elle n’avait rien besoin de savoir. Enfin elle le supposait…Mais diable ! Qu’est-ce que c’était ?

Enfin, Mme Eriksson lui donna des indicatives quant à la suite. Relever des empreintes ? « Too Easy ! » avait-elle envie de lui dire. Mais restons dans le formel.

_ Ce sera fait.

Déjà elle finissait de récupérer des empreintes digitales, sûrement celles de Parker Sue, sur les petites parties plastiques couds au tissu. Son matériel était déjà prêt. Elle se mit à chercher des traces sur la table qui était, elle devait bien l’avouer, reluisante. Par curiosité, elle jeta un œil en dessous de la table et fût surprise de n’y trouver aucun chewing-gum ou autre cochonnerie collé. Décidément, soit dans ce Café ils étaient des maniaques de la propreté, soit les clients étaient tous de bon samaritains qui vont à la messe tous les Dimanches et n’osent même pas jeter leurs saleté en dehors des poubelles.
…Elle opterait plutôt pour la première solution.
Enfin, n’osant toujours pas questionner la Patronne au sujet du « bitoniau noir » posé sur la table elle continua.

_ J’aimerais prendre des photos des différentes parties de votre Café, notamment ceux concernant Mademoiselle Parker, comme l’endroit où elle entreposait ses affaires en venant ici entre autres. Cela vous convient ? Demanda-t-elle en se tournant tour à tour vers Marla puis l’homme derrière le comptoir.

Si la Patronne désirait questionner Marla, autant qu’elle se sente à l’aise pour le faire. Elwyn prendra part aux interrogations si elle relève des choses intéressantes louches. Elle comptait écouter la conversation tout en prenant quelques photos. Qui sait ? On trouve toujours des détails qui auraient échappé lors des analyses photos.

Elle soupira mentalement en ce disant que l’opération serait à répéter pour les victimes passées, ou futures. Peut être ne ferait-elle pas partie des prochaines équipes d’investigations ? Quoi que avec la chance qu’elle a…
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Marla Simmons
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MessageSujet: Re: Investigation   Investigation EmptyMer 2 Fév - 10:44

    Marla se releva de la table dès que la femme lui eut demandé un cappucino. Elle acquiesça et porta son regard sur la gamine rousse qui se précipitait vers une table avec le tablier entre les mains, comme si elle attendait qu'elle lui donne sa commande. Les paroles de sa supérieure — la façon dont elle parlait à la fillette avait permis à la serveuse de déduire qu'elle n'était nullement sa fille ou une quelconque personne de sa famille — coupèrent court à ses divagations :

    «Volontiers, je prendrais un cappucino. Mademoiselle Sweeney, quand vous aurez fini, vous pouvez vous commander un petit- déjeuner, c’est moi qui paie.»

    Marla esquissa un sourire et se dirigea vers le comptoir. Tandis qu'elle sortait tasse et soucoupe, elle entendit la femme blonde lui adresser quelques mots sur un ton qui déjà, tranchait avec celui très sec qu'elle avait pris à son entrée. Visiblement, elle devait être réjouie d'avoir eu une pièce à conviction entre les mains. Aussi, lorsqu'elle lui annonça qu'elle voulait lui poser des questions, Marla poussa un soupir, mais répondit avec l'air le plus nonchalant possible :

    «C'est vous qui voyez… Mais j'vais pas pouvoir vous dire beaucoup de choses, vous savez. Je ne connaissais pas très intimement Sue, c'était juste…»

    Elle s'interrompit au milieu de sa phrase, car elle sentait que sa voix se nouait. Elle se rabroua et ajouta d'un ton grave : «…juste une collègue.»

    Puis elle décida de rester silencieuse jusqu'à ce qu'il le faille absolument. La serveuse appréhendait l'interrogatoire qu'elle allait devoir subir. Et si sa voix s'enrouait comme elle venait de le faire ? Les flics se douteraient sûrement qu'elle en savait plus sur Sue qu'elle ne l'avait dit. Mais en même temps, Marla avait-elle des choses à leur cacher ? A part leur dévoiler l'aspect débauché de la jeune femme que les média avaient soigneusement laissé dans l'ombre, qu'est-ce qu'elle pourrait leur dire d'autre ? Tout s'embrouillait dans l'esprit de la serveuse…
    Et puis merde ! Pourquoi fallait-il toujours qu'elle soit la première au café le matin, dès que Kyle ouvrait ? Maintenant elle se retrouvait avec les flics sur les bras alors que tout ce qu'elle souhaitait en se levant ce matin, c'était pouvoir se taper tranquillement un milkshake avec son patron en terrasse, histoire de passer le temps avant que les clients n'arrivent. Moyennant quoi un touriste — ou du moins quelqu'un qui passait pour un touriste — débarquait à neuf heures tapantes… Pour quoi en plus ? Un jus d'orange. En voyant Kyle sortir de derrière le comptoir pour apporter au jeune homme sa commande, Marla se serait volontiers frapper la tête contre le bar. Ce mec traversait pratiquement toute la plage pour un jus d'orange… "Zen, Marla, zen, répéta-t-elle en elle-même. S'il a envie d'un jus d'orange, il le boit et c'est tout, tu t'affoles pas…". N'empêche que…
    Son regard se porta automatiquement sur le jeune homme, qui sirotait ledit jus. Elle eut de nouveau une envie débordante de se frapper. "T'as pris CE mec pour un Torien, grosse fiente ?" Il avait l'air tranquille, les jambes croisées sous la table, assis sur le canapé dans un pose confortable. D'un côté, la tranquillité dont il faisait preuve était presque trop parfaite… Marla se remémora les séries policières qui passaient sans cesse à la télé : le coupable feignait toujours de garder son sang-froid alors qu'en réalité…

    La serveuse fut brusquement interrompue dans ses pensées par une vive douleur au niveau de la main droite. Son regard se porta automatiquement sur ladite main qui tenait la cafetière tandis que celle-ci se remplissait. Enfin au moment présent, elle se vidait plutôt, et en l'occurrence, sur les doigts de la jeune femme.
    Marla n'est pas blonde. Mais visiblement, il n'est pas nécessaire d'arborer cette couleur de cheveux pour avoir un système nerveux défectueux : le temps de se rendre compte que du café brûlant lui coulait le long du bras, ce n'est que deux secondes plus tard que Marla poussa un cri qui se rapprochait étonnamment du dernier râle d'agonie d'un (futur) cadavre. Bien entendu, comme les catastrophes arrivent souvent toutes au même moment, elle fit un grand geste pour se débarrasser du liquide brûlant, et renversa ainsi la tasse et la soucoupe qu'elle avait joliment préparer quelques minutes auparavant, qui se brisèrent dans un éclat.

    «Eh merde.» lâcha intuitivement la serveuse.

    Kyle bondit derrière le comptoir juste à temps pour apercevoir Marla à quatre pattes en train de ramasser les morceaux de porcelaine, la main enflée au possible enroulée dans son tablier. Le jeune homme reste un moment comme cloué sur place devant cette scène terriblement gênante pour la serveuse. Celle-ci se remit brusquement sur pieds et esquissa un sourire désolé en remettant son bonnet sur ses oreilles. Elle remarqua le regard de son patron qui se portait sur la mare de café et les débris de vaisselle, et fit un pas de travers pour masquer le tout. Vainement, bien entendu. Ce n'était même pas la peine de dire quoi que ce soit. Kyle soupira.

    «Lave ça vite fait. N'oublie pas que t'as une cliente qui attend son cappucino.»

    Et il disparut en cuisine. Pour la troisième fois en — combien de temps ? — moins de cinq minutes, Marla se frappa mentalement, mais cette fois-ci encore plus fort qu'elle ne l'avait fait jusque là. Okay, maintenant, elle pouvait mourir. Elle avait déçu Kyle et le pire, c'est qu'il l'avait vu dans une pose très, très gênante. Tout en se saisissant d'une serpillère, elle se fit la réflexion qu'être bouffée par un Torien était sûrement plus agréable que les vingt secondes qu'elle venait de vivre : brûlée, humiliée et reniée par Kyle. Clairement, il ne pouvait rien lui arriver de pire.
    Tandis qu'elle épongeait la mare de café qui recouvrait le sol, elle fut tirée de ses pensées morbides par la voix de la gamine rousse :

    «J’aimerais prendre des photos des différentes parties de votre Café, notamment ceux concernant Mademoiselle Parker, comme l’endroit où elle entreposait ses affaires en venant ici entre autres. Cela vous convient ?
    - Allez-y, allez-y, dit-elle d'une voix monocorde, faîtes comme vous voulez…»

    Puis versant dans la tasse qui, en fait, n'était pas si brisée que ça (= l'anse en moins et une grosse fêlure qui entaillait le bord), du café qu'elle avait refait chauffer — en restant loin cette fois-ci —, elle prépara le cappucino de la femme. Marla sortit de derrière le comptoir avec la démarche d'un condamné à mort se dirigeant vers l'échafaud. Elle passa devant le jeune homme qui avait visiblement fini, et posa la tasse devant la policière, le bras toujours emballé dans son tablier :

    «Voilà votre cappucino.»

    Puis s'asseyant sur la table d'à côté, elle rajouta avec la même expression de croque-mort qui ne la quittait plus depuis qu'elle était (psychologiquement) décédée :

    «Ah au fait, la tasse… c'est pas cassé, c'est vintage.»

    Excuse pourrie, se dit-elle. Surtout que tout le monde a entendu que tu hurlais comme un cochon à l'abattoir… Okay, tu peux mourir, Marla.
    La jeune serveuse soupira. Elle s'apprêtait à affronter d'autres malheurs — puisque visiblement, aujourd'hui était un véritable jour de merde — quand elle aperçut l'étrange appareil noir qui trônait au milieu de la table. La curiosité de la jeune femme en fut toute émoustillée. Elle mourait d'envie de savoir ce que ça pouvait être, plus parce qu'il lui semblait que c'était un modèle ancien que par pur désir de tenir un… truc étranger entre ses mains. Marla se rabroua. Si elle voulait en apprendre un peu plus, autant le faire poliment et non pas en le fixant avec des yeux de poisson fris. Elle se pencha vers la femme blonde, et prononça à voix basse en désignant de son index enflé :

    «Excusez-moi… mais… c'est quoi ce machin, là ?»

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MessageSujet: Re: Investigation   Investigation EmptyLun 7 Fév - 1:21

Il aurait du s’enfuir s’il avait eu un minimum d’instinct de survie. Partir loin d’ici et prévenir Lester de l’endroit où se trouvait Freyja, puisqu’il la cherchait tant, même si il devait très certainement déjà savoir où elle était. Mais l’instinct de survie de Gabriel avait du lui être arraché en même tant que sa peau il y a fort longtemps et pour l’heure il se questionnait sur les raisons qui pouvaient bien pousser Lester à être obsédé à ce point par cette femme.
Le jeune Torien ne la trouvait pas belle, pas spécialement à cause de sa blessure à l’œil qu’il considérait plus comme un signe distinctif qu’autre chose, mais d’avantage à cause de son air un peu austère. Cependant, il la trouvait classe. Elle lui donnait l’impression de ne pouvoir faire qu’une bouchée de n’importe qui, en particulier de lui. Sa manière de se déplacer, de s’adresser aux autres, imposait le respect, cela voulait clairement dire «je suis ton supérieur alors considère moi comme il se doit ». Gabriel, qui était un patron plus que médiocre avec ses airs nonchalants, fut très admiratif.

Il fut tiré de ses pensées par l’autre fille qui approchait en bougonnant. Il ne pu retenir un sourire. Elle par contre, n’avait pas l’air très dangereuse. Il avait appris à ne pas se fier aux apparences, après tout, lui-même semblait être un jeune homme tout à fait inoffensif sans aucuns penchants étranges pour la peau des autres, mais la rouquine ne lui inspirait vraiment aucunes craintes. Lorsqu’elle lui tira la langue sans qu’il comprenne vraiment pourquoi, il fut conforté dans son idée « Herinnen recrute à la sortie des écoles primaires ! Ou alors elle est de la famille d’un gars qui travaille là bas… » Il prit une expression étonnée, un sourire en coin, avant qu’elle ne détourne la tête. « Ou alors personne ne veut travailler pour eux tellement leur job est nul et inintéressant… Et dangereux surtout ! Faudrait être maso pour vouloir travailler là-bas… Ou alors C’EST QUOI CA ?!!? »

La « rouquine inoffensive » venait d’ouvrir juste sous son nez ce qui semblait être sa mallette de travail. « Mais c’est des psychopathes ! Faut vraiment pas être bien net pour se balader avec des trucs aussi dangereux sur sois ! C’est des SCALPELS bordel de dieu ? Rah merde je suis vraiment, vraiment dans la merde… »
Après quelques injures mentales supplémentaires Gabriel décida de refaire passer la fille en catégorie « personne dangereuse ».

S’il parvenait plus ou moins à se contenir pour l’instant, et à garder un semblant de normalité, dans la mesure du possible, il ne put absolument pas empêcher son cœur de s’affoler lorsque Freyja s’approcha dangereusement pour prendre place à la table à côté de lui. Dans sa tête un signal d’alarme venait de se déclencher et tous ses neurones se battaient pour savoir ce qu’il conviendrait de faire. Sa conscience lui hurlait de foutre le camp parce qu’il n’était pas de taille, son ego lui soufflait qu’il devait faire honneur à son état de Torien, et son instinct animal ne pouvait pas s’empêcher de saliver en humant les délicieuses effluves qui provenaient de l’odeur des toutes ces peaux étrangères.
Gabriel se passa inconsciemment la langue sur les lèvres.
Il tourna, dans un geste qui se voulait discret, la tête vers sa nouvelle voisine et sourit d’un air charmeur. Il posa son menton dans la paume de sa main pour mieux observer et manqua pour la deuxième fois depuis qu’il était entré dans ce café, de s’étouffer. Il toussa bruyamment et sans aucune classe puis fixa à nouveau ses chaussures. Ces gens étaient dingues ! Complètement maboules ! Et c’est eux qu’ils traitaient de monstres ? « Bon d’accord on tue peut être deux ou trois personnes de temps en temps, mais c’est pour survivre ! Survivre ! On n’est pas des maniaques du scalpel nous ! Est-ce qu’on reproche au lion de manger la gazelle ? C’est juste une loi de la chaine alimentaire ! Alors que se balader avec des SCALPELS c’est vraiment, mais alors vraiment pas normal du tout ! Est-ce qu’ils ont tous ce genre de trucs sur eux ? C’est juste des sadiques en fait ! Des putains de gros sadiques !... »

Il fut interrompu dans le cour de ses pensées par une odeur qui commençait à lui être familière, et qu’il devait bien s’avouer aimer déjà. Le délicieux fumet d’une peau bronzée à point. Gabriel ferma les yeux, soudain un peu plus calme. Il huma l’air lentement et ne rouvrit les yeux que quand la serveuse parla d’un ton monocorde. Elle tendait à Freyja une tasse légèrement brisée d’où s’échappait une odeur de café qui le fit grimacer.

Ses yeux se posèrent ensuite presque naturellement sur l’étrange objet noir posé sur la table et qu’il n’avait de prime abord par remarqué, tout occupé qu’il était à aligner le plus d’injures possibles dans sa tête pour traduire sa panique. Il pencha la tête dans un signe de non-compréhension et aperçut la serveuse se pencher vers Freyja pour lui poser la question que toutes les personnes présentes dans le café avaient certainement dues se poser en voyant ce… machin bizarre.

«Excusez-moi… mais… c'est quoi ce machin, là ? »

Gabriel ne put s’empêcher de répondre, un air complètement enfantin sur le visage :

« Oh ! Mais c’est pas quelque chose pour communiquer avec les extraterrestres ou un truc du genre ? Dans une série ‘ricaine bizarre que je regardais y’a longtemps, ils en avaient ! Bon dans la série ils étaient pas vraiment tout à fait comme ça hein, mais c’était à la télé donc c’est pas pareil, ils romancent un peu je suppose ! Mais celui là est vraiment trop cool, même s’il est un peu moche. »

Les paroles avaient franchies ses lèvres sans qu’il réfléchisse vraiment aux conséquences que cela pourrait avoir. Maintenant il regrettait déjà. Il songea vaguement que c’était l’odeur de la peau de la fille qui l’empêchait de réfléchir convenablement, et il songea presque en même temps qu’il ne réfléchissait de toute façon jamais vraiment convenablement. Il ajouta sur un ton qu’il aurait voulu détendu et innocent, mais où on sentait une gène mal dissimulée :

« Vous êtes du FBI c’est ça ? »

Une voix dans sa tête lui demanda s’il se souvenait de la définition de prudence, et il se mordit l’intérieur des joues en sentant son cœur qui recommençait à battre à toute vitesse dans sa poitrine. Comme si une seule personne dans cette ville pouvait ignorer qui était Herinnen. Il venait sans doute d’avoir la réaction la plus débile de toute l’histoire des Toriens, et la petite voix dans sa tête, qui ressemblait d’ailleurs beaucoup trop à celle de sa secrétaire maintenant qu’il y pensait, lui disait narquoisement qu’ainsi on retiendrait son nom pour les siècles des siècles en tant que Torien le plus inconscient du monde. Sa réaction tenait du suicide, et il se demanda s’il n’était pas très légèrement masochiste.

« Et voilà, je vais mourir. Et je n’aurais même pas vraiment connu l’amour. » Pensa t il presque inconsciemment, dans un élan de cucuterie inspiré des films américains qu’il avait sans doute un peu trop regardé à une époque de sa vie.
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Freyja Eriksson
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MessageSujet: Re: Investigation   Investigation EmptyLun 7 Fév - 11:42

Freyja regarda avec une certaine fierté Elwyn prendre des initiatives quant à son travail. Elle semblait vraiment intéressée par ce qu'elle faisait et elle ne regrettait pas du tout le fait de l'avoir emmenée ici. Elle aurait pu, bien sûr, emmener Mikaels pour pouvoir lui confier ses troubles et, peut-être, se faire passer pour un couple de touristes en simple visite. Mais alors, le fait de poser des questions aurait été très mal vu, de plus, Mikaels, même s'il était doué en de nombreuses matières, n'était pas un médecin légiste surdoué de 17 ans. Et puis, son bras droit lui-même lui avait conseillé de sortir avec d'autres membres d'Herinnen, c'était elle, la boss, elle devait prendre contact avec ses hommes et leur montrer qu'ils ne servaient pas une pauvre fille mais bel et bien la digne descendante d'Erik.
De plus, la fraîcheur et l'enjouement d'Elwyn étaient charmants. Ils apportaient un peu de lumière (même si cette lumière ressemblait plus à celle des néons d'une salle de torture) à cette affaire. La jeune femme se souvenait d'elle-même à cet âge-là... tellement différente... Mais bon, Freyja secoua légèrement la tête, mécontente de s'être laisser aller à des sentiments qui n'avaient rien à faire ici.

Déjà, ses soupçons quant à l'autre client commençaient à se former de plus en plus nettement : n'importe qui aurait eu peur en regardant dans la mallette qu'Elwyn venait d'ouvrir, mais elle avait remarqué un trait très particulier chez les Australiens : ils ne regardaient pas. Ils s'en foutaient pas mal, tant qu'ils n'étaient pas concernés. Elle avait déjà eu cette impression lors d'un court voyage en Amérique, mais ici, elle était de plus en plus forte chaque jour. La jeune serveuse, Marla, elle-même n'avait pas grandement fait cas de ce que contenait la mallette d'Elwyn. D'ailleurs, un grand bruit de brisement lui parvint depuis depuis les cuisines au fond, mais elle préféra ne pas penser à ce qui se préparait. Elle n'avait jamais fait de cours d'anthropologie étrangère et les us et coutumes des Australiens lui restaient étrangers. Mais il fallait dire qu'elle avait passé seulement trois jours ici... Peut-être que les mystères du vintage s'ouvriraient un jour à elle. Ceci dit, elle devait admettre que l'endroit était très propre quand on y regardait d'un peu plus près. Dommage pour les empreintes. Dans le bar où ils étaient descendus avant le raid qui devait lui coûter son oeil, la crasse avait été telle que les empreintes qu'un des agents avait relevé dataient d'une semaine. Mais ici, avec la chaleur sans doute, les décrassages devaient être fréquents.
Freyja ne pouvait s'empêcher au corps sans vie de la pauvre Sue Parker. Une jeune fille encore, allongée sur la plage, sans une once de peau. Elle avait travaillé ici, elle avait vu tout ce qu'elle voyait en ce moment-même. Qui sait, peut-être s'était-elle ennuyée ? Peut-être qu'un des Toriens lui avait promis de s'envoler pour voir de nouveaux horizons... Elle repensa à la plage qu'elle avait vue, aux rues où elle avait marché. Sue Parker aussi avait du y marcher, s'y baigner, rencontrer des connaissances... Mais désormais, ces rues si animées et si joyeuses portaient pour Freyja le sceau rouge des meurtres de trois personnes. Du meurtre du Sue Parker, jeune fille encore...

Son voisin lui adressa un sourire. Il devait l'avoir observé car elle s'était assise près de lui dans une salle vide. Il ne devait pas encore penser qu'elle le soupçonnait. Mais le mot 'Torien' viendrait bien assez vite pour le faire sursauter. Il fallait qu'elle ait une meilleure vue sur ses mains. S'il était Torien, ça se verrait immédiatement... Mais il fallait s'approcher assez près et cela n'était sans doute pas sans risques... Elle lui adressa un petit sourire sans joie avant de se reconcentrer sur l'arrivée de son cappucino.

Marla, la jeune serveuse revint d'un air un peu sombre et posa la tasse devant elle. Freyja fit un léger sourire un peu plus franc pour l'accueillir et, d'un signe de la main, 'l'invita à s'asseoir en face d'elle, près de la chaise qu'Elwyn avait occupée quelques minutes avant qu'elle ne parte derrière. Il fallait avouer que la directrice n'avait pas vu Elwyn disparaître de son champs de vision sans une certaine inquiétude. D'ailleurs, elle devait l'avouer franchement, si ça ne tenait qu'à elle, elle se serait précipitée à sa suite pour s'assurer que tout allait bien. Dans une ville infestée de Toriens, tout pouvait se passer. Mais elle devait interroger Marla. Au moins signe suspect, Freyja était prête à démarrer au quart de tour...
Mais elle revint à sa tasse que la serveuse venait de poser devant elle. Une tasse 'vintage'... Décidément, elle avait encore beaucoup à apprendre.

- Ça fait un certain style...

Ceci dit, il fallait avouer que ce café sentait rudement bon et Freyja s'y connaissait en cappucino, elle en prenait tout le temps. Il semblait qu'elle n'allait pas regretter d'avoir été cliente du Jugband Blues.... Pour mettre la jeune femme dans de bonnes dispositions, elle prit d'abord une gorgée du café brûlant. Heureusement que les ventilateurs étaient encore en marche. Le liquide chaud coula dans sa gorge tandis que Marla se penchait sur l'objet noir qu'elle venait de poser sur la table entre elles. Elle allait lui répondre, après avoir reposé sa tasse de café sur la table, en notant préalablement qu'il était vraiment très bon, quand l'autre client s'en mêla.
Pendant un moment, Freyja douta vraiment de son appartenance aux Toriens, mais elle savait qu'il valait mieux qu'elle ne se fie pas aux apparences. Il posa une hypothèse comme quoi elle désirait communiquer avec les extra-terrestres. Oui, vu comme ça, ça semblait très logique de déranger des gens dans un café pour téléphoner sur Mars, mais la jeune femme ne dit rien et laissa la question tomber : " Vous êtes du FBI, c'est ça ?"
Bon, au moins, il s'était rapprocher et, avec un peu de chance, il mettrait ses mains sur la table, sans doute assez près d'elle pour regarder son insigne. De là, elle pourrait mettre fin à ses soupçons. Alors, elle reprit posément , les mains croisées sur sa poitrine :

- Ceci est une bombe, mesdames et messieurs. C'est un dispositif simple, il suffit que j'appuie ici. (Elle tendit sa main vers le bouton vert de l'appareil noir) et tout explose.

Elle appuya dessus. Rien ne se produisit. Un léger sourire se forma sur ses lèvres minces et beiges de la jeune femme. Elle avait vraiment un humour pourri qui ne faisait rire qu'elle. Elle était même sûre que Mikaels ne serait pas content du tout quand il apprendrait ce qu'elle avait fait... Mais elle ne se laissa pas perturber par les visages de ses deux spectateurs.

- En réalité, il s'agit d'un enregistreur. C'est un petit dispositif semblable à un téléphone portable de l'époque de ma grand-mère. En règle général, nous ne l'utilisons pas pour téléphoner aux extra-terrestres mais pour enregistrer nos conversations qui pourraient être utiles là où je travaille.

Puis, elle procéda à l'annonce. Cette partie de la bande serait coupée... Elle se pencha sur l'appareil et fit :

- Freyja Eriksson au Jugband Blues Café avec une des serveuses, Marla. Bobine destinée à l'usage privé de la section Herinnen.

Elle coupa l'enregistrement et sortit le plus discrètement possible une pochette de sa mallette. Elle en sortit une feuille format A4 et la tendit à la jeune fille :

- Voici vos droits et la liste des personnes qui auront accès à cet enregistrement. Gardez cette copie, il y a les adresses e-mail des responsables ainsi que la mienne. Si vous souhaitez que la bobine soit détruite après l'enquête, vous pourrez en faire la demande.

Puis, elle se tourna vers le jeune homme, lui montrant son insigne ouvert :

- Freyja Eriksson, directrice de la section Herinnen. C'est une sorte de police spéciale pour les affaires obscures en Islande, finit-elle par lui répondre.

Elle savait bien à quoi elle s'exposait en chantonnant à tue-tête qui elle était mais, après tout, Lester était déjà au courant et, tant qu'elle ferrait partie d'Herinnen, aucun Torien ne pouvait lui faire peur sérieusement, sauf lui. De toutes manières, elle savait que Lester était déjà au courant de son arrivée. Elle était passée à la télé rapidement tandis qu'Anthony parlait.
Freyja but une autre gorgée de café en guettant l'approbation de la jeune femme, Marla. Il suffisait juste que le jeune homme s'approche un peu plus et pose ses mains sur la table pour qu'elle soit fixée sur sa nature.
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Elwyn Sweeney
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MessageSujet: Re: Investigation   Investigation EmptyMer 9 Fév - 6:00

Passage en mode touriste.
Elle alluma l’appareil photo à usage professionnel, effectua quelques réglages se plaignant (mentalement cette fois ci) du boulot ingrat. Mais c’était la procédure, il n’y avait eut aucune prise de photo de l’ancien lieu de travail de la pauvre Sue Parker et il était tout naturel de suspecter la clientèle…ou même les collègues de travail. Même si dans le cas de Marla, la question ne se posait pas.
Afin de tester l’appareil photo, elle en prit rapidement une de Marla alors que celle-ci venait de s’asseoir.
C’est alors que le client assis en face d’elles se mit à faire quelques élucubrations au sujet de l’étrange appareil de sa patronne.
Elwyn le détailla du regard. Bien plus que la première fois. C’était le regard qu’elle lançait lorsque quelque chose, ou (plus rarement) quelqu’un attirait toute son attention.

_ Intéressant...dit-elle d’une voix douce sans quitter l’air surpris et curieux qu’elle lui lançait.
Sans prévenir elle porta l’appareil à ses yeux et prit une photo de ce dernier pendant qu’il demandait si elles étaient du FBI.
_ C’qu’on fait est plus fun qu’au FBI ! Ne put-elle s’empêcher de dire.

Et elle savait de quoi elle parlait. Elle avait hésité à y entrer. On lui avait naturellement proposé un poste, le FBI est toujours à la recherche de gens utiles. Si bien qu’elle s’était retrouvée face à un dilemme. Le FBI ou Herinnen ?
Durant ses deux ans passés à travailler dans une banale ville d’Irlande, elle avait déjà eut l’occasion de côtoyer des agents du FBI. Surtout lors des cas de tueurs en série, et elle songea même que profileur aurait été un job qui lui aurait plu si sa mère ne l’avait pas laissé tombé. Enfin, pourquoi travailler pour les services spéciaux alors qu’on peut être amené à étudier LA curiosité scientifique du siècle ? Soyons logique !
De toute manière, dans tout travail intéressant, il y a une partie « ingrate ». Mais bien heureusement pour elle, prendre dix minutes à photographier un Café était bien moins ennuyant que de passer des heures à relever le moindre coup et blessure d’un cadavre. Oui, mieux valait Herinnen.

Son intérêt pour le client était déjà parti. Elle tourna instantanément les talons après avoir prit la photo. Elle remit ses écouteurs aux oreilles après avoir entendu Aqua chanter à tue-tête « I’m a Barbie girl ». C’était ce qui lui plaisait dans le mode « Aléatoire », on pouvait passer de James Bond aux délires d’Aqua.
Elle consulta les photos précédemment prises avant de s’exclamer au sujet du pauvre client :

_ Photogénique en plus !

Et c’était le cas de le dire. On aurait dit une photo sortie tout droit d’un magasine malgré le décor modeste du Café, le débardeur à rayure et le fait qu’il était entrain de parler d’extraterrestres. La photo, elle, disait autre chose, on penserait presque à un de ces clichés d’art nouveau où les contrastes son voulu pour mettre en valeur la beauté d’une situation ou d’un mouvement. La peau si pâle du jeune homme semblait prendre une couleur opaline, et nul besoin d’éclairage spécial ni de maquillage ni de retouche, la photo semblait déjà parfaite.

« Ça craint vraiment… » Pensa instinctivement Elwyn.
Ce gars était définitivement louche. Si la couleur de sa peau suffisait à certain, elle lui laissait le bénéfice du doute. Mais sur une photo, ça paraissait être l’évidence même. Ce gars n’était définitivement pas normal. N’importe qui voyant cette photo aurait pensé à un dieu grec réincarné ou à une créature surnaturelle…
Elle en toucherait deux mots à la patronne quand elle en aurait l’occasion. Même si son fidèle petit doigt lui disait qu’elle devait déjà être sur le qui-vive.

Elle était parvenue à merveille à faire passer sa surprise pour de l’amusement. Écouteurs aux oreilles, elle délaissa ses compagnons pour prendre en photo les différentes parties du Café tout en fredonnant l’air de Barbie Girl.
Habituée aux écouteurs, elle n’avait pas peur d’être surprise. Premièrement parce que cela arrivait rarement, et à quoi bon s’en prendre à une simple scientifique sachant qu’elle ne représente physiquement aucune menace. Deuxièmement, elle se permettait de jouer les insouciantes lorsqu’elle se trouvait dans un endroit plein de monde. Ce qui était le cas ici présent, sans compter que l’homme qui tenait le bar semblait garder un œil sur elle. Et enfin, quand on sait lire sur les lèvres, à quoi bon lier l’ouïe à la vue ?

Ses écouteurs étaient sa vie, la vie en musique est bien plus belle et amusante. Parfois il lui arrivait d’éclater de rire toute seule dans la rue voyant à quel point les actions des personnes collaient avec la musique qu’elle écoutait. Les gens la prenant pour une folle n’étaient pas rares, mais elle s’en amusait. Elle qui s’était faite passé pour une malade du travail durant toute sa vie, à présent elle restait décontractée en toute situation, et cela malgré les avertissements de son supérieur. Il avait raison, elle jouait dans la cour des grand à présent, il pouvait y avoir des Torriens à tous les coins de rue. Mais à quoi bon vivre et venir sur une île paradisiaque si c’était pour avoir peur à chaque fois qu’on mettait le nez dehors ?

C’était la même chose pour ce Café. Rien ne l’empêchait d’apprécier l’environnement tout en menant son investigation. Elle prit chaque coin et recoin en photo, passa un instant à l’arrière dans les cuisines et les vestiaires des employés avant de revenir.
Sa séance photo ne prit pas aussi longtemps qu’elle l’aurait cru, et elle songea un instant qu’elle pourrait peut être se rendre à la plage plus tôt que prévu ?
A son retour elle constata qu’une drôle d’ambiance régnait. Visiblement sa patronne en était la cause vu que tous les regards étaient dirigés sur cette dernière….

Alors que 50cent lui massacrait les tympans, elle décida de rabaisser ses écouteurs à son cou avant de s’approcher pour écouter plus attentivement la conversation. Lors d’une interrogation, il était toujours mieux d’être deux. Outre le très célèbre (mais très efficace) cliché du bon et du mauvais flic, lorsque l’une personne vient à manquer de questions ou de bonne idée, l’autre en a toujours en rechange.
Bien qu’Elwyn espérait ne pas avoir à jouer de grand rôle dans ce jeu, y assister et ajouter une présence supplémentaire aiderait sa patronne à ne pas manquer.
Elle constata qu’elle avait déjà donné la paperasse administrative à Marla et elle était entrain de ranger son insigne. Toute sorte de scénario était possible mais une chose était sûre, au vu de sa réaction, elle l’avait montré au client d’en face.

Plutôt que de s’assoir, elle resta debout prêt de la table. Elle aurait été plus grande, cela aurait donné l’effet d’une « pression » sur la personne interrogée, ce qui était évidemment raté. Pour sa part, elle était azimutée, être débout lui semblait bien plus confortable.
Heureuse de constater que le spectacle n’avait pas encore commencé elle adressa un grand sourire à la serveuse Marla.

_ Alors, prête ?

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Marla Simmons
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MessageSujet: Re: Investigation   Investigation EmptyMer 9 Fév - 16:01

    La première remarque que Marla se fit lorsque la femme dévoila la supercherie, ce fut de s'administrer — pour de vrai cette fois-ci — un coup dans la tête, juste au-dessus de l'oreille. Elle s'était déjà fait la réflexion qu'elle n'était pas spécialement intelligente, mais le pic d'adrénaline qu'elle avait ressenti en entendant le mot "bombe" ne faisait qu'affirmer les hypothèses sur sa bêtise. Elle se désespérait parfois elle-même. Alors qu'avaient dû penser les autres en la voyant bondir sur la banquette en poussant un cri aigu… Okay, clairement, elle était passée pour une vraie conne. Encore heureux que Kyle ne l'ait pas aperçue. La jeune serveuse sentit à cet instant la véracité des propos de son père lorsqu'il disait qu'il y avait des jours où il aurait mieux valu ne pas quitter son lit. Et devinez quoi ? Aujourd'hui, elle avait touché le gros lot. Le vrai Jackpot. Brûlure, humiliation générale en se retrouvant à quatre pattes à éponger du café avec son tablier, plus un stupide réflexe qui l'avait poussée à grimper à la banquette.
    Se faire écraser par un train doit provoquer de meilleures sensations que celles entraînées par le regard interloqué de trois personnes fixé sur vous. Marla en était assurée.

    La jeune serveuse se ressaisit aussi rapidement qu'elle avait bondit en l'air, poussant un rire forcé tandis qu'elle remettait son bonnet sur ses oreilles. Elle osa même un :

    «Aha la bonne blague, vous avez presque failli nous avoir !»

    Minable. Maintenant, se dépatouiller. Bonjour, je vous présente Marla, "a atteint le fond mais creuse encore !". Elle jeta un coup d'œil du côté de la cuisine, espérant que son prince charmant débarquerait à la rescousse, mais tout ce qu'elle put apercevoir de lui, ce fut un bout de son bras tandis qu'il préparait les alien muffins. Marla serra les dents. Pourquoi ça n'arrivait qu'à elle ce genre de succession d'évènements foireux ? Tout son être accourait à grandes foulées auprès du beau Kyle et de ses gâteaux verts dans une vaine envie de possession et de réconfort. Elle s'imaginait assise sur la terrasse, le soleil couchant baignant leurs deux corps prélassés sur les vieux fauteuils vintage, tandis qu'ils dégusteraient les fameux muffins d'une autre planète en se regardant.
    Décidément, Marla n'était pas très romantique. Elle chassa précipitamment ces pensées ridicules de son esprit et se concentra sur la feuille que lui tendait sa vis-à-vis. La serveuse ne put s'empêcher de froncer les sourcils en jetant un coup d'œil à la multitude de noms et d'adresses e-mail qui recouvraient la totalité de la page. What the f*ck ! Autant de personnes qui écouteraient les conneries qu'elle allait sans aucun doute sortir ? C'était particulièrement gênant… Il fallait qu'elle fasse gaffe à répondre clairement à ce qu'on lui demandait, sinon sa risée deviendrait internationale. Mon Dieu, il pouvait donc y avoir pire que ce qui lui était déjà arrivé…

    Marla parcourait un peu plus attentivement le document lorsque la femme se présenta au jeune client. L'intrusion de celui-ci dans leur conversation lui avait au début parue hors de propos (surtout pour parler d'extra-terrestres… Qui était vraiment ce mec ?), puis elle avait prêté une oreille plus attentive à ce qu'il disait lorsqu'il avait évoqué le FBI. Il s'y connaissait visiblement.
    Herinnen. Le nom tiqua la jeune serveuse et la poussa à relever la tête vers son interlocutrice. Woaw. Un second "Woaw" résonna en écho dans son esprit lorsque la policière s'identifia : «Freyja Eriksson». Quelle classe ! Rien à voir avec Marla, dis donc. Quoique la serveuse n'avait pas à avoir honte de s'appeler Simmons. Non, en fait c'était Marla qui faisait un peu mine basse comparé à ce prénom visiblement nordique. Mentalement, la jeune femme l'ajouta à la liste des noms qu'elle donnerait à ses enfants plus tard. Enfin si elle en avait un jour. Hum… cette dernière condition était vraiment hors de propos.
    Bref ! Elle avait une interview à donner et elle laissait son esprit divaguer alors qu'elle aurait dû être au summum de sa concentration. L'arrivée de la gamine rousse à proximité de leur table poussa Marla à reprendre son sérieux. Elle se sentait presque oppressée avec ces trois interlocuteurs qui l'entouraient…

    Trois ? La serveuse se retourna brusquement vers le client et son verre de jus d'orange — désormais vide — et le fixa d'un air scrutateur, ses yeux verts analysant les jolis traits du jeune homme. De premier abord, étiqueté : jeune efféminé, beau gosse sûrement en connaissance de son joli minois et de son charme, mais aussi air trop innocent donc coupable, et fouineur. En gros : qu'est-ce qu'il foutait là à les écouter ? Elle avait envie de lui dire de se retourner parce que c'était pas ses affaires en faisant «Allez, pschit pschit !», ou bien de façon plus civilisée de lui dire sur un ton affable : «Je vous apporte l'addition ?» ce qui signifiait dans le langage hôtelier : «Qu'est-ce que tu fous encore là ?» Décidément, celui-ci n'était pas net. En plus de devoir répondre à un interrogatoire, elle allait devoir le faire devant un client totalement extérieur à l'affaire. Ce qui l'étonnait, c'était que… Freyja, et la gamine — qui, vu l'intérieur de sa mallette, n'avait d'enfantin que sa mignonne figure — ne l'aient pas déjà envoyé faire un tour du côté de la plage. Bizarre…

    La voix de la rouquine la fit se retourner en sursautant. Marla secoua légèrement la tête, tira sur un des cordons de son bonnet et tout en se forçant à sourire de façon naturelle, elle déclara sur un ton faussement nonchalant :

    «Si je suis prête ? Aha mais toujours ! Posez moi toutes les questions que vous voudrez, je vous écoute !»

    Et elle ne put s'empêcher de se pencher vers Freyja et lui murmura en masquant partiellement sa bouche :

    «Dîtes, il va rester là l'autre ?»
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Gabriel Gainsbourg
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MessageSujet: Re: Investigation   Investigation EmptySam 12 Fév - 17:32

Gabriel sursauta lorsque la rouquine répondit à sa question. Son attention était tellement concentrée sur Freyja qu’il avait oublié quelques instants qu’elle n’était pas le seul membre d’Herrinen dans les parages. Toutefois, elle sembla se désintéresser aussitôt de la conversation pour reprendre son travail et le jeune Torien songea vaguement que c’était étrange quelqu’un d’aussi absorbé par ce qu’il faisait, surtout quand la chose en question était du travail. Lui-même en était totalement incapable, il trouvait toujours quelque chose pour le distraire. Même boire un jus d’orange en savourant le plaisir d’être en vacances était visiblement une chose impossible pour lui, il fallait qu’Herrinen entre précisément dans le café qu’il avait choisi, s’assoit exactement à la table à côté de lui, et pose sur ladite table une bombe plus qu’intrigante.

« UNE BOMBE !!!! » Gabriel sentit son cœur s’arrêter de battre, se demanda s’il était mort, vit le doigt de Freyja s’approcher du fameux bouton vert qui déclencherait l’explosion dans un ralentit digne d’une scène de cinéma, puis, appuyer sur le bouton. Explosion. Pas explosion ?

Son cœur recommença à battre à toute allure et Gabriel se demanda s’il n’était pas devenu un peu cardiaque avec l’âge.
« Une putain de blague stupide ! C’est vraiment des timbrés ces gens ! » Il ricana, pour se donner une contenance. En réalité, il était tellement en état de choc qu’il n’écouta même pas la suite des explications de Freyja et ne remarqua pas non plus le manège de l’autre fille qui venait de le prendre en photo. Il prenait conscience petit à petit que leur ennemi n’était pas n’importe qui. Affronter les humains, c’était une chose, et ça ne lui faisait pas peur parce que n’importe quel Torien moyen avait beaucoup plus de force qu’un humain. Cependant, Herrinen, ce n’était pas pareil. Ils étaient sans doute préparés psychologiquement à ce qui les attendait. Ils connaissaient les armes pour les vaincre. Et surtout, ils étaient près à tout. D’après les rumeurs qui circulaient entre les Toriens, ceux de la section Herinnen n’étaient pas beaucoup plus proches des êtres humains qu’eux même. Les rares d’entre eux qui avaient pu voir un Herrinen à l’œuvre et s’en sortir vivants avaient raconté qu’ils faisaient preuve d’un détachement et d’un sang froid absolument effrayants, que leur visage lorsqu’ils s’appliquaient à dépecer un Torien faisait montre d’une satisfaction et d’une application que faisaient froid dans le dos. Gabriel, lui, n’était pas du genre à avoir peur d’une menace inconnue. Du moins c’est ce qu’il croyait, mais l’affolement de son cœur tenait visiblement à lui signaler le contraire.

Gabriel ne sortit de ses pensées que quand Freyja se présenta à lui en lui tendant son badge.

« Oh… » Fit le jeune Torien d’un air absent et sans aucune surprise dans le regard.

A ce moment, il avait complètement délaissé le rôle du type un peu stupide qui se mêle de ce qui ne le regarde pas. Il ne feint pas la surprise qui aurait du être la sienne en constatant à qui il avait à faire. Il se contenta de son manque de réaction naturel. Mais malgré cet apparent détachement, tous ses sens étaient en alerte. Ses mains crispées sur son verre désormais vide ne bougeaient pas. Il calculait mentalement le temps qu’il lui faudrait pour sortir d’ici si jamais les choses tournaient mal.

Il ne remarqua pas que la jeune fille rousse qui c’était éloignée pour travailler venait de revenir près de la table, et elle le fit sursauter pour la deuxième fois lorsqu’elle parla. Gabriel la not définitivement dans la liste des personnes dont il fallait se méfier. Les Toriens avaient des sens souvent plus développés que les êtres humains normaux et il aurait du sentir sa présence, ou, à défaut de sa présence, son odeur. Mais ni l’un ni l’autre n’avait attiré son attention. De là deux possibilités, soit elle avait des capacités surnaturelles et était un ninja de l’ombre, soit, plus plausible, il était dans un tel état de stress et d’excitation mélangés qu’il ne faisait plus correctement attention aux informations qui lui provenaient de l’extérieur. Dans un cas comme dans l’autre, c’était mauvais pour lui.

Il inspira lentement pour reprendre son calme. Cette situation était vraiment plus qu’étrange et il se demandait une fois de plus comment il pourrait bien faire pour s’en sortir lorsque la jeune serveuse lui donna la réponse sans le vouloir.

«Dîtes, il va rester là l'autre ?»

Gabriel ferma les yeux et sourit. Parfait. Il n’aurait cas dire qu’il ne voulait déranger personne dans ce qui semblait être un entretien très professionnel et très sérieux, demander l’addition, et s’en aller d’un pas tranquille. Ensuite, rentrer à la maison, aller chercher Lester, et lui dire ce qu’il avait vu. Ou non. Finalement non. Lester devait déjà savoir tout ça. Il devait connaitre leurs armes, pour les avoir affronté par le passé. Il devait savoir que Freyja chercherait des indices dans les lieux que les victimes avaient fréquentés. Non, il n’avait vraiment aucunes informations intéressantes pour l’instant. Oui, pour l’instant. Raison de plus pour rester encore un peu là. Juste pour essayer d’en savoir d’avantage.

Gabriel avait parfaitement retrouvé son calme. Il posa son verre sur la table et croisa les bras sur sa poitrine avant de s’installer un peu plus confortablement sur sa chaise, dans un geste qui voulait dire « oui je compte bien rester là ». Le sourire satisfait qu’il affichait donnait l’impression qu’il allait assister à une représentation de théâtre qui promettait d’être particulièrement divertissante. Il songea vaguement à commander un autre jus d’orange pour se donner un prétexte afin de rester, mais il renonça finalement, préférant attendre de voir comment tourneraient les choses. Si les deux filles d’Herinnen lui disaient de partir, il en commanderait un et retournerait s’assoir à sa table tout en tendant l’oreille pour savoir ce qui se disait. Si elles ne disaient rien et que donc il pouvait rester là, il tenterait de se faire le plus discret possible, en admettant que ce soit faisable, pour récolter le maximum d’informations.

Gabriel était très satisfait de son plan et se félicita d’ailleurs intérieurement pour le calme et le sang froid dont il faisait preuve, oubliant que quelques minutes auparavant s’il avait pu partir en courant, il l’aurait fait sans aucun problèmes.

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MessageSujet: Re: Investigation   Investigation EmptyDim 13 Fév - 12:06


Freyja se félicita d'avoir amenée Elwyn lors de cette investigation ! Tout d'abord parce que le test d'anonymat était parfait (elle avait vraiment quelque chose avec la police locale...), mais parce que la jeune femme, il ne fallait pas l'oublier, était surdouée et avait un appareil photo dans les mains. Elle se retint de lui annoncer tout de suite sa future promotion ! Avec un peu de chances, elle avait une belle prise et elles pourraient examiner le jeune homme tranquillement devant un ordinateur plutôt que de lui filer des oeillades qui auraient pu paraître suspectes... En plus, il avait l'air plus jeune qu'elle et déjà qu'elle devait passer pour une folle à l'humour douteux, elle allait passer pour une cougar. Bon... soit, il n'était pas laid, mais ce n'était pas une raison pour s'imaginer des choses non plus.
La jeune femme dissimula alors le sourire qui se pressait contre ses lèvres mais fit un léger signe d'approbation à son employée. Le jeune homme, quant à lui, ne semblait pas y accorder beaucoup d'importance. Peut-être y était-il habitué. D'ailleurs, elle ne put s'empêcher de trouver cela déplaisant : elle lui avait montré son badge, il connaissait son nom, il savait où elle travaillait et elle-même n'était pas sûre s'il était un Torien ou nom. Elle s'occuperait de lui quand elle aurait accès aux archives d'Herinnen : avec un peu de chance, il avait déjà tué quelqu'un et elle pourrait connaître au moins son nom.
Dès fois, Freyja pensait sincèrement se mettre à un boulot moins sordide à sa retraite. Si un jour, elle en avait une.
Etrangement, le badge et la présentation de Freyja le laissèrent de marbre, du moins, le paraissait-il. Cela donna du fil à retordre : de nombreuses options s'offraient à elle... Elle en retint deux : soit il s'agissait d'un simple touriste qui ne croyait qu'à moitié à ces affaires de sciences obscures et de créatures spéciales, soit c'était un Torien, mais alors le genre de Torien qu'elle n'aurait pas voulu rencontrer, c'est-à-dire, assez fort et arrogant pour ne pas avoir peur de ce qu'elle représentait et de la mallette à ses côtés. Les deux cas justifiaient sa surprise à sa blague d'un très mauvais goût. S'il était bien un Torien, elle avait intérêt à ne pas trop en dévoiler sur elle-même car Lester serait aussitôt au courant et elle ne donnait pas cher de sa vie.
Heureusement pour elle, il décida de ne plus se mêler ouvertement de ses affaires et retourna à sa place originale. Si cela se trouvait, il avait lui-même un enregistreur quelque part sur lui, très habilement dissimulé... Tant pis, elle devait faire avec : elle ne pouvait pas le soupçonner ouvertement d'être un Torien sans transformer le café en véritable café d'après-guerre. De plus, elle détestait attaquer quelqu'un sans l'avoir prévu dans son plan d'origine. Elle n'avait plus qu'à faire comme si de rien n'était et interroger Marla comme si elle ignorait tout de lui. Au mieux, il n'était qu'un touriste...

Dès qu'il s'éloigna, elle ne put retenir un léger soupir de soulagement assez discret pour que seule une oreille attentive le capte. Elle détestait être aussi stressée.
Ce fut la voix d'Elwyn qui la réveilla, cependant, elle ne s'adressait pas à elle. Son employée était en train de parler à la serveuse de façon plutôt amicale. Hum, ce n'était pas une mauvaise idée, elle pouvait utiliser la technique du 'bad cops' et du 'good cops', elle avait pas mal commencé et Elwyn avait bien suivi. Au pire, elle pouvait simplement commencer en étant habituelle : froide et sèche et voir par la suite comment cela se profilait. Au mieux, la jeune serveuse répondrait honnêtement à toutes ses questions et tout marcherait comme une horloge bien huilée. Elle l'espérait.

Freyja prit une autre gorgée de café avant de le reposer sur la table. Elle posa ses avant-bras dessus et joignit le bout de ses doigts. Elle tenta un sourire avant de commencer. Elle avait pris soin de mettre les questions dans l'ordre dans sa tête avant de venir pour éviter d'être prise au dépourvu :

- Marla, si je peux vous appeler par votre nom, depuis combien de temps connaissiez-vous Sue Parker ?

Elle espérait ne pas trop la brusquer : la police locale lui avait un jour dit qu'un agent s'était fait taper dessus car il avait demander à une mère de famille si elle avait eu une liaison avec le coupable d'un vol quelques années auparavant. La jeune femme savait également d'expérience, que les policiers n'étaient jamais les bienvenus quand il s'agissait de poser des questions. Certaines personnes refusaient même de leur ouvrir la porte, quand ils ne sortaient pas leur fusil personnel pour les menacer. Hum, que de mauvais souvenirs... Mais pour l'instant, malgré un petit flottement à leur arrivée, tout s'était passé plus ou moins bien. Elle prit tout de même note que la blague de la bombe était à bannir définitivement. En fait, toute blague de ce goût-là était à bannir définitivement... la prochaine fois, elle se contenterait de l'éléphant bleu dans le ciel. En plus, comme il faisait tout le temps beau, le ciel était tout le temps bleu et c'était un temps idéal au moins pour faire cette blague. Essayez de faire la même en Islande... Il faut faire celle de l'éléphant gris... Digression mise à part, il fallait qu'elle se concentre sur la jeune serveuse en face d'elle.
Il faudrait qu'elle soit courte : ça ne fait pas déjà une très bonne pub à un café qu'une serveuse se fasse dépecer, si en plus, la police (car pour la plupart des habitants, la section Herinnen n'était qu'une branche de la police) débarquait, elle craignait fortement pour l'avenir de ce café. Elle se demandait vraiment quels genre de relations existaient entre Sue et Marla. La jeune femme avait l'air plutôt ouverte et simple, elle aurait pu s'entendre avec n'importe qui (enfin, presque) et les deux filles semblaient avoir travaillé ensemble un bout de temps. Freyja savait qu'elle apprendrait beaucoup sur le passé de la victime et, si cela se trouvait, elle pourrait peut-être tenir le Torien qui lui avait fait ça. Certains aimaient 'sortir' avec leurs victimes pour ne pas avoir à se débattre quand ils se nourrissaient... Les enflures.
Mais alors, un soupçon effleura la directrice... Et si c'était elle ? Oui, c'était une possibilité : après tout, elle venait de débarquer en Australie, elle n'était pas accoutumée aux Toriens d'ici. Si cela se trouvait, elle était, en ce moment-même, en face d'une Torienne qui, vu son bronzage, venait juste de se nourrir. Peut-être s'était-elle trompée de cible et que le jeune homme assis plus loin, était innocent...
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Elwyn Sweeney
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Elwyn Sweeney

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MessageSujet: Re: Investigation   Investigation EmptyJeu 24 Fév - 12:21

Vue leurs personnalités respectives, ou du moins ce qu’elles en laissaient paraître, Elwyn aurait plus tendance à jouer le gentil flic. Dommage, elle songeait qu’elle pourrait aussi bien se débrouiller dans le rôle du mauvais flic…dans tous les cas elle improviserait en fonction de la situation. L’impro’ était sa spécialité.
Visiblement la pauvre Marla était mal à l’aise, peu étonnant. Mais son attention se reporta sur le jeune homme face à elles. Le gars le plus suspect du Café (après Freyja et elle-même bien entendu…), il est vrai que sa présence la mettait mal à l’aise également, il était rare d’avoir un public lors d’une interrogation. Surtout un public indésirable. Mais elle supposa que sa patronne l’aurait renvoyé chez lui depuis belle lurette s’il avait vraiment était une gêne. Autrement dit, elle voulait garder un œil sur lui.
Bien sûr ! Qu’elle est trop forte la Patronne.
Comme on le dit, la Patronne a toujours raison. Il faudrait donc qu’elle s’incommode du garçon qui se trouvait derrière elle. Mais pur l’heure, autant mettre les points sur les « i ».

_ Bien sûr qu’il reste ! Sage comme une image même !

Elle lui fit son plus beau sourire. Qu’il l’a croit sincère ou pas n’était pas son problème, le but était de donner l’illusion à Marla que tout était sous contrôle. Elle priait pour qu’il n’y ait aucune confrontation. La bagarre n’a jamais été son fort…comme tout quelconque effort physique d’ailleurs. On lui avait souvent fait la morale lorsqu’elle s’est engagée à Herinnen, car n’importe quoi pouvait lui arriver. A ceux là, elle répondait généralement qu’Herinnen serait certainement la chose la plus intéressante qui pouvait lui arriver.
Bref, revenons à la gravure de mode.
Elle se détourna et laissa la Patronne ouvrir le bal.
Depuis combien de temps connaissez-vous la victime. C’était dans la liste des dix premières questions à poser pour commencer. Elle s’en souvient encore, elle avait apprit la liste par cœur lors de sa formation. On devait poser des questions simples, banales qui permettrait de bavarder un peu avec l’interrogé afin de gratter petit à petit les informations qui nous intéresse. On peut pas balancer d’un coup « Avez-vous tué Mr X ? » quand on n’a aucune preuve. Bien qu’elle ait connu des flics qui utilisait cette « technique ». Elle l’a trouvait personnellement flippante, sans compter que ceux qui l’utilisent sont souvent flics depuis des années et qu’ils marchent à l’instinct avec les personnes, cet instinct animal, comme un sixième sens qui te permet de voir juste sur le ressentit de la personne en face de toi.
Du point de vue d’Elwyn, ce genre de techniques pour le manque de logique scientifique, ne l’attirent pas. Habituée des chiffres alignés méthodiquement sur une feuille de papier, « l’instinct » était une chose qui lui était inconnu. C’était généralement pour cela qu’on la paire avec des gens plus expérimentés ou plus prudents qu’elle.

Bon, pour l’heure récitons son cours. Vue la façon dont est morte Parker Sue, un nombre incalculable de questions peuvent être posé. Mais le but d’Herinnen est de savoir QUI. La prochaine question étant à elle, il fallait en tenir compte.
Elle était à peu près dans la même tranche d’âge que Marla, aussi, dit-elle d’un ton détendu, comme si elle parlait à une amie.

_ Vous sortiez de temps à autre avec Sue ? Avait-elle fait de nouvelles rencontres ces derniers temps ?


Elle espérait parvenir à la rendre à l’aise, transformer une situation pas banale n’était pas si facile, surtout lorsqu’on est dans la police. Cela revient à tenter de transformer le plomb en or, autrement dit, c’était mal barré. Le résultat sera soit mauvais, soit tordu. Dans son cas, elle estimait qu’un résultat tordu était un bon résultat, mais passons.

Lorsqu’elle prononça les mots « nouvelles rencontres » elle se retint de regarder en direction de la gravure de mode (mince, il faudrait qu’elle lui demande son nom…). Cependant son mal aise ne l’a quittait pas. Elle n’en laissa rien paraître, étant habituée à projeter l’image de « l’adolescente insouciante » mais elle prit soin de jeter quelques regards à sa Patronne. Non pas qu’elle soit doué pour les dialogues muets, mais à ce moment précis elle devait se fier, voire même se synchroniser, aux réactions de sa Patronne.
Enfin, si cela se trouvait, elle s’inquiétait pour peau de banane. Dans tous les cas, c’était pour cela qu’elle faisait équipe avec des personnes plus aguerries qu’elle, se fier à sa Patronne restait donc la meilleure chose à faire.

Cette dernière semblait surtout interloquée par Marla. Elle suivit son regard. A ses yeux, Marla n’était pas d’une grande importance. Que dire ? Il n’y a rien de plus banal dans les environs qu’une jeune femme bronzé, tentant de gagner un peu de sous en faisait serveuse avant d’éventuellement passer ses fins de journées à la plage…
La plage…
Eh mince, elle y repensait encore.
Non, décidément, Marla lui semblait normale. C’était pas elle qui le disait, mais l’appareil photo ! Car si le client à l’arrière apparaissait comme un dieu grec, Marla, elle, n’était pas dans ses meilleurs jours. Quoi de plus normal lorsqu’on est prit en traitre par un appareil photo ? Certes, cette seule piste ne devait pas pour autant brouiller le reste, mais c’était la plus plausible qu’elle avait pour l’instant.

Décidément, ce job allait la rendre folle, s’il fallait se méfier de tout le monde à présent…Oui, c’était du domaine de la folie de ne plus avoir confiance en personne. Bon tout compte fait, elle allait revenir à son état d’esprit de départ, c’est-à-dire « que Dieu nous garde » ! Oui, son insouciance la perdrait un jour, mais elle avait toujours envié les imbéciles heureux.

Rofl, faites que tout se termine vite, qu’elle puisse aller se baigner !

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