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 ... L'abysse le scrute à son tour.

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Freyja Eriksson
Membre de la Section Herinnen

Freyja Eriksson

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MessageSujet: ... L'abysse le scrute à son tour.   ... L'abysse le scrute à son tour. EmptyMar 14 Juin - 11:16

PNJ : Dylan J. Lawrence, 37 ans, officier de la police d’Espérance.

Comme d’habitude, à Espérance, il fait chaud. Sacrément chaud. Le seul réconfort qu’on ait, c’est le doux vent qui souffle dans vos cheveux trempés par la sueur et la clim des magasins dont les portes s’ouvrent dès qu’un client en sort.
Ma situation présente ne m’aide pas à aller mieux. J’essuie la sueur qui coule devant mes yeux d’un geste brusque du revers de ma manche. Il ne faut pas que je sois déconcentré. Si je rate mon premier coup, j’ai tout raté. Il faut que je reste concentré.
Ah, ça, concentré, je l’ai été. Longtemps. Je ne sais plus combien de mois ça fait que ces putains d’Islandais à l’accent horrible ont débarqué mais ils m’ont ouvert les yeux.

Nous sommes entourés par des monstres.

Ils sont partout. C’est eux qui font tout le mal sur Terre.

Nous sommes entourés par des monstres.

Je le sais, je suis sur la trace de l’un d’entre eux. Il n’a pas l’air comme ça, mais c’est un monstre lui aussi. C’est pas parce qu’il a un corps de dieu et une gueule d’ange que c’est pas un monstre. Je dirais même que c’est un monstre pire que les autres. Les genre enjôleur et redoutable.
Je l’ai suivi. Je le suis partout. J’ai pris des photos. Elles sont floues, mais je sais que c’est un monstre. Ils appellent ce genre de monstre des ‘Toriens’. Moi, ça m’importe peu comment ils s’appellent, il faut qu’ils disparaissent. C’est les Islandais qui ont dit.
Il faut que je l’arrête. Personne d’autre que moi, MOI, ne peut l’arrêter.
Il ne se doute pas de moi. Peut-être pas. Pas trop, pas encore.

Mais récemment, il fait plus attention. Comme s’il sentait mon regard perçant dans sa nuque. Il se trimballe avec un autre monstre. Celui-là a l’air plus dangereux.
J’en ai pas encore parlé aux Islandais parce que je dois le tuer et personne d’autre ne le fera.

Aujourd’hui, je suis décidé. Ça doit être aujourd’hui ou jamais. Je dois lui mettre une balle dans sa jolie bouille. Trouer sa peau.
Il est presque midi et ça doit faire deux heures que je marche, en essayant de feuilleter un journal, comme si rien n’était. Il fait chaud. Mon uniforme me colle à la peau mais je ne peux détourner le regard des deux hommes un peu plus loin.

Nous sommes entourés par des monstres.

Dès fois, ils jettent un oeil par-dessus leur épaule. Je me détourne. Mais je crois qu’ils m’ont déjà remarqué. Tant pis. Je dois agir aujourd’hui. Avant qu’on ne soupçonne ce que je fais. Déjà, le chef me dit que j’ai perdu du poids et que j’ai des cernes. Mais je m’en fiche. Je ne laisserais pas ces monstres tuer encore. Il parait que c’est eux qui ont tué les trois gamins. C’est les Islandais qui ont dit.

Il est près de midi et la chaleur atteind son paroxysme. Je me gratte la nuque d’un geste nerveux. Je sue encore et le soleil me tape dans le dos.

Ils traversent les rues d’un pas nonchalant mais je sens un peu de nervosité. Parce qu’ils ont vu que je les suivais. Les rues sont bondées, ils croient pouvoir m’échapper. Mais non. Ça fait trop longtemps que je les suis. Je ne peux pas rater ses cheveux rouges.
Les gens me regardent étrangement. Je laisse le journal sur une table pas loin. Je m’en fiche. Tout ce qui m’occupe, c’est de suivre les cheveux rouges. Mon pistolet est tranquillement chargé dans mon holster sous mon bras. C’est normal d’avoir une arme en pleine rue, je suis policier. Je vais faire la justice, rien de plus.

Je pousse quelques personnes qui n’osent pas répliquer. Je suis la Loi ici, on me doit respect et obéissance. Mon coeur bat la chamade dans ma poitrine. J’ai hâte. Je ne dois pas le louper. Le premier tir doit être le bon.
Doucement, avec une certaine raideur, ma main glisse vers mon holster. Mes doigts se saisissent du manche, se resserrant peu à peu et...

Oh, les fourbes ! Les monstres ! Les...

Ils se sont engouffrés dans le super-marché du coin, comme ça, d’un coup, sans le moindre avertissement. Je fulmine. Je sens la chaleur me monter au visage et j’ai envie d’hurler. Merde ! Je ne peux pas les perdre, je ne peux pas les perdre ! Ils sont à moi, je dois les tuer.
D’abord les cheveux rouges. Puis l’autre. S’il m’embête.

Le super-marché est pas mal rempli à cette heure-là. Je jette un coup d’oeil rapide à travers la vitrine. Pas d’Islandais. Parfait. Je suis la Loi, on doit me respecter.

Je peux faire c’que j’veux.
Et là, maintenant, j’veux les tuer.

J’entre en saluant Herbert qui me reconnait. Il connait tout le monde. Mais alors que j’arrive au niveau de la caisse, je les ai en plein dans ma ligne de mire. Ils sont là, dans ce rayon. Je n’ai qu’à tirer et je les aurais. Personne d’autre ne sera blessé.

Je dois les tuer. Ce sont des monstres. Ça fait trop longtemps que j’en ai envie.

Je dégaine mon arme sans même y réfléchir, j’écarte les jambes pour l’appui, comme j’ai appris à faire depuis si longtemps et, sans sommation, je tire.

Je les aurais.



Prochaine réponse : Gabriel
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Gabriel Gainsbourg
Torien

Gabriel Gainsbourg

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MessageSujet: Re: ... L'abysse le scrute à son tour.   ... L'abysse le scrute à son tour. EmptyMar 14 Juin - 20:55

Gabriel passa nerveusement sa main dans ses cheveux rouges et retient un soupir d’exaspération. Il ne comprenait pas comment il avait fait pour en arriver là. Il avait pourtant la sensation d’avoir respecté autant que possible les règles de discrétion des Toriens. Ou alors le flic était amoureux. Ouais. C’était sans doute ça. Ca expliquerait pourquoi il le suivait partout depuis quelques jours.

Le jeune Torien arborait d’énormes lunettes de soleil aux verres rouges, et sa
secrétaire l’avait dissuadé de justesse de mettre une fausse moustache un chapeau et un imperméable. Selon elle ce n’était vraiment pas la tenue inspirant le plus de discrétion.

Par mesure de sécurité Gabriel avait utilisé son regard de chien battu pour demander à Lester de bien vouloir l’accompagner.

Je suis trop faible moi, avait-il dit non sans en faire des tonnes, imaginons qu’il veuille me tuer ou pire, me violer, qu’est ce qu’on ferait ? Je veux dire… Ce serait bête que toute ma fortune se trouve ainsi gaspillée sachant que mon testament stipule bien que je veux faire don de tout ce qui m’appartient à l’Abbé Pierre après ma mort.
C’était évidemment faux, mais Lester avait accepté de venir voir avec lui de quoi il en retournait. Est-ce que ce flic qui n’avait pas l’air d’être le plus futé d’entre eux, avait réellement put découvrir l’identité de l’un des Toriens ?

Midi.

La chaleur étouffante en devenait presque oppressante. Ou alors peut être était-ce seulement dut à cette sensation d’être sans cesse épié.

Alors qu’ils s’arrêtaient à un passage clouté Gabriel fit mine d’observer l’état de sa coiffure dans un miroir de poche pour regarder discrètement derrière lui.

-Technique n°5 du bon agent secret, lança-t-il sur le ton de la plaisanterie à Lester, debout à ses côtés.

Puis, soudain étrangement sérieux il ajouta :

-Merde. Il est toujours là. Faut vraiment qu’on se barre.

Ils traversèrent la rue en pressant légèrement le pas. L’air de rien. Se mêlant à la foule pour mieux passer inaperçu.

Gabriel sentait son rythme cardiaque s’accélérer.

Résultat physique du à leur marche plus rapide, à la sensation d’angoisse qu’il éprouvait et peut être aussi un tout petit peu à toutes ces peaux délicieusement bronzées qui gravitaient autour d’eux.

Il soupira, exagérément cette fois ci.

Comme ça, il avait tout de l’adolescent contrarié.

-J’en ai putain de marre de devoir vivre comme un parasite.

Constatant qu’il avait peut être parlé légèrement trop fort il baissa radicalement la voix et rajouta :

-Sérieusement, merde, je vois pas ce que j’ai pu faire pour avoir un trimard pareil collé aux bask’. Qu’est ce qu’on est censé faire ? Se laisser mourir de faim parce qu’on n’est pas comme eux ? Fais chier merde.

Lester mit fin à sa tirade en lui indiquant d’un signe de tête discret le supermarché.

Gabriel se retient de lui sauter dans les bras, un reflexe qui devenait ces derniers temps un peu trop fréquent chez lui.

Il affichait un sourire satisfait et songea distraitement qu’avec un peu de chance, en plus de semer son poursuivant, il pourrait racheter des oranges –sa réserve personnelle étant fortement diminuée, pour ne pas dire épuisée.

Il enfonça ses mains dans les poches de son jean taille basse et adapta le rythme de sa marche à celui de Lester.

Surtout, avoir l’air le plus normal possible. Ne pas attirer l’attention sur eux.

Il fixa d’un air morne le bout de ses Docs Martens, dans lesquelles d’ailleurs, il étouffait de chaleur.

Ils s’engouffrèrent dans le supermarché.

-Waaah… Gabriel ferma quelques secondes les yeux de soulagement. La climatisation est vraiment une invention géniale… murmura-t-il pour lui-même.

A cette heure si, les rayons étaient noirs de monde.
Les deux Toriens se faufilèrent entre les gens avec l’agilité et la discrétion de deux chats sauvages.
Gabriel aurait presque pu se sentir soulagé.
Presque.
Un coup de feu retentit avec violence, se répercutant bruyamment sur toutes les cloisons du magasin.
Gabriel se baissa instinctivement.

- OUAH ! PUTAIN !

Il jeta un regard par-dessus son épaule.

Le filc.

-PUTAIN DE BORDEL DE MERDE ! IL EST COMPLETEMENT MABOULE OU QUOI ?

Regard à sa gauche.

Lester était là. En un seul morceau.

Soulagement.

Gabriel se faufila derrière un étalage de céréales au blé complet, idéales pour
garder la ligne si l’on en croyait ce qui était écrit sur les boites.

Le flic tira encore.

Gabriel ferma les yeux par réflexe.

Le supermarché était prit d’un vent de panique qui brouillait complètement ses sens.

Les hurlements empêchaient son ouïe de fonctionner correctement.

Au troisième coup de feu il rouvrit les yeux et chercha Lester du regard, tentant de lui demander par la pensée ce qu’il advenait de faire dans de telles conditions.

Je suis juste un putain d’homme d’affaire moi, je suis pas un ninja ou je sais pas quoi. C’est juste mon fric qui compte merde, c’est pas moi qui devrait être là en train de me faire fusiller.

Fidel à son caractère extrêmement téméraire Gabriel chercha des yeux un moyen de s’enfuir. Vite. Il s’en foutait si la moitié des humains venus faire leurs courses en toute innocence devait y passer à cause de lui. Il s’en foutait totalement. Il n’avait absolument pas l’intention de mourir.

J’ai encore trop de beaux jeunes hommes avec qui coucher.

Soudainement une idée lui traversa l’esprit. Quelque chose qui ne l’avait jusqu’alors absolument pas alarmé parce qu’il ne c’était jamais imaginé qu’il se retrouverait dans cette position délicate.

Ce flic, visiblement complètement dingue, s’évertuait à lui tirer dessus. Si quelqu’un, n’importe qui, se rendait compte que c’était lui la cible de cette fusillade, il était fichu. Herinnen ferait le lien avec son état de Torien plus vite qu’il ne fallait de temps pour le dire. Et deux ou trois prélèvements sanguins plus tard c’est sa peau qu’on lui prélèverait, et ce en intégralité, afin de mettre fin à ses jours en bonne et due forme.


Pour la première fois depuis son arrivée à Espérance, et sa découverte de l’existence d’Herrinen, Gabriel redouta vraiment ce qui pourrait lui arriver.
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Lester Hopkins
Torien

Lester Hopkins

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MessageSujet: Re: ... L'abysse le scrute à son tour.   ... L'abysse le scrute à son tour. EmptySam 18 Juin - 16:18

Bon sang. Quand Elmo lui avait fait part de ses inquiétudes, Lester avait souri. Herinnen ne pourrait pas attaquer un Torien en plein jour tout de suite. Ils étaient forts, certes, mais ils ne connaissaient par encore assez bien la situation pour l'attaquer.
Mais, Elmo, avec sa délicate fourrure rouge, ses lunettes de la même couleur et ses très étranges (et effrayantes) chaussures noires, lui avait apparu presque déboussolé. Il était si mignon que Lester n’avait pu résister.
Il accepta le l'accompagner en ville pour repérer l'individu louche qui le suivait. Par précaution et par habitude, il chargea Vassili et Mago de le couvrir si ça dégénérait. Rien de tel qu'un bon coup de mitraillette pour effacer les problèmes persistants.

La journée va être longue... pensa Lester.

Le petit vent qui caressait Espérance lui avait permis de remettre ses habituels costumes chics. Il avait opté pour une de ses tenues préférées. C'était un complet noir (2000 £ chez Versace) dont il avait laissé tombé la veste. Il n'avait gardé que le gilet noir à deux boutons en argent et la chemise grise. Ajoutés à sa perruque noire aux reflets blancs, cela lui donnait un air assez inquiétant. Parfaitement désiré, bien entendu.

Tandis qu'il marchait aux côtés d'Elmo, il jeta un coup d’œil à sa montre squelette en platine (Tourbillon platine, collection De Ville chez Omega. Prélevée sur le cadavre d'un émir qui l'avait achetée pour deux bonnes centaines de milliers de dollars). C'était l'heure de pointe. L'heure où tous les badauds sortaient prendre l'air et fréquenter d'autres petites gens. Diable. Il fallait rentrer.
Le téléphone (Royal Black Diamonds, collection Avantgarde de chez Gresso, acheté pour 46 200 $) de Lester vibra. Un message de Vassili.
"Vous êtes suivis. Il est armé. Semble vieux et dérangé. Individu potentiellement dangereux. On s'occupe de lui ?"
Lester chercha ses hommes du regard et aperçut Vassili assis à un café. Il lui fit non de la tête.
Pas maintenant. La situation était trop risquée. Ils se débarrasseront de lui cette nuit.

Lester rangea de téléphone et indiqua à Elmo le chemin du supermarché. Non pas qu'il s'agissait d'un endroit plus sûr mais il avait envie de fraîcheur. Il se sentait de plus en plus mal.
Car, oui, Lester n'était pas au mieux de sa forme.
Dire que le Torien avait consommé de la drogue était un abominable euphémisme. En réalité, Lester était complètement défoncé.
Ceci expliquant pourquoi il voyait Sesame Street et les Muppets traînasser autour de lui. Et pourquoi toutes les phrases que prononçait Elmo lui arrivaient sous la forme de chansons paillardes quasi-incompréhensibles.

- Jean Nez, prends l'train à la gare des lavoirs Comba'azite !

- Hum. Certes, Elmo, répondit Lester au hasard.

Il remarqua le supermarché. Un bon choc thermique entre l'air extérieur et la climatisation de la boutique lui ferait le plus grand bien.
Il désigna la place à Elmo.

Après un effort considérable à se tenir debout et marcher un tant soit peu normalement, Lester parvint aux portes automatiques du magasin.
L'air frais lui remit les idées en place. Temporairement.
Le magasin était bondé. Mauvais choix. Vassili et Mago étaient dehors. Ils ne pourraient pas tirer sans risque pour ces abrutis.
En regardant derrière son épaule, il reconnut le problème. Ils ne devaient pas rester là. Mieux valait continuer d'avancer à travers la foule.
Il se tourna pour agripper Elmo quand il vit Bert de Sesame Street ajuster sa cible avec son revolver.
Bert tira.

Il suivit Elmo qui courait se réfugier dans un rayon. Il choisit de se placer dans le rayon opposé, par rapport au couloir.

Merde.

Elmo faisait facilement un bon mètre quatre vingt. Et Lester ne faisait guère plus d'un mètre soixante quinze. Le cinglé visait Elmo, Lester était derrière lui.
Et il parvenait QUAND MÊME à se prendre la balle qui ne lui était pas destinée ?

MERDE !

Il passa la main sous son gilet. Du sang. Mais pas énormément. Il avait un gros bleu et de nombreux éclats métalliques s'y étaient logés.
Il eut une profonde angoisse.
Non. Pitié !
Il retira ce qu'il restait de la petite boîte à cigarillos en titane et argent massif de sa poche. C'est elle qui avait pris la balle.
Cette dernière l'avait explosée, elle et cinq des six cigares qui dormaient à l'intérieur.
Il retira le dernier cigare et le place dans sa main. Il en aurait presque pleuré. Du beau gaspillage.
Bert avait pourri un de ses costumes préférés. Bert lui avait pourri ses meilleures cigarillos.
Bert devait le payer.

Il essaya de se lever mais retomba.

Lester n'avait plus de force.
Sa tête le compressait et sa migraine était revenue.
Partout autour de lui résonnait les cris et les pleurs. Il flottait dans l'air cette odeur de peur et de haine, celle de l'humanité redevenue animale. Ça lui rappelait des mauvais souvenirs. De très mauvais souvenirs. Ceux du laboratoire 19. Même si cette sensation désagréable qui le parcourait (probablement le Bad Trip) était loin d'être aussi éprouvante que celle de l'époque.
Toujours est-il que c'était suffisant. Lester ne supportait pas les situations comme ça.
Il avait envie d'étriper Big Bird à côté de lui qui hurlait et gigotait répandant partout dans le rayon l'ignoble fumet de son parfum bon marché. Il avait envie de tordre le coup à cette peluche verdâtre dont il ne se rappelait plus le nom et qui faisait couler son maquillage sur le carreau.
Oui. Il avait envie de tous les tuer. Hommes, Femmes, Enfants, Toriens, Elmo. Pourvu qu'ils se TAISENT !

Lester souffla. Du calme. Il lui fallait reprendre son calme. La psy lui avait dit que ce genre de situation avait le don le rendre fou. Donc, du calme.
Elle lui avait dit aussi que consommer des drogues et de l'alcool augmenterait le risque.

Lester ouvrit les yeux.

- Hu hu hu.

Il afficha un énorme sourire. Il s'était réfugié dans le rayon spiritueux sans le remarquer.
Jackpot.

Il croqua le bout du cigare et le recracha dans la poche de la robe immonde que portait Big Bird. Il alluma le cigarillo avec le briquet qui traînait dans sa poche.

Topo de la situation.
Un Muppet fou armé. Un Muppet à protéger jusqu'à ce qu'on ait pillé son compte. Un tas d'autres Muppet inutiles et gênants.

Son téléphone vibra.
"Aucun angle de tir. Tu vas devoir te débrouiller seul pour le moment."
Pas de problème.

Il saisit une bouteille dans son dos. Vodka, 37,5°. Parfait.
Tout n'allait pas si mal en fait. C'était même très bien. Sa migraine avait disparu. Il avait de l'alcool, du tabac. Et il allait pouvoir tuer des gens.

Il dévissa le bouchon de la bouteille et en prit une lampée. Puis il se leva.

- On va s'amuser.
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Hanna
Habitant

Hanna

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MessageSujet: Re: ... L'abysse le scrute à son tour.   ... L'abysse le scrute à son tour. EmptyDim 19 Juin - 4:27

« Fifa, pro évolution soccer »… le jeune homme hésita quelques instants ; achetez un jeu de foot lui faisait envie, mais en même temps plein d’autres jeux l’attiraient. Un peu plus loin dans le rayon, il avait repéré un boitier de Diablo et un nouvel opus de Age Of Empire ; jeu de sport, rpg ou stratégie, tout cela le laissait perplexe. En temps normal, sa préférence serait allé tout de suite au jeu de rôle, mais un jeu de foot bien difficile pourrait avoir une durée de vie un peu plus longue.
Le jeune homme soupira ; cela faisait une heure qu’il comparait tout les jeux vidéos dans ce petit supermarché de province ; des éditions de « Donjon » et de « Dynastie » l’attiraient. Ces jeux n’étaient pas connus et il se disait que cela pouvait être fun de les essayer.

Il soupira à nouveaux, et frissonna un peu ; décidément il ne s’habituerait jamais au clim. Il avait horreur de ça (il avait toujours eu horreur de ça) ; Whouah, terrible qu’on mette de la clim pour rendre une pièce plus froide qu’en hivers alors qu’il fait un temps magnifique dehors ; ca le tuait le Hanna. A moins que le but soit de tuer les tourismes via des rhumes assassins…

*Bon, je les prends tous, ca m’occupera*
;

Ces vrais qu’il pouvait se payer cinq six jeux si ça lui faisait plaisir. Il aurait même pu acheter tout les jeux présents, et même le magasin, mais il fallait rester discret un minimum. Son père le cherchait quand même…

*Bon et maintenant une bouteille de jus d’orange bien fraiche et je vais me baigner*

D’ailleurs il était déjà quasiment en tenue. Il portait un short de bain d’une couleur gris clair, et une chemise à peu près pareil, qu’il n’avait pas attaché. Sa silhouette sportive et fine était bien mise en valeur, ce qui était toujours agréable quand on a 20 ans. Avec un air décontracté et innocent (enfin, comme d’habitude quoi) il s’approcha du rayon frais. Sa vision fut alors attirée vers la caisse où un homme venait de sortir un flingue.

*Encore un Arrow, les gens peuvent pas acheter autres choses que cette daube pour se défendre ?*

Il se fit plus tard la remarque que quand quelqu’un sort une arme, le plus sage était de se mettre à l’abri avant de pester sur la marque de son paternelle.

Un premier coup de feu partit. Il eut le mérite de le dégeler. Le jeune homme se jeta sur le coté et s’abrita derrière un rayonnage. D’où il n’était il ne pouvait pas voir qui l’homme visait, mais il semblait décider… pas de chance il s’y prenait comme un pied. Sa position de tire était très académique, comme on apprend chez les flics, mais pas franchement efficace. Son bras était trop haut, son torse trop bombé, il offrait de grandes possibilités de répliques et baissait son angle sur le haut du corps. Et même si on sentait un homme décidait, on voyait qu’il avait peur, que c’était la première fois qu’il osait tirer comme ça sur un autre homme, en publique. Rien à voir avec la jeune femme qu’il avait rencontré il y a peu. Ce type ne pouvait travailler pour elle, c’était pas imaginable.

Encore une fois, Hanna se sentit tout con d’analyser la scène plutôt que d’agir. Très peu de temps s’était écoulé mais c’était stupide ; un homme allait se faire tuer, il fallait réagir. Pour éviter un ou plusieurs morts. Sa main se posa là où aurait du se trouver son arme, mais rien ; terrible. Les vacances c’étaient vraiment dangereux. D’où il était, avec une arme, il aurait pu atteindre le flingue du tireur et régler la situation, mais non, son arme était à l’hôtel. En même temps, dans une ville avec des flics d’élites, il pensait vraiment être à l’abri. Bref, tout génie qu’il est, Hanna se sentait très con et s’en voulait à mort.
Sur le rayonnage derrière lequel il s’était abrité trônaient des boites de conserves. Bon, ça valait pas une arme à feu ou un katana, mais il avait rien de plus redoutable sous la main. Il était assez proche pour le touchait, oui surement. D’où il était, il pouvait toucher l’arme. Bon, ça n’arrêterait pas forcément la fusillade, mais au moins la personne visée aurait un peu de répit.

Alors il attrapa une conserve, et se leva par-dessus le rayon avec l’allure d’un marine jetant une grande dans un film de guerre hollywoodien. L’homme ne réagissait d’ailleurs pas, seule sa cible comptait. Un vrai obsédé ce type.
Et la conserve s’envola dans le ciel…
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Freyja Eriksson
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Freyja Eriksson

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MessageSujet: Re: ... L'abysse le scrute à son tour.   ... L'abysse le scrute à son tour. EmptyMer 22 Juin - 11:36

Espérance, midi, au Woolworth.

C’est une triste histoire d’être humain, tout de même. Non seulement nous avons une condition humaine qui est triste, l’enfermement, l’ennui pascalien, tout ça... Mais en plus nous devons nous nourrir. C’est extrêmement triste. Car se nourrir, ne veut plus aller dire chasser comme aux temps anciens, mais bien aller faire des courses.
Malédiction purement humaine.
Les Toriens ne font pas les courses comme nous. Quand ils se rendent dans les supermarchés, c’est seulement pour leur accompagnement. Pour le reste, ils sortent juste dans la rue.

Freyja Eriksson, elle, comme tous ses compatriotes humains, faisait ses courses.
Il fallait bien choisir, Mikaëls faisait déjà le chauffeur, le laveur de linge, le repasseur etc... alors elle devait faire quelque chose. A part diriger Herinnen, tuer des Toriens etc.
Donc, elle se trouvait là, dans le rayon ‘lait’, liste à la main, brique dans l’autre.

- Demi-écrémé... lut-elle.

Elle avait horreur du lait demi-écrémé. Pourquoi Diable devait-elle faire ses courses en même temps que celles de son bras droit qui, apparemment, ne savait pas se nourrir correctement ? A quoi servait du lait demi-écrémé ? Ça voulait juste dire que les gens avaient fait leur boulot à moitié ! Et cette horreur valait plus cher que le lait pas du tout écrémé qui était mille fois meilleur.
La jeune femme rajusta ses lunettes de soleil sur son nez. Ce n’était déjà vraiment pas facile d’essayer de passer incognito dans une petite ville où elle avait déjà été arrêtée, avec un bandeau sur l’oeil. Mais faire ses courses, des lunettes de soleil aviateur, c’était nettement moins facile !
... Surtout que, niveau passons discret avec un costard noir, chemise blanche, ruban rouge autour du cou, il y avait mieux. Heureusement, elle n’avait pas apporté sa mallette et n’avait qu’un Beretta 92 dans le holster sous son bras. Autant vous dire que, sans la clim, elle aurait fondu tout d’un bloc.

Freyja Eriksson prit deux briques, une de lait demi-écrémé et l’autre de lait avec toute sa crème originelle et, la liste sous le bras les déposa dans le caddie qui trônait glorieusement à côté d’elle.

Mais ! Mais n’oublions pas que Freyja est maudite. Donc, là où Freyja se trouve, une catastrophe va se dérouler d’une minute à l’autre.
Cette fois-ci, ce fut un coup de feu.

Comme ça, au milieu de la chaleur, de l’air conditionné, des aliments, des marques commerciales et des gens insouciants, un coup de feu, une détonation presque soude. La jeune femme sursauta, puis, se rassura et marmonna en finissant de poser sa brique de lait demi-écrémée dans son caddie :

- Oui, oui, j’arrive... fit-elle d’un air exaspéré.

Puis, la clameur, les cris de stupéfaction des gens l’entourant la ramena à la réalité. Elle n’était pas sur les bancs d’entraînement de l’école de police. Tout n’était pas sous contrôle et, à vrai dire, on pouvait même affirmer que c’était la panique totale.
Freyja sentit ses muscles se tendre à nouveau et releva la tête, les sourcils froncés, analysant la situation.
Elle venait de voir une foule partir dans tous les sens désordonnés : le tir avait touché quelqu’un sans aucun doute et il y avait fort à parier qu’il s’agissait d’un hold up ou quelque chose du même genre. La jeune femme se félicita d’avoir prit son arme. Avec un peu de chance, il s’agissait de pauvres manants endettés qui auraient peur de son flingue. Manants... ... ... Réflexe : chevalier blanc dans son armure brillante. Freyja en mode /jevaissauverlemondec’estpapaquiadit.
Elle remonta le rayon, bousculée par des personnes qui n’avaient rien à faire avec ces coups de feu qui chamboulaient leur quotidien. Elle les comprenait : elle avait horreur d’être dérangée pendant qu’elle faisait ses courses.

Mettant en application ses années de maîtrise du terrain, elle prit bien soin à ne jamais être à découvert pendant tout son chemin. S’il y avait plusieurs personnes, un seul avait tiré. Peut-être qu’un seul était armé. Cela lui faciliterait grandement les choses.
Un jour, elle aurait un semblant de vie normale.

Mais pour l’instant, elle s’était arrêté derrière le rayon céréales, dos contre des paquets de biscuits pour petit déjeuner plein de céréales et de fruits secs bons pour la santé. Il fallait qu’elle attende au maximum avant de sortir son arme. Jusque là, elle bénéficiait de la débâcle pour passer inaperçue. Son coeur battait la chamade, comme lorsqu’elle était en exercice et qu’elle entendait son professeur lui crier : «Surveille ta zone Eriksson, ta zone, tu vas te faire tirer dessus comme un canard sur un ciel bleu si tu ne surveilles pas ta zone !»
Elle ouvrit sa veste et jeta un autre regard sur le rayon en face d’elle.

Lester était blessé.
Pour lui, ce ne devait pas être bien grave, il avait sans doute subi bien pire, mais il s’était bien fait tiré dessus. C’est pour lui qu’elle avait laissé son lait pas du tout écrémé et passé les rayons parmi une foule en fuite. Pour peu qu’elle n’aurait pas déjà été dans le feu de l’action, elle aurait refermé sa veste et serait partie.
En plus, il avait une bouteille de vodka à la main et un cigare en bouche. Désespérant. Où qu’elle aille, il fallait qu’elle tombe sur lui et qu’elle soit obligée de «s’allier» avec lui pour se sortir d’une situation désespérée. Remarque n° 25476841568 pour elle-même : c’était peut-être lui qui lui portait la poisse après tout.

Mais le soucis, c’était qu’il n’était pas seul de l’autre côté du rayon céréales, devant le rayon liqueurs et autres boissons. Elle se pencha légèrement pour découvrir le canon du Jugband Blues Café, une autre fille qui... qui... ressemblait étrangement à la serveuse dudit Jugband Blues, celle qu’elle avait interrogée la dernière fois. En tout cas, elle en avait le bonnet et Freyja doutait véritablement qu’une autre personne porte ce genre de bonnet en plein été dans une ville côtière. De leur côté, il y avait également deux autres personnes qu’elle ne connaissait pas. Peut-être était-ce à cause de ses $&@ù de lunettes de soleil. Mais celui qu’elle remarqua et reconnut tout de suite après, c’était ce jeune homme, le blond... celui qui habitait dans son immeuble, the Ocean et qui s’appelait... il s’appelait... Enfin, il avait un nom mais elle ne savait plus lequel. Elle avait du mal avec les noms qui n’étaient pas islandais. C’était bien pratique les noms islandais, il suffisait de connaître le père pour pouvoir appeler le fils.
Dans tous les cas la conclusion était qu’elle ne pouvait pas laisser ces pauvres gens alors qu’elle avait de quoi les défendre juste parce qu’ils avaient eu le malheur de se retrouver aux côtés de Lester.

Freyja soupira et retira ses lunettes. Mikaëls allait encore la tuer. Même quand elle était encore censée faire de simples courses, elle se retrouvait mêlée à des affaires dont elle ne saisissait pas encore l’étendue. Elle les rangea dans la poche de sa veste et sortit son Beretta. Elle avait encore le dos contre le rayon et elle ne pouvait pas se pencher pour voir l’individu à maîtriser. Elle ne savait même pas combien ils étaient.

C’est là qu’Hanna lui rendit un grand service. Un jour, elle lui pardonnerait sa curiosité, son génie et sa présence aux endroits où il était susceptible de trop en apprendre. Elle devait avouer qu’elle ne s’était pas tellement souciée de ce qu’il faisait de son côté, mais il s’était pas mal débrouillé. Au début, elle devait l’avouer, le fait de voir une boîte de conserve volante se diriger vers l’endroit où «l’ennemi» se trouvait, elle ne croyait pas tellement à la dangerosité de ce genre de projectiles, mais en entendant la clameur à moitié étouffée qui lui parvint, elle se douta que se recevoir une boîte de petits pois dans la figure ne devait pas faire du bien. Elle penserait à recycler cette technique un jour pour l’une de ses missions.
Cette action lui permit de se rendre compte de la situation. L’un d’eux était sans doute fort déstabilisé et les autres, étonnés. De plus, si elle avait au moins un peu de chance en ce bas monde ils ne l’avaient pas encore remarquée. C’était le bon moment pour sortir.

Une inspiration profonde et la jeune femme se dégagea du rayon céréales et se plaça dans l’allée entre ce rayon et celui des liqueurs. Il n’y avait personne entre elle et l’homme qui se remettait doucement de l’attaque de la boîte de conserve. Ils auraient même pu jouer dans un western. La jeune femme ne perdit cependant pas une seconde et dégaina son arme pour la pointer sur l’homme en face d’elle. Les épaules bien droites, l’oeil valide en train de viser, les bras tendus, la zone vérifiée.
Mais avant de tirer, elle devait procéder à l’habituelle mise en garde :

- Police ! Lâchez votre arme ! Les mains en l’air ! fit-elle d’une voix assez forte pour qu’il puisse l’entendre, même en étant sonné.

Ceci dit, elle ne put s’empêcher de penser qu’un fou qui tire sur une foule dans un super-marché sans raison apparente (ou alors visait-il Lester, dans ce cas-là, il avait peut-être une bonne raison) n’allait certainement pas se rendre parce qu’une pervenche le lui demandait en agitant son flingue sous son nez. Elle se demanda quel modèle il avait quand elle remarqua ce léger détail qui allait mettre tout son plan en l’air.
Lui aussi était de la police.

Voilà, maintenant, les policiers tiraient sur les foules et la police arrêtait la police. Bien, bien, bien. Elle allait devoir expliquer ça à l’ONU et au gouvernement islandais. La surprise lui fit perdre sa ligne de mire et ses bras s’affaissèrent légèrement. Grosse erreur. Elle pouvait de là entendre son professeur lui crier dessus : «Ta ligne de mire, Eriksson ! Y’a que ça qui compte quand on tire, notre ligne de mire !»
Le policier s’était légèrement remis de son choc et la regardait à présent. Il fronçait un peu les sourcils, mais elle avait du mal à le voir clairement.

- Hey ! Mais je vous reconnais !

Non, sans blague, pensa Freyja, t’en voit souvent des filles se promener avec un flingue et un oeil en moins ?

- Vous avez pas le droit de protéger ces monstres ! l’accusa-t-il.

Ça c’est pas faux, mon coco, pensa à nouveau la jeune femme, mais s’il n’y avait encore que des Toriens dans le lot...
Mais cet argument, aussi valable soit-il resta coincé dans sa gorge. Le policier releva le bras et tira. Réflexe ultime, déportation vers la gauche qui ressembla d’ailleurs un peu plus à une vrille qui la déboussola complètement mais qui eut le mérite de lui faire éviter la balle qui alla se ficher dans le mur là où elle aurait du être. Combien de boîtes de conserve allait-on devoir lui lancer dessus avant qu’il arrête de tirer ? Sans doute plus que ce magasin contenait.
Freyja atterrit à moitié dans les bras du client du Jugband Blues Café. Elle le repoussa doucement en faisant comme si de rien n’était et qu’elle ne venait pas de se faire tirer dessus par un autre policier et que son autorité n’avait vraiment rien donné. Elle fit même le geste de remettre ses cheveux derrière ses oreilles avant de se racler la gorge devant le regard effaré des autres spectateurs de sa petite défaite :

- Il était pas d’Herinnen, conclut-elle. Sinon, il m’aurait vraiment eu.
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Elwyn Sweeney
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MessageSujet: Re: ... L'abysse le scrute à son tour.   ... L'abysse le scrute à son tour. EmptyJeu 23 Juin - 9:13

Elle l’avait suivi.

Et pourquoi l’avait-elle suivi ?
Parce que qu’elle se faisait chier tout simplement.

N’allons pas chercher les grandes hypothèses ou les préjugés si souvent donné aux petits génies, comme ces mythes comme quoi ils seraient capable de deviner tout ce que l’on pense, ou encore qu’ils pourrait deviner l’avenir à l’aide d’une suite de calculs.

Non.
Elwyn était, et restait tout simplement la championne pour se mettre dans la merde.

Pour en revenir au sujet, elle se baladait au grès du hasard dans la rue, puis, comme cela la prenait souvent, elle se mit à jouer. Cela pouvait aller du simple défi d’aller demander à quelqu’un le numéro de son chirurgien parce qu’il avait fait un boulot formidable ou au jeu de suivre, au hasard, quelqu’un dans la rue.
Ce fut un homme à haute stature, la quarantaine surement, l’air pressé, le dos courbé qui fût la « victime ». Il semblait quelque peu excité, mais cela n’était pas surprenant, avec la chaleur qu’il faisait n’importe qui pouvait être azimuté.

Et voici notre petite rouquine à l’air serein, ses éternels écouteurs de couleur vert pomme aujourd’hui aux oreilles balançant joyeusement le son de ACDC, I’m on a Highway to hell. La peau doucement dorée par le soleil, elle n’avait fait qu’aller à la plage depuis qu’elle était arrivée, s’acquittant à chaque fois le plus vite possible des tâches qui lui étaient incombées. Du reste, aujourd’hui elle avait misé sur le discret. Une horrible chemise d’un goût très douteux d’une couleur verte pomme flashy parsemée d’Hibiscus de couleurs orangée, la chemise était trop ample pour elle et était sans doute taillé pour être portée par un homme à la base. Un bermuda en jean venait lui serrer les cuisses lui permettant des mouvements plus amples, et ses tongs oranges ornée du même fruit sur les lanières achevaient le délire coloré qui passait dans la rue.
Mais après tout, pourquoi pas ? Elle assumait complètement sa situation de touriste exubérante et personne ne l’en blâmait…Bon il y avait bien les petits coups d’œil de travers du genre « God ! Un extraterrestre ! » mais tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes !

Continuant sa petite poursuite, elle consulta un instant l’heure sur son portable.
Elle allait être en retard.
Parfait !

Elle avait râlé auprès de ses supérieurs parce qu’eux-mêmes avaient râlé à leurs supérieurs sur elle. Mais quelle farce ! Soit disant qu’elle ne travaillait jamais et ne venait jamais aux réunions. C’était faux bien entendu. Elle y était allée une fois dès qu’elle était arrivée…donc elle y était allée !
Bref, après cette délicate sonnerie de cloche par les supérieurs de ses supérieurs, elle avait compris la leçon. Elle irait aux réunions. Mais elle n’avait pas précisé quand, ni si arriver à l’heure était de mise. Aussi comptait-elle y aller avec deux bonnes heures de retard.

Hop ! L’homme entra dans un supermarché. Enfin quelqu’un d’intelligent ! La climatisation intérieure était le meilleur remède à une journée chaude. A peine entrée, son attention fût détournée.

Des gens !

Des étagères remplies de trucs !

Ouaaaaaaaaaais !

Quelle idiote, pourquoi n’était-elle pas entrée plus tôt dans ce supermarché ? En voilà un lieu amusant et intéressant.
Elle était en train de contempler les bonbons aux allures amusantes (un cocotier, une planche de surf…) à la caisse quand les premiers coups de feu se firent entendre.
Dans le réflexe commun, elle et les autres clients se baissèrent. Des cris retentirent, et tout le tralala alors que dans ses écouteurs intervint la musique comique de la Hamsterdance Song ajoutant un tel ridicule à la situation qu'elle ne pût s'empêcher de sourire. On se croirait dans un film américain ! Passé la réflexion du « Trop cool » elle se mit à penser qu’elle devait dégager le plus vite possible elle aussi. La vendeuse était déjà partie.

Bon, foutu pour foutu. Elle attrapa quelques bonbons avant de se mettre en tête de se barrer avec. Puis soudain une voix connue se fit entendre.
Abasourdie, elle osa un regard de derrière la caisse. Aucun doute possible, c’était Freyja face à l’homme visiblement responsable de tout ce bazar.

_ Et merde…

Ça aurait été quelqu’un d’autre, elle serait juste restée dans son coin à regarder le spectacle, mais pour Freyja, elle allait devoir passer du statut de spectateur à celui d’acteur.
Après un bref « Pourquoi moi ? » les yeux tournés vers le ciel. Elle lâcha ses bonbons et chercha ce qui pourrait lui être utile dans la pièce.
Elle n’était pas une grande combattante mais elle était la reine des diversions, et c’était justement ce qui faisait défaut à sa Patronne.

Elle regarda l’heure, là pour le coup elle avait une bonne excuse pour son retard…

Après un bref coup d’œil, elle attrapa le micro d’annonce, prit la voix la plus soft et snob possible avant de l’allumer dans un crissement suraiguë et se faire entendre sa voix.

_ Votre attention s’il vous plaît. La police est en route vers le Supermarché. Je répète. La police est en route vers le Supermarché. Veuillez déposer vos armes et vous rendre sur le champ. Merci.

N’osant pas regarder derrière la caisse, elle osa espérer que la diversion aura eu l’effet escompté sur l’homme, après tout, qui ne serait pas perturbé d’entendre une voix quasi céleste lui annoncer sur le même ton que les promos du saumon au rayon surgelé que la police allait l’arrêter ?
C’est beau d’espérer, elle entendit des pas avancer nerveusement vers elle et une voix lui crier.

_ Hey ! Toi là derrière la caisse ! Sors de là ! Tu essaies de les protéger toi aussi hein ? Sale traitre !
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Ulrich Solenystine
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MessageSujet: Re: ... L'abysse le scrute à son tour.   ... L'abysse le scrute à son tour. EmptyMar 28 Juin - 12:52

Ça arrivait rarement, mais aujourd’hui Ulrich était de mauvaise humeur. De très mauvaise humeur. C’était simple, il était tellement de mauvaise humeur qu’on aurait pu voir un petit nuage noir au-dessus de sa tête tellement il tirait une tête de déterré. Autant vous dire qu’il en devenait verdâtre.
Mais pourquoi donc notre cher professeur Solenystine était-il dans un état pareil ? Tout simplement à cause de sa propre bêtise. Il savait très bien qu’il n’aimait que les filles (l’auteur tient à vous préciser qu’il s’agit là de goûts culinaires, nous parlons bien de manger, hein ?) alors pourquoi était-il allé manger ce mec ?!

Peut-être parce qu’il l’avait supplié. Non pas de le manger, mais bien faire des choses très peu catholiques dont nous parlions un peu plus haut (qui en a parlé, qui ?) C’était le grand frère de la petite fille adorable à qui il donnait des cours particuliers de piano. Autant la fille était attendrissante, autant le grand frère était coincé et les slims ne lui allaient vraiment pas. Toujours est-il qu’il lui avait demandé de l’accepter dans son lit car il voulait faire son coming-out et prouver à ses amis qu’il était bien gay. Enfin, peu importait les intentions, mais il avait réussi à convaincre Ulrich d’une chose...

Il devait purger l’humanité de cette catastrophe.
On peut être un monstre et mettre au profit de l’humanité sa fringale pour les jolies peaux bronzées.

Le premier hic : il ne pouvait pas dépecer la honte de l’humanité directement dans sa maison. C’était trop dur pour se débarrasser du corps sans être vu. Il devait donc l’amener dans son nouveau chez-lui, la maison sur la Colline puisqu’il avait été chassé de l’hôtel The Ocean par la peur d’un petit démon roux qu’il avait rencontré dans des circonstances qu’il ne préférait pas se rappeler.
Le deuxième hic : lui qui avait toujours lutté pour persuader le monde entier de son hétérosexualité alors qu’il était prof de piano et de danse avait dû traverser la moitié d’Espérance en tenant la main de la catastrophe de l’humanité.
Le troisième hic : il avait fallu monter dans sa chambre avec lui. Et tous les Toriens mâles étaient soit en train de lui faire des avances, soit en train de se moquer de lui.

Mais vous devez sûrement vous demander quel est le rapport avec le super-marché. Le voilà : après avoir tué la catastrophe de l’humanité et l’avoir largué sur son lit, il se rendit compte que sa peau était aussi horrible que lui.
Tout ça pour rien. Rien du tout.
Mais maintenant, il l’avait tué. Il venait de dépasser son quota d’humains tués pour le mois. Il allait devoir encore attendre une semaine et il était affamé. Il était hors de question de laisser toute cette peau inutilisée.

Il devait aller acheter quelques fruits et de la vodka pour faire passer ça.
C’est à ce moment-là qu’Ulrich se retrouva au super-marché en plein midi, d’une humeur massacrante.
Il avait attaché ses cheveux en queue de cheval basse, enfilé un polo d’un bleu assez clair ainsi qu’un jean clair lui aussi. Les mains dans les poches, priant pour que personne ne le reconnaisse, il entra dans le super-marché.

Et là, il se rendit compte qu’il avait vraiment la poisse aujourd’hui et qu’il aurait mieux fait de ne pas se lever ce matin. Ou en tout cas pas à six heures et demi parce que la journée promettait d’être longue.
Dès qu’il entra, il trouva déjà le super-marché bien vide pour l’heure de midi. Avec un froncement de sourcils, il se tourna vers le comptoir pour se rendre compte que même le caissier était parti. Il avait dû s’absenter et oublier de fermer le magasin. Tant pis, il irait ailleurs...

Mais une voix l’immobilisa. Pas une voix.... LA voix. Celle de ce petit démon au casque rose et aux cheveux roux. Et une minute ! Elle venait de lui annoncer que la police viendrait l’arrêter ! Ainsi donc, c’était un piège ! Il était piègé ! Quelqu’un l’avait suivi ! Dénoncé ! Il était foutu, mort ! Herinnen allait venir le tuer !
Son coeur battait dans sa poitrine comme s’il allait faire un arrêt cardiaque (faut pas jouer avec ces trucs-là quand on commence à être vieux !) et il se retourna lentement pour faire face à son destin...

Un policier couvert de sueur à l’air dérangé qui se penchait par-dessus le comptoir en gueulant... Ah bah non, c’était pas à lui qu’on parlait.

A ce moment-là, il aurait pu s’en aller, ce n’était pas ses affaires et personne ne le remarquerait... Mais voyez-vous, ça aurait été trop facile. Ulrich avait eu une fille un jour. Il avait toujours rêvé de bien s’en occuper, de la marier bon gré mal gré etc. Et puis, zut se dit-il, je suis déjà dans le caca (on reste poli s’il vous plaît) autant aider cette pauvre fille à s’en sortir !
Ulrich fit alors sa super-technique qu’il avait longuement apprise en Afrique du Sud : il se lança littéralement sur lui, le repoussant de toutes ses forces le plus loin possible du comptoir. Il n’était pas assez musclé pour se battre avec lui, surtout que le policier fou était armé d’un flingue, mais il avait réussi à gagner du temps. Avec un peu de chance, celui-ci croirait qu’il a affaire à un homme très musclé et très fort et il n’oserait pas tout de suite s’attaquer à lui.
Mais quand il le ferait...

Le russe se tourna vers la jeune fille derrière le comptoir :

- Heureusement que tu as de bonnes relations, gamine, fit-il de son air de grand sauveur, séducteur, charismatique...

Puis, il entendit la détonation... La douleur vint peu après...
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Lester Hopkins
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MessageSujet: Re: ... L'abysse le scrute à son tour.   ... L'abysse le scrute à son tour. EmptyDim 3 Juil - 13:55

Certes. L'humanité ne valait plus grand chose mais, parfois, elle faisait des choses biens. Aujourd'hui par exemple, ce n'était pas le cas.
Lester contempla la boîte de conserve voler et écarquilla les yeux. Elle heurta l'omoplate de Bert. Le tir n'eut pour seul effet notable le soupir d'exaspération que poussa Lester.
Il chercha d'où venait "l'attaque". C'était un blondinet à fourrure avec de grandes oreilles de lapin.

Mais bien sûr ! Continuons ! Soldats ! Armez les 40 mm spéciale courgettes ! Vite ! Répliquez avec une salve de carottes explosives ! Oh mon Dieu, un obus pastèque à fragmentation ! Fuyez !

Oui. L'humanité était hilarante parfois. Mais, au moins, elle lui avait donné une idée.

Lester n'était pas doué avec les armes. Même en ayant participé à plusieurs guerres, il était loin de connaître tous les rudiments de la technologie de combat. Il savait faire la différence entre le bon et le mauvais côté d'un fusil, c'était amplement suffisant. Malheureusement, affronter Herinnen demandait beaucoup de connaissances.
Lui préférait se contenter de vieilles armes de la Seconde Guerre. Un fusil américain, une mitraillette russe et un pistolet allemand (le pistolet ayant appartenu au célèbre Koba, plus connu sous un autre nom). C'était plus une collection d'art qu'un équipement. Mais la collection fonctionnait encore très bien sur des Herinnen.
C'est pourquoi il avait chargé son homme de main, Vassili, ex-force spéciale serbe, de puiser dans les ressources financières de la communauté (le fric de Lester donc) et d'équiper convenablement les Toriens.
Voir Vassili sélectionner armes, munitions et autres ustensiles de cuisine de masse était quelque chose. On aurait dit le Lac des Cygnes mais avec du napalm et du gaz toxique.

Lester secoua la tête alors que l'image de Claire en tutu lui venait à l'esprit.
Il en avait oublié ce qu'il faisait.

Ah oui.


Même si Lester n'était pas doué avec l'armement de pointe, il avait d'autres talents. Notamment avec l'alcool.
Lester déchira la robe de Big Bird qui hurla au viol -elle était bien bonne, la blague pas la victime- et commença à la mettre en lambeaux.
Certains mélanges d'alcool, en plus d'être délicieux, s'enflammaient rapidement même à froid. Ce qui pouvait être très utile lorsque l'on avait un briquet et un bout de tissu de mauvais goût. Oh ! Surprise ! Lester en avait ! Merci, Père Noël.

Une fois le tissu enflammé introduit dans une bouteille de vodka (bon marché, 40°, dégueulasse), Lester se pencha pour apercevoir la cible.

Tiens ?

De l'autre côté, une chevelure blonde scintillait sous les néons. Il connaissait ce visage, et ce bandeau sur l'oeil...
Diable !
Peggy la Cochonne !
Armée d'un pistolet, elle était encore plus effrayante qu'à la normale.

Il avait vraiment envie de lancer ce cocktail Molotov et de voir Bert flamber. Mais quelque chose en lui hurlait de ne pas le faire.
Peggy n'allait pas aimer qu'il fasse rôtir Bert. Pourquoi ? POUR-QUOI ?
Il conclut finalement qu'en bon porcin, l'idée d'un barbecue ne devait ravir Peggy. Cette explication suffisait amplement à Lester.
Mais savoir pourquoi il ne fallait pas lancer ne l'empêcherait pas de le faire. Lester était en proie à cruel dilemme.
Sa migraine revint.

Que faire ? Tuer Bert ? Ne pas tuer Bert ? Déplaire à Peggy ?

La blonde se leva et mit Bert en joue.

- Voisin mal'droit à brouetter une montre !

Bert tira. Peggy, avec une étonnante dextérité compte tenu de sa silhouette, parvint à se mettre à couvert.
Peggy la Cochonne n'était donc pas avec Bert ?
Lester pouvait le tuer alors !

Il prit son élan.

- La grotte de Matignon, vil goret ...


Lester freina son geste.
QUOI ENCORE ? On ne peut décidément pas immoler un Muppet tranquillement dans ce fichu pays !

Il sentit son téléphone vibrer mais n'y prêta aucune attention. Il jeta un œil au propriétaire de cette mystérieuse voix. Il venait de se faire capturer par Bert.
Mais ?
Cette couleur...
Nooooon ! Kermiiiiit !

Diable. Il ne pouvait plus brûler Bert. Pas avec Kermit adoré. Peggy la Cochonne ou Elmo passe encore. Mais pas Kermit.

Il éteignit le cocktail Molotov et commença à réfléchir.
Il n'avait aucun moyen sûr d'intervenir. Si au moins un abruti voulait bien se sacrifier...

Il entendit des bruits de pas rapides. Quelqu'un courait. Peggy ?

Non. Ce n'était pas Peggy. C'était le Comte (ndla : parce qu'il aime compter les choses ! =D).

Ding ding ding. Jackpot.

Tant mieux. Au fond de lui, quelque chose lui disait que c'était une très bonne situation. Qu'il fallait se méfier du Comte et que s'il mourait, ce serait parfait.
Le Comte sauva Kermit, au mépris de sa propre santé. Diable, qu'il était stupide. Tant pis, un de moins sur cette planète. Ça lui épargnerait de futur-

BLAM

Lester sursauta. Une détonation avait retenti. Bien différente de celles que produisaient le pistolet de Bert. Alors que tout le monde semblait s'être figé, Lester se pencha une nouvelle fois. Personne n'était mort. Dommage.
Par contre, le Comte saignait. La balle (ça ne pouvait être qu'une balle) lui avait traversé le sommet de la clavicule droite. Une blessure légère sachant qu'elle allait bientôt guérir (il ignorait pourquoi ce Muppet pouvait guérir mais inconsciemment, il savait qu'il guérirait).
Lester étudia la trajectoire de la balle ce qui le conduisit à se retourner.

Qu'est-ce que c'est que ce merdier ?
Le projectile avait traversé le rayon céréale, explosant tout sur son passage, en l’occurrence plusieurs paquets de céréales et avait fini sa course dans le rayon surgelés. Un malheureux conteneur avait été littéralement éventré et affichait un énorme trou béant projetant des étincelles.

Lester eut un doute. Il attrapa son téléphone. Deux messages. De Vassili.
"J'ai pris un fusil. Je tire dès que j'ai un angle potable"
"J'ai tué quelqu'un ?"

Lester répondit par la négative.
Diable. L'équipement de Vassili était parfois effrayant. Il avait une idée de l'arme qu'il avait dû utiliser.
Sur le bon de commande, il était marqué "fusil anti-matériel". Un modèle américain dernier cri. Un truc en rapport avec des barrettes.
Mais le nom était nettement moins impressionnant que l'arme elle-même. Un pipeline avec une détente au bout.
Si ce n'était que ça. La cartouche qui allait avec, ça, ça foutait les jetons.

Tout le monde s'était remis à bouger.

Big Bird tremblait et pleurait de plus belle. Il lui tapait sur les nerfs. Lester envoya un coup de poing. La masse s'effondra sur le sol. Une bonne chose de faite.

Où en était le méchant ?

Bert avait hurlé diverses insultes et avait pénétré dans un rayon. Il devait sans aucun doute se mettre à la recherche d'Elmo et lui tout en restant à couvert.

- Mouais. Mais au cas où...

Il se tourna vers le rayon céréales.

- Elmo ! Rapproche toi !


Mieux valait palier aux éventualités les moins agréables. Parce que bientôt, l'endroit le plus sûr serait sous les fesses de Lester.

Le leader Torien renvoya un message.

"Tire encore."
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Gabriel Gainsbourg
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MessageSujet: Re: ... L'abysse le scrute à son tour.   ... L'abysse le scrute à son tour. EmptyMar 5 Juil - 18:34

Gabriel, caché entre ses boites de céréales, ne prit même pas la peine de jeter un coup d’œil derrière lui lorsqu’il jugea, au son, que des personnes, sans nul doute envoyées par Dieu, essayaient de maitriser le trimard qui lui courait après.

Dans la vie, il y a ceux qui se sacrifient pour sauver les autres, et ceux qui doivent vivre encore longtemps. Il estimait faire partie de la seconde catégorie, et il n’avait pas du tout l’impression d’être un lâche, d’ailleurs, l’idée ne lui effleura même pas l’esprit. En effet celui-ci était bien trop occupé à mettre en place un plan d’évasion. Plan qui s’avérait complètement foireux. Pour sortir il faudrait se mettre à découvert. Se mettre à découvert, c’était prendre le risque de mourir, pire, de montrer aux gens qu’il était la seule et unique cible du maboule qui leur tirait dessus.

Une autre détonation se fit entendre.

Gabriel ne se retourna pas. Il réfléchissait à la possibilité de construire une muraille en paquet de céréales pour le protéger jusqu’à la sortie.

Celle qu’il identifia comme la menace Torien numéro 1 lui atterrit dans les bras et chassa cet énième plan d’évasion foireux.

Je.

Suis.

Dans.

La.

Merde.

Comme si c’était pas assez de tenter d’échapper à un trimard de policier fou il faut que la pot-de-colle qui trimballe des bombes soit là. Avoir l’air normal.


Gabriel fit un sourire crispé.

Surtout avoir l’air normal. Elle ne sait pas que je suis un Torien. Elle ne sait pas qui je suis. Mon air normal est une sécurité à toute épreuve. J’ai l’air du citoyen lambda qui fait ses courses tranquillement. Je ne suis pas la cible d’une fusillade.

Gabriel attrapa un paquet de miel pops pour mieux entrer dans le rôle sans quitter Freyja des yeux.

A ce moment précis il se demandait avec tout le sérieux dont il était capable qui de Freyja ou du policier à ses trousses était le danger à éviter en priorité. Il ne trouvait pas de réponse et rajouta une nouvelle fois mentalement qu’il était dans la merde.

Lui qui était venu à Espérance pour passer du bon temps, il avait l’impression que les situations improbables le poursuivaient. Il entendit clairement Isabella dire dans sa tête « Bah vous cherchiez un peu d’action patron non ? » et se traita mentalement de schizophrène irrécupérable.

Sa boite de miel pops serrée fermement contre son cœur comme si sa vie dépendait d’elle, il pencha lentement la tête hors de sa cachette de fortune pour tenter d’analyser la situation. Visiblement des âmes charitables étaient en train de distraire son poursuivant à grand renfort de haut parleur et de courage.

Bande de fous. Se sacrifier pour les autres c’est vraiment pas sérieux. Surtout si ils savaient contre qui se bat le gentil monsieur au pistolet. Ils seraient les premiers à l’acclamer.

Gabriel chercha Lester du regard et le trouva toujours au même endroit, rayon alcool. Il sourit, à peine soulagé.

Le leader Torien avait beau être un alcoolique et un drogué notoire, cela ne l’empêchait nullement de savoir se sortir avec inventivité d’à peu près toutes les situations. Gabriel ne voyait pas pourquoi celle-ci ferait exception à la règle. Finalement il se demandait même pourquoi il avait paniqué : après tout n’étaient-ils pas la race supérieure ? Ceux qui constitueraient la nouvelle espèce dominante sur la Terre ? Il était on ne peut plus logique que les humains cherchent à se débattre pour garder leur place, mais cela n’empêchait pas que ce soit complètement vain. C’était inscrit dans la logique de la chaine alimentaire.

Ce policier n’était qu’une brebis qui cherchait à se battre contre des loups.

Gabriel s’imaginait déjà en train de déchiqueter sa peau à belle dent. Il soupira, un sourire rêveur aux lèvres.

Trop faim, pensa-t-il en louchant sur le paquet de Miel Pops qui soit dit en passant avaient l’air passablement répugnantes.

Nouvelle détonation.

Gabriel s’assit sur le sol et entreprit de faire le jeu au dos de la boite.

Il le trouva dur. Dire que c’était destiné à des enfants. On a pas idée d‘acheter un truc comme ça.

« Elmo ! Rapproche-toi ! »

Gabriel ne s’identifia pas tout de suite comme étant le destinataire de cette phrase. Il se contenta tout d’abord de regarder Lester avec un air de totale incompréhension.

« Moi ? » mima-t-il avec les lèvres en se montrant du doigt.

Il doutait que Lester l’ait vu, mais il doutait encore plus qu’il se soit adressé à une autre personne. Aussi il prit la décision de le rejoindre au rayon alcool sans réfléchir.

Il se leva d’un bond rapide, son paquet de céréales toujours contre lui et courut de l’autre côté de l’allée. Une fois à côté du leader Torien, il se rassit par terre et prit la peine de regarder autour de lui. Le policier était hors de vue. Sans doute le cherchait-t-il dans les rayons.

Par contre, celle qui était largement en vue, c’était le leader adverse. L’ennemi Torien numéro un. Freyja Eriksson.

Si je la vois, elle peut me voir. Si elle peut me voir, elle sait que je suis un Torien.

Gabriel réfléchit avec toute l’intelligence dont il était capable et choisit de ne rien faire.

Lester devait savoir ce qu’il faisait.

Du moins l’espérait-il.

Réglons les priorités.

D’abord, fuir le dingue.

Ensuite, fuir pour le restant de ses jours la folle furieuse qui voulait éradiquer les Toriens.

Il n’était pas tout à fait sur que ce soit une bonne idée mais dans l’immédiat il n’avait rien d’autre sous la main.

Tout en fixant la chef des Herinnen il se surprit à maudire l’humanité entière qui n’acceptait pas la différence.

Il ne la lâchait pas du regard.

A cet instant, il avait oublié la menace qui pesait sur lui. Il avait oublié qu’un fou furieux cherchait à le tuer pour une raison inconnue. Tout ce qu’il redoutait c’est que la personne à quelques mètres de lui se retourne et analyse la situation.

Il avait presque envie de se réfugier dans les bras de Lester en pleurnichant et en suçant son pouce mais il s’abstient, jugeant que deux dangers publiques contre lui c’était déjà un bien assez lourd fardeau et qu’il n’avait donc pas besoin d’un troisième.
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Elwyn Sweeney
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MessageSujet: Re: ... L'abysse le scrute à son tour.   ... L'abysse le scrute à son tour. EmptyMer 6 Juil - 0:07

Un instant l’image très connue du malheureux lapin se cachant du grand méchant loup lui vint à l’esprit.

Non.

Hors de question.

Rester calme.

Re-panique.

Elle ne contrôlait plus sa respiration, l’homme l’avait repéré. Il l’avait repéré ? Oui, il l’avait appelé, cela ne faisait aucun doute. De plus, au vu de sa situation psychologique déjà trop instable pour être évaluée de façon prévisible…bref. Il était capable de tout. Surtout du pire. Elle n’en était que trop consciente, et c’est ce qui l’empêchait de garder son calme.
Cela ne ferait aucun doute, dès qu’il l’a verrait il lui tirerait dessus.

Augmentation du rythme cardiaque. Important flux de sang.
Chaleur.
Frisson.
Sueurs froides.
Estimation des chances de s’en sortir ? Nulles.
Du moins si elle est seule face à l’homme. Ses aptitudes physiques sont trop médiocres pour l’aider à sortir de la situation. Elle n’était ni rapide, ni forte.

Elle songea que son heure était venue. Trop tôt, quelle ironie, elle serait morte avant sa mère...NON !
Il fallait réfléchir.

La ruse ?

C’était encore et toujours la seule solution qu’elle était capable de mener à bien correctement.
Son cerveau s’emballa, elle réfléchit à toute allure. Il n’y avait rien autour d’elle, juste la caisse vide de tout objet salvateur. Il restait bien le micro, mais il ne lui serait d’aucune utilité réelle. Si elle choisissait de le balancer sur la tête de son assaillant pour créer une très brève diversion, il fallait qu’elle file se mettre à couvert aussitôt. Et elle restait toujours trop peu sûre de ses aptitudes physiques.

C’était foutu.
Cette solution kamikaze était sa seule chance, et elle était déjà bien trop maigre.

Quand elle jugea le moment propice, elle commença à se lever pour jeter le micro sur l’homme dans un geste clairement désespéré lorsqu’une ombre passa avant elle.


Arrêt sur image.

Un homme était…venu à son secours ?
Possibilité trop optimiste pour qu’elle ait pût la prendre en compte mais…YES !!!
Encore trop sonnée pour agir, elle contemplait béate la situation.

Arrêt des frissons.

Montée d’adrénaline.

Montée d’adrénaline.

Montée d’adrénaline.

On pouvait communément appeler ça la joie, mais elle fût de courte durée.



Son sauveur repoussa le malade mental avant de se tourner vers elle.

Ah !

Elle le connaissait ! C’était l’étrange homme qui avait sorti ses poubelles l’autre soir. Cet espèce d’auteur littéraire qui ne devait pas aimer sortir de sa chambre et voyager dans le monde en quête d’inspiration (Ah ! Si seulement ses déductions étaient aussi justes !).
Elle s’apprêtait à le remercier lorsqu’elle entendit le coup partir.

Pupilles qui se rétractent.
Brusque montée d’adrénaline.
Cerveau fonctionnant à plein régime.

Elle avait toujours le micro à la main. D’un geste rapide, elle le lança en plein dans la tête du malade mental. Avant même qu’elle ait pût voir l’impact, elle agrippa son sauveur et l’entraîna à sa suite dans un rayonnage de boites de conserves.
Enfin à l’abri, elle assit l’homme, s’accroupit à ses côtés avant de poser sur lui un regard furieux.

_ Mais ça va pas la tête ! Regardez-moi cette blessure ! Et bien sûr je vais être le seul médecin sur place, ça va encore être pour ma pomme les bobos des uns et des autres ! Vous pourriez éviter de vous blesser merde ! Moi qui voulait des vacances, et merde ! Jura-t-elle, furieuse.

Ses pensées se bousculaient dans un incroyable chaos dans sa tête. Se plaindre d’avoir du travail en plus à cause d’Ulrich était le seul moyen qu’elle avait trouvé pour exprimer sa gratitude, n'ayant pas l'habitude de s'inquiéter pour quelqu'un d'autre. Elle haletait encore lorsqu’elle se rendit compte qu’elle avait les yeux mouillés par l'émotion. Trop fière, elle les essuya aussitôt.

Que dirait sa patronne si elle la voyait ?
Mais elle n’y pouvait rien, elle n’avait pas été entraînée pour le combat et ce genre de situation. Elle était censée rester dans les coulisses.


Taux d’adrénaline en baisse.

Respiration en voie de stabilisation.


Elle soupira en regardant Ulrich, seul moyen d’exprimer son inquiétude dans le cas échéant. Après la fusillade, si tout le monde s’en sort, elle le soignerait.
Elle s’assura brièvement de la sureté de sa situation actuelle en regardant autour d’elle. Elle vit au bout du rayon un jeune homme, l’air plutôt calme pour la situation.
Qu’importe, il ne représentait pas un danger, donc il ne méritait pas plus d’attention pour le moment.

De l’autre côté elle entendit l’homme jurer.

Puis un nouveau coup de feu.

Elle sursauta.

L’homme allait-il les poursuivre ?
Elle jeta un coup d’œil après le coup de feu, et se rendit compte qu’il n’était plus là. Il s’agit bien d’une fusillade. Ce devait être Freyja, sa patronne qui lui avait tiré dessus…

Elle le chercha un instant du regard sans succès.

Puis le silence s’installa.

Lourd.

Oppressant.

Suppliant pour que quelqu’un le coupe.


_ La partie de cache-cache a commencé…Murmura-t-elle.
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Hanna
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MessageSujet: Re: ... L'abysse le scrute à son tour.   ... L'abysse le scrute à son tour. EmptyVen 8 Juil - 14:31

Un second coup de feu surprit Hanna ; jusque là il n’avait repéré qu’un seul tireur mais maintenant la scène pouvait tourner en fusillade généralisée. L’islandaise se baladait dans les couloirs avec son Beretta, et un type avec un fusil venait de tirer à l’aveugle à travers les rayonnages… enfin à l’aveugle… il avait quand même touchait ce type bizarre qui jouait les héros. Résultats : deux blessés, deux tireurs effectifs et un troisième en puissance. Et bien c’est la merde.

La jeune fille jeta son micro sur le policier et attrapa l’homme qu’elle traina à l’abri vers un rayonnage ; son rayonnage. Galère. Il avait déjà l’esprit chevaleresque, là il était foutu. Il hésita quelques secondes. La présence d’une jeune fille l’intimidait un peu, il avait l’impression de faire du rentre dedans en agissant trop vite, même en situation de crise. Mais merde, c’était ridicule pourtant. Cette jeune fille avait besoin d’aide. Il ne put s’empêchait de soupirer, pour se donner de la motivation, pris une boite de conserve dans une main, un peu d’élan et traversa le rayonnage pour aller rejoindre les deux autres personnes…

Il acheva sa course en une glissade se mettant à terre et regarda d’abord un coup d’œil à la blessure. Rien de bien méchant, mais ce type allait souffrir. Sa clavicule droite était explosée. Un type à l’air étrange, assez pâle, les cheveux longs, et qui semblait de très mauvaise humeur. Puis sur la jeune fille qui l’avait poussé jusqu’ici, et qui l’avait aussi mis dans la merde…

Elle avait de beaux cheveux roux, et une peau dorée par beaucoup de soleil. De grandes jambes fines. Plutôt jolie ne pu s’empêcher de remarquer Hanna. Par contre il faudrait qu’elle s’habille moins flashy… même si ça lui donnait un style, en quelques sortes. Bordel, il avait vraiment u problème avec les femmes, une fusillade n’était pas le moment pour juger de la beauté de quelqu’un.

Puis il s’attarda sur son visage. Et merde, pourquoi il ne l’avait pas fait avant ? Ses yeux étaient humides, mais ce n’était pas étonnant vu la situation. Par contre, elle avait l’air relativement calme et semblait chercher une marche à suivre. Mais le problème n’était pas là. Le problème, c’est qu’il la connaissait.

« Elwyn Sweeney… » Wouah terrible. Et dire qu’il avait voulu s’occuper du blessé. Cette fille pourrait surement le faire mieux que n’importe qui. Si sa mémoire ne le trahissait pas, il s’agissait d’une enfant irlandaise géniale qui avait fait des études de médecine avant de disparaître. Un article avait filtré un jour sur elle et ses résultats prodigieux. Il s’était toujours demandé comment quelqu’un d’aussi brillant pouvait disparaître des parutions scientifiques du jour au lendemain. Sa présence ici et le fait qu’elle intervienne directement dans la fusillade lui disait qu’elle travaillait pour l’islandaise. Oui, c’était logique. Un réseau de policiers super mystérieux avec une quête étrange et des moyens importants, ca serait logique.
*Ca me tue*

Du coup, Hanna se désintéressa complètement du blessé. Il fallait être efficace, et ce n’est pas être efficace que de s’occuper d’un blessé quand quelqu’un à toute les compétences pour le faire. Il passa sa tête hors du rayonnage. Personne. Le flic fou avait disparu, l’islandaise aussi. Aucune trace du troisième tireur. Un seul mouvement, un mec avec un uniforme de serveur qui courait vers le blessé. Encore un geste héroïque. C’est drôle le pourcentage de gens héroïques dans les supermarchés d’espérance. Mais à part les pas assez léger d’ailleurs de ce type, on n’entendait rien. Un silence lourd était tombé sur le magasin. Les gens normaux qui n’avaient pas pu quitter le magasin ne bougeaient plus. Ils attendaient… la fin de la fusillade ou le prochain coup de feu, en espérant s’en sortir vivant. Les tireurs avaient eux compris la nécessité de ne pas faire de bruits pour pas se faire descendre par une autre personne armée. Enfin les blessés, et donc eux, essayait de ne pas se faire repérer.

Hanna ferma les yeux. Mais il ne percevait rien en particulier. Les pas s’étaient maintenant arrêtait, le serveur avait du arrêter de courir. Il n’entendait plus que la respiration bruyante du blessé à coté de lui, et celle de la jeune fille, plus légère. Et puis les visions revinrent… pourquoi il avait fermé les yeux ?

Il fit un effort pour pas se laisser déborder, repoussa l’image d’une jeune fille blonde, et rouvrit les yeux. Son cœur battait la chamade, et il du attendre quelques secondes pour se calmer.

Au moins, il avait récupéré une information importante en fermant les yeux. Le type blessé ne paniquait pas du tout, ça respiration était calme et apaisé. Il n’avait pas peur de mourir du tout, et la situation ne le faisait pas paniquer. De même, la jeune fille semblait assez sereine, quoiqu’un peu plus stressé. Mais déjà ça l’étonnait moins. Et il était redevenu serein lui-même.

Que pouvait-il se passer maintenant ? Tant qu’ils étaient à terre, il était surement à l’abri du tireur embusqué dans les rayonnages. Par contre le fou pouvait déboucher n’importe où… il serra sa boite de conserve dans la main. Autour de lui il n’y avait plus que des boites de céréales… tuant. Bon, et bien il faudra faire parler les réflexes…
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MessageSujet: Re: ... L'abysse le scrute à son tour.   ... L'abysse le scrute à son tour. EmptyLun 11 Juil - 4:48

Bien. On peut dire que cette mission à Espérance était particulièrement foireuse et resterait dans les annales de la ville et de la section Herinnen.
Elle aurait préféré ne pas être impliquée là-dedans. Mais maintenant, c’est trop tard : elle y était, c’était sur SES doigts qu’on allait taper à cause de tout ça et ce serait sur le budget d’Herinnen qu’on allait trouver l’argent pour réparer ce supermarché.
Tout ça à cause de ces satanés policiers qui n’ont rien dans la tête, sinon des pseudo-raisonnements de tarés (il l’avait accusée de protéger des Toriens ! Elle ! Il allait le payer très cher !) et à cause de ces Toriens qui étaient partout où elle allait. Ou l’inverse, mais ce n’était plus très grave, maintenant.

Analysons la situation pour ne pas l’aggraver : elle était en train de débattre sur les habitudes alimentaires de Mikaëls quand un policier fou (qui n’était pas de sa section !) était entré et avait tiré sur quelqu’un qui semblait se trouver au beau milieu de la foule. Ce n’était pas le moment de se demander qui, mais ce devait être un Torien. D’ailleurs, c’était sans doute Lester ou le jeune homme qui l’accompagnait.

En parlant de jeune homme, elle fit un pas loin de lui pour ne pas avoir à approcher un ami de Lester. Il pourrait être contagieux. Quant à lui, il se saisit un paquet de Miel Pops et se mit dans son coin pour essayer de faire les jeux au dos. Il avait vraiment pas commencé par les plus faciles. Les jeux des Miel Pops ce sont les plus durs. Pour commencer, il valait mieux les Chocapics...

Donc, la situation. Tous les gens censés s’étaient réfugiés de l’autre côté du petit magasin, presque tous à terre en priant pour leurs vies. Déjà, si personne ne bougeait de leur côté, elle pourrait peut-être garantir leur survie.
Mais, évidemment, Freyja ne pouvait pas rester sans rien faire. Elle commençait à haïr les contes de fées et autres idéologies que son père lui avait assénés à coups de marteaux dans la cervelle. Elle avait tenté le tout pour le tout : la jouer franc jeu et se montrer, tenir le policier en joue et lui demander, comme n’importe quelle pervenche de se rendre. Tout ce qu’elle avait eu c’était d’éviter une balle de justesse.

C’était là qu’elle avait commencé à s’énerver. Et si le policier sortait vivant de ce supermarché, il ne sortirait jamais vivant d’Espérance. Foi d’Eriksson.

Mais les évènements s’étaient précipités. Décidément, la faune d’Espérance était surprenante.
Ne serait-ce qu’avec l’apparition d’une chevelure flamboyante dans son champ de vision et la voix tellement reconnaissable dans le micro habituellement réservé à l’annonce de promotions. A ce moment-là, Freyja se sentit pâlir (encore plus que d’habitude) : Elwyn était aux proies avec ce psychopathe ! (Non, je vous interdis de penser qu’elle en fréquente tous les jours, nous ne sommes pas comme ça à la section Herinnen...) Il fallait faire quelque chose ! Le policier était sûrement en train de lui tourner le dos : elle pouvait en profiter pour lui tirer dessus...

Mais son éthique... Vous voyez, tirer dans le dos de quelqu’un...

Rien à faire, le combat était inégal : un fou avec un pistolet chargé contre un innocent médecin légal d’Herinnen. Elle ne devait même pas hésiter ! La jeune femme vérifia que son pistolet était encore plein. La chance semblait lui sourire quand...
Un bruit de tissu déchiré et des cris attirèrent son attention : Lester était en train de déchirer les vêtements d’une des pauvres filles qui s’étaient mal placées.
O.K., elle allait pouvoir évacuer le stress qui commençait à lui faire des fourmis dans les bras et qui était très désagréable :

- Mais qu’est-ce que vous faites ?! Ça va pas d’agresser vos compagnons d’infortune ? Qu’est-ce que vous faîtes avec cette robe ? Vous ne pourriez pas plutôt utiliser vos propres vêtements ? Ou même, lui demander avant de lui déchirer les siens ! Qu’est-ce que vous diriez si elle vous arrachait vos vêtements, comme ça ?! On est tous dans la même situation, alors autant s’entraîder gentiment ! dit-elle.

Freyja réfléchit une seconde à ce qu’elle venait de dire. D’accord, c’était vraiment le comble qu’elle dise ça, elle, mais il fallait espérer que Lester, trop occupé à la fixer bizarrement n’avait pas bien entendu ce qu’elle disait. Ou ne fasse pas le rapprochement avec le fait qu’elle était en train de lui crier dessus qu’il fallait être gentil avec ses compagnons d’infortune.
Elle jeta un coup d’oeil autour d’elle. Personne n’osait la contredire. Bien. Au moins, la jeune fille avait arrêté de pleurer et la regardait étrangement. Encore son oeil, sans doute. Mais cette fille allait lui servir. Freyja retira sa veste : elle n’en avait désormais plus besoin puisque tout le monde savait qu’elle avait un flingue et un holster. de plus, elle la gênait dans ses mouvements et elle crevait de chaud là-dedans. La jeune femme la retira et couvrit la pauvre fille avec s’en servant mentalement comme d’un porte-manteau. Quand les secours arriveraient, elle aurait droit à une couverture.

Mais, reconcentrons-nous sur la situation avec le policier fou et Elwyn. Un autre Deus Ex Machina était entré en scène. Freyja ne savait pas vraiment ce qu’il faisait là, mais elle le trouvait bizarre pour un habitant d’Herinnen : il était vraiment pâle... Hum... Torien. Sans doute les renforts de Lester...
Mais... Mais que faisait-il ? Il venait de sauver Elwyn ! Un peu plus et Freyja serait arrivée avec une grande banderole en pompom girl, mais n’exagérons rien, il restait un hypothétique Torien tout de même.
D’ailleurs, il venait de se faire lamentablement tirer dessus. Quel Torien, celui-là.

Ceci dit, le Torien avait quand même réussi à repousser le policier un peu plus loin dans l’allée, donc un peu plus près d’elle. Policier qui ne se doutait pas qu’il prenait des risques à ne pas se retourner. Il lui faisait dos, il était assez proche, c’était la cible parfaite.
La jeune femme ne perdit pas une minute : elle prit son pistolet à deux mains et se re-positionna dans l’allée faisant face au dos couvert de sueur du policier. D’ailleurs, elle était prête à parier que sa chemise blanche n’avait pas tenu le coup et qu’elle avait une tâche de sueur dans le dos, mais c’était une autre histoire.
Elle avait un supermarché à sauver.

Il était dans sa linge de mire. Freyja pressa légèrement sur la détente, encore un peu. Puis, le coup de feu partit. Ou en tous cas, elle imagina que le coup de feu partit car elle fut déséquilibrée et la cartouche vide lui atterrit en pleine figure, la brûlant légèrement. En tout cas, le bruit couvrit la bordée de jurons qui lui échappa. Après, savoir si le policier avait bien été touché, c’était une autre affaire.
En revanche, elle n’avait pas été la seule a être secouée.

Le rayon céréales était complètement éventré. Elle pouvait dire adieu à la rénovation de l’aile droite de sa maison sur Grimsey Island. Un rapide coup d’oeil au groupe à quelques mètres de là l’informa qu’il n’y avait pas de blessé grave. Mais Hanna avait disparu. Freyja se tourna vers l’autre bout du rayon : Elwyn et le Torien avaient trouvé un abri. Tant mieux. Mais où était le policier, c’était une autre affaire.

Un bruit de choc attira son oreille. Lester venait de frapper la pauvre fille qui sanglotait de peur quelques minutes avant.

- J’imagine que vous n’avez pas écouté un mot de ce que je vous ai dit cinq minutes avant, fit-elle exaspérée.

Mais Lester avait autre chose à faire que de s’expliquer. Il pianotait sur son téléphone portable.
Tiens. Excellente idée.
Il se trouvait qu’elle était elle aussi dotée d’une technologie similaire. Si elle appelait Herinnen, elle pouvait sans doute obtenir des renforts assez facilement, si ses hommes ne s’étaient pas transformés en mangeurs de donuts comme leurs collègues d’Espérance.
Elle sortit son propre portable dont l’écran avait légèrement souffert de sa précédente chute et commença à l’allumer.

Cependant, un certain policier avait décidé de l’embêter jusqu’au bout. Son coup de feu ne l’avait malheureusement pas tué. Bon...
La jeune femme se tourna et avisa la seule personne encore à peu près en état d’appeler du renfort : le copain de Lester. C’était une très très mauvaise idée de lui confier son téléphone... Surtout s’il savait lire les SMS qu’elle recevait de Mikaëls : «J’espère que tu n’as pas oublié de manger aujourd’hui.» et «N’oublie pas de faire ton repassage». De plus, s’il apprenait le numéro d’Herinnen, il pouvait toujours faire croire qu’il venait d’avoir une place assez importante pour utiliser le portable du boss...
Un coup d’oeil au rayon et aux boîtes qui s’agitaient lui informa que le policier était vraiment en train de se remettre. Très mauvais.
Elle n’avait plus le choix : Freyja visa le paquet de Miel Pops avec son portable qui tomba sur les jambes du jeune homme. Une fois qu’elle eut son attention, elle lui précisa :

- Appelez les secours. Dîtes que mademoiselle Eriksson est en mauvaise posture avec un autre agent d’Herinnen et demande des renforts tout de suite !

Si elle calculait bien le temps que ses hommes arrivent, elle devait attendre une dizaine de minutes. Jusque là, elle devait tenter de limiter les dégâts.
Elle essaya de jeter un regard à ce que faisait Elwyn, mais à présent, elle ne pouvait pas lui venir en aide autrement qu’en abattant ce foutu policier.
La jeune femme vérifia ses munitions. Normalement, il lui restait deux tirs et après, elle se retrouverait sans chargeur. Il fallait qu’il meure en deux tirs.

La prochaine fois, ce serait à Mikaels de faire les courses.
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Gabriel Gainsbourg
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MessageSujet: Re: ... L'abysse le scrute à son tour.   ... L'abysse le scrute à son tour. EmptyLun 18 Juil - 8:17

Gabriel n’était pas lâche. Il tenait à sa vie. Même si ces deux choses conduisaient à peu près au même résultat chez lui, la nuance méritait d’être soulignée.
Aussi, réfugié aux côtés de Lester, il retenait son souffle serrant sa boite de céréales contre lui et tentant inutilement de devenir transparent.

Après tout, il était un Torien, peut être qu’il avait cette faculté sans le savoir.

-Vous êtes barge pour patron, marmonna Isabella dans sa tête.
-Suis-je barge parce que je tente de survivre ou parce que tu parles dans ma tête, chuchota le Torien comme si quelqu’un pouvait réellement lui répondre.

Il ne savait pas très bien s’il avait toujours eu des problèmes mentaux, si le soleil d’Esperance avait tapé trop fort sur sa tête, ou si le stress lui faisait complètement péter les plombs. Il écarta la question d’un geste de la main.

Il n’y avait plus un bruit dans le supermarché.

Le tireur fou, qui était sans doute le plus lucide de tous les êtres présents ici, était hors de vue.

Gabriel se demanda vaguement pourquoi on cherchait à le protéger alors qu’il faisait parti des ennemis publics avant de se souvenir que personne ne savait concrètement que c’était sur lui qu’on tirait.

Il ferma les yeux et laissa sa tête reposer sur le rayon derrière lui.

Le silence était tellement pesant qu’il avait presque envie d’hurler des gros mots juste pour le plaisir de le rompre.

A ses côtés Lester pianotait sur son téléphone portable et Gabriel ne se demanda même pas ce qu’il faisait. Sans trop savoir pourquoi il avait imaginé qu’il devait sans doute prévenir une quelconque amante d’un possible futur retard et lui demander de garder la coc’ au chaud.

Gabriel soupira.

Il sursauta violement en sentant quelque chose atterrir sur ses jambes et donna un coup de coude dans les côtes de Lester dans l’opération.

Il ne réagi pas tout de suite lorsqu’il vit le téléphone portable.

Après tout, il se trouvait victime d’une fusillade dans un supermarché, pourquoi les téléphones ne tomberaient ils pas du ciel ?

Mais il se décida finalement à lever les yeux et croisa le regard de Freyja Eriksson.

« Ah. Ca doit être une bombe. » Fut la pensée la plus cohérente qui traversa l’esprit du Torien à ce moment là.

Puis, lorsqu’elle lui demanda d’appeler les secours avant de se détourner de lui, Gabriel songea sérieusement à s’enfuir avec le téléphone.

Après tout il pourrait sans doute le revendre un bon prix.

Il lorgna sur l’écran brisé.

Bon. Il allait peut être juste se contenter d’appeler les secours.

Les secours ?

Encore lui faudrait-il connaitre le numéro des secours. Gabriel connaissait un seul numéro : celui de sa secrétaire. C’était d’ailleurs la seule information au monde qu’il connaissait, tout le reste étant stocké dans la tête de celle-ci.

Après une demi seconde d’hésitation il décida d’appeler Isabella pour lui demander le numéro des secours puis d’appeler les secours.

Une sonnerie.

Gabriel passa une main dans ses cheveux et étendit ses jambes devant lui. Il avait ouvert le paquet de céréales et s’amusait à les jeter dans le sac d’une dame qui se recroquevillait un peu plus loin. Il n’avait vraiment pas l’ai de quelqu’un qui se trouvait au milieu d’une fusillade.

Deux sonneries.

-Allo ?
- T’es virée.
-Patron ?
- Quand je t’appelle fais-moi le plaisir de répondre directement.
- Un nouveau téléphone ?
- Longue histoire.
-Le votre ne marche plus ?

Gabriel jeta un coup d’œil à la poche de son jean où on pouvait nettement voir la forme de son téléphone portable.

-T’occupe, souffla-t-il pour ne pas avouer qu’il n’avait tout simplement pas pensé à s’en servir. J’aurai besoin du numéro des secours.
-Il y’a un problème ? Il sentit nettement à sa voix qu’Isabella paniquait. Patron, où êtes-vous ?
-Au supermarché dans une fusillade, rien de bien grave, je dois juste appeler les secours.

Il entendit distinctement le bruit d’une chute d’objets diverses puis quelqu’un s’étouffer. Il écarta sensiblement le téléphone de son oreille, réalisant du même coup que dans le silence du magasin le fait qu’il tienne une discussion à voix haute au téléphone indiquait tout simplement sa position à son poursuivant. Il haussa les épaules.

-Patron, j’appelle les secours. Ne. Bougez. Surtout. Pas.
-Attends. Il faut dire que mademoiselle Eriksson est dans la mouise sévère avec un pote à elle d’Herinnen et qu’elle demande des renforts. Tout de suite !

Isabella manqua de s’étouffer à nouveau.

Gabriel perçu vaguement en même temps que l’agitation dans le magasin avait recommencée.

-Vous êtes inconscient, cracha-t-elle dans le téléphone d’une voix particulièrement froide. Autant aller vous livrer à eux directement ! Si elle appelle du renfort, dans une dizaine de minute le supermarché sera bondé d’agents d’Herinnen et vous avez beau être indécent vous ne vous en sortirez pas cette fois ci.
-Je suis avec Lester, murmura-t-il comme si c’était une justification.
-De mieux en mieux. J’appelle la police. La vraie, souffla Isabella avant de raccrocher.

Gabriel glissa le téléphone dans sa poche machinalement.

Maintenant il n’avait plus qu’à attendre.

Il comptait sur l’héroïsme des habitants d’Esperance pour sauver sa peau.
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Lester Hopkins
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MessageSujet: Re: ... L'abysse le scrute à son tour.   ... L'abysse le scrute à son tour. EmptyLun 1 Aoû - 16:08

- It ain't no use in turning on your light, babe. I'm on the dark side of the road... Hm hm hm, s'était mis à fredonner Lester.

Au milieu de l'action, Lester avait pris l'habitude de fredonner quelques chansons qui lui passaient en tête. Un tic comme un autre, disait-il.
Autrefois, il n'était pas rare de l'entendre chanter durant les missions avec Vassili. Mais ce dernier le lui avait reproché et personne n'avait su pour quelle raison, pas même Lester.
Lorsque l'on demandait, son second homme de main, Mago, répondait que chantait ne facilitait pas l'infiltration dans un milieu hostile. Claire, quant à elle, ajoutait que les choix musicaux de Lester était très souvent hors contexte et donc, assez déstabilisant. Comme chanter du Three Little Birds tandis qu'il écharpait des Herinnens.
Lester ne s'était jamais exprimé à propos. En réalité, Claire et Mago n'avaient pas tort mais oubliaient le principal : Lester chantait faux. Affreusement faux.
D'où l'obligation de fredonner.

Aujourd'hui, la sélection aléatoire avait opté pour du Bob Dylan.
Appuyant les touches de son portable au rythme des paroles, Lester appela Vassili.
L'idée lui était venue en contemplant le téléphone de Peggy voler jusqu'à Elmo. Les porcins n'étaient vraiment pas respectueux des biens personnels, mais au moins, ils pouvaient être une source d'inspiration.

- Lester ? Pas de bobo ?
- Aucun. Sors nous vite de là. Herinnen va vite rappliquer.
- Ça marche. Dis moi où se trouve ton gars, je tirerais à l'aveugle. Petite précision. Tu n'as que 50 secondes. Donc, au mieux, 6 cartouches.
- Parfait. Party time.


Il n'avait pas perdu Bert du regard. Même à travers les rayons, il pouvait suivre sa trajectoire et anticiper ses déplacements.
Manche un.
Le service était aux Toriens.

Bert ne savait pas où ils étaient. Sinon il les aurait chargé, il n'avait plus rien à perdre, le bougre. S'il ne savait pas leur position actuelle, il tenterait évidemment de rejoindre leur dernière position connue. Le rayon céréales. Ce qui veut dire qu'il avait huit rayons à traverser. Et donc...

- Rayon fromage. Vise les briques de lait. Les bleues. Troisième rangée par le bas. Attends mon signal. Maintenant.


Une énorme détonation souffla encore le magasin. Mais on sentait que les gens commençaient à "s'habituer" aux coups de feu. L'effet de surprise était plus faible. les gens avaient mis moins de temps avant de recommencer à hurler et pleurer.
Et en plus, Bert était encore en vie.

La balle avait bien traversé les briques de lait bleues mais avait manqué Bert. D'un peu plus d'un mètre.
De là où il observait, Lester pouvait analyser la trajet possible de Bert mais pas la vitesse à laquelle il pouvait le parcourir. Du coup, il s'en était remis à l'antique technique du : Tir au hasard jusqu'à ce que le buisson fasse "Aïe".

Il entendit le clic mécanique du fusil de Vassili. Nouvelle balle. Nouvelle manche.
Manche deux.
Encore 43 secondes.

Il n'avait pas quitté le rayon produits laitiers. Il passait le beurre. Et juste à côté...

- Yaourts. Verts. Deuxième rangée. Attends. Attends. Tire.

Cette fois, les gens ne s'étaient pas arrêtés de hurler pour comprendre ce qui s'était passé. Tout juste Bert s'était-il baissé en sentant la vibration de l'air (et les projections de yaourts). Mais il continuait d'avancer en vociférant quelques vers poétiques.

Diable. Enfin de l'action. De la vraie.
Depuis quelques temps, Madame Paix faisait du zèle. Le monde n'avait jamais été aussi calme depuis des siècles à en croire les livres d'histoire.
Il s'était presque noyé de plaisir dans l'horreur des Balkans et du Sierra Leone, puis, peu à peu, le monde s'était tranquillisé. Peu à peu, cette sanglante agitation avait laissé place à un ennui presque morbide. Comme si on ne sait quelle entité métaphysique lui avait enfoncé un sédatif dans l'orifice.
Il y avait bien eu quelques conflits qui éclataient de ci de là. Dans le même genre que des boutons d'acné sur le visage d'un de ces cloportes bourrés aux hormones. Notamment, la guerre civile au Sri Lanka dont le contexte était tellement hilarant que Lester avait daigné y participer en sachant que ça ne lui apporterait rien. Admirer des bouddhistes et des hindous s'entretuer au nom de la paix avait été (presque) aussi jouissif que la nouvelle saison des Muppets.

En bref, il allait s'amuser.

Deux autres cartouches avaient été tirées pendant cet interlude. Toutes deux soldées par un échec. Bert était en vie. Il ne restait que 10 secondes. À peine de quoi tirer une cinquième et dernière balle. Et non pas six comme prévu.
Tant pis, il fallait faire avec.

Bert marchait au milieu Gonzo et Fozzie, terrorisés qui tentaient de l'implorer. Assez pitoyable. Lester avait envie de lui demander de les abattre. Au moins, ils ne gâcheraient plus ses émissions par leurs interventions navrantes (parce que oui, Lester est un critique d'émissions pour enfants). Mais ça risquait de dévoiler leur position et il fallait protéger Elmo.
Manche finale avant le changement que la balle change de camp.

L'adversaire était à trois rayons d'eux. Rayon légumes.
Tout était parfait, Lester pouvait percevoir sa vitesse et sa trajectoire. Le prochain tir sera le bon.

- Ajuste toi sur les carottes. Et prépare-toi.


Il respirait lentement. Fixant la silhouette de Bert à travers une bouteille de tequila. Il vérifia que rien ne pouvait le gêner. Et-

- Damn ! Vassili ! Les aubergines ! Tire ! Explose ces aubergines !, hurla t-'il alors.

BAM.

Vassili raccrocha sans prendre le temps de savoir si l'action était un succès.

Et l'action avait été un franc succès.
Tout ce qu'il restait de la cible était une bouillie blanche et ragoûtante.
Bert s'en était sortit sans une égratignure mais là n'était pas l'important.

Ce qui était important, c'était qu'on ne lui servirait pas d'aubergines avant au moins deux semaines.

Peu de gens savaient que Lester avait ce légume en horreur. Ce goût désagréable, cette couleur immonde et surtout cette forme grotesque, il avait tout pour se faire détester.
Malheureusement, Abraham, le majordome, avait remarqué cette particularité gustative chez son employeur. il avait également remarqué que son employeur ne pouvait laisser transparaître le moindre signe de faiblesse, fut-il complètement stupide.
Ainsi, par vengeance ou par humour -Lester n'arrivait pas à mettre le doigt dessus-, le majordome ajoutait fréquemment le légume à ses plats. Au grand dam de Lester.

Parfait. Reste à s'assurer qu'Abe n'a pas fait de provisions. Il en serait capable, le fourbe.

Il jeta un œil à Bert. Trop tard. Il savait où ils étaient.
Vite. Dégager avec Elmo.
Que fait-il lui au fait ?

Observer cette petite (quoique plus grande que lui) peluche assise au sol et jouant sans remarquer la possible gravité de la situation le coupa dans son élan.

Mignooooooon. fit une voix de petite fille dans son crâne.

Il secoua la tête.

Fuck, gamine. On a pas le temps.

Il pensa à Peggy la Cochonne. Quelque chose au fond de lui lui intimait de la protéger elle aussi. Ou au moins de l'empêcher de se faire tirer dessus par un Muppet cinglé.

- Peg' ! Il arrive. Il faut changer de place. Vite ! chuchota t'-il dans sa direction.

Bert n'allait probablement pas foncer dans le tas. La Toute Rose était armée et dangereuse. À sa place, Lester aurait trouvé une position sûre d'où il les aurait abattu. C'était sans doute ce qui allait se passer. Il y aurait mis la main de Big Bird à couper.
Et l'unique endroit qui faisait l'affaire, c'était un étal métallique de bananes, de l'autre côté du rayon céréale.

Vite. Que Peggy décidé vite.
Allez, grosse pouffe, grouille-toi...
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