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 Lester Hopkins

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AuteurMessage
Lester Hopkins
Torien

Lester Hopkins

Messages : 58
Date d'inscription : 30/01/2011
Age : 60
Localisation : Charnellement ou géographiquement parlant ?

Lester Hopkins Empty
MessageSujet: Lester Hopkins   Lester Hopkins EmptyVen 4 Fév - 16:25

    Nom : Qui sait ? Son nom n'a plus d'importance depuis et ses nombreux excès ont détruit cette part de mémoire. Néanmoins, son passeport affiche Hopkins, c'est largement suffisant pour que les douaniers ne se posent pas pas de questions.
    Prénom : Lester. En sachant qu'un prénom ne vaut pas mieux qu'un nom de famille.
    Surnom : Le proprio' de la Maison sur la Colline, le client parfait, le plus grand fêtard de toute la côte Ouest, l'horrible psychopathe, le sale monstre que l'on devrait torturer... Au choix.
    Âge : Sous la torture, il pourrait bien dire 49 ans. Mais bon, 26 ans c'est mieux, non ?
    Date et Lieu de Naissance : 29 février 1964 (comme quoi, sa vraie mère, c'est la chance) dans une délicieuse bourgade pleines d'ordures, de voyous et de vieilles prostituées : Polesskoie.
    Groupe : Toriens. Et pas un des moindres Cool.
    Situation Familiale : Habituellement, Lester n'aime pas s'engager. Cueillir à chaque fois des fleurs fraîches évite beaucoup d'ennuis. Cependant, il fréquente régulièrement Claire Poitiers, une autre Torienne. La seule Torienne avec qui il accepte de coucher à vrai dire. Leur relation est assez étrange, surtout basée sur l'abus des excès et Lester ne cultive pas de grands sentiments amoureux, elle lui plaît, c'est tout.
    Emploi : Hommes d'affaires à ce qu'on dit. Mais les connaisseurs, les précédentes victimes quoi, le qualifieraient plutôt d'escroc. À débattre Cool.



WHAT WE KNOW


DOSSIER " Tchernobyl Disaster : Repercussion on life " .
Sous-Dossier " Mutated Human Genome "
Fichier " Subject n°73 "


    Description Physique :

    Enregistrement 73.1

    Ouverture de l'enregistrement...

    (Voix féminine)

    11 Mars 1987, Docteur Nikita Slov. À 9 km de Pripyat, laboratoire 19.

    Le sujet 73 est un cas très particulier. La communauté scientifique sera probablement ravie de mes découvertes, quoique le processus soit légèrement contraire à l'éthique.
    Commençons par une étude superficielle.
    L'individu est de type caucasien, comme à peu près tous les autres cas - certaines mutations ont entraînées de graves nécroses donnant un aspect décomposé noirâtre à la peau des sujets 51 et 57 - .
    Sa condition physique est restée étonnamment stable. Il a conservé une silhouette svelte et entretient son corps par des exercices de musculation réguliers. Pour un rescapé de la catastrophe, 73 est un jeune homme très séduisant.
    Passons à une analyse plus en détails.
    La mutation a provoquée un type de destruction tout à fait inédit de nécrose. La chair, au lieu de se putréfier, demeure stable avant de se désagréger d'une façon inexplicable. Toutefois, il semble qu'on puisse remédier au phénomène en incorporant divers agents présents dans l' épiderme et l'hypoderme.
    Fait plus surprenant encore, l'individu 73 a acquis la faculté de recycler ses tissus superficiels en absorbant - sans jeu de mot - la peau d'un tierce individu à son contact.
    En revanche, la peau de 73 acquiert progressivement un pâle plus ou moins cadavérique - selon la température ambiante -. La pilosité elle-même se décolore. Le sujet prend une figure fantomatique sous les néons du laboratoire. Ses ongles également ont pris une couleur blanchâtre. Mon confrère, le Dr Strauss, cherche actuellement la raison pour laquelle la pilosité demeure alors que tous les signes de nécrose dermique - désagrégation de la peau et perte de la pigmentation - sont présents.
    Ce phénomène trouble également le sujet. Le sujet 73 nous a récemment demandés des flacons de teinture et des perruques. Il semble que les incessantes questions des autres sujets à propos de ses cheveux et sourcils décolorés l'indisposent.
    Après avoir acceptée sa requête, nous avons eu de plus en plus de difficultés à le différencier dans la masse. Seuls ses traits légèrement féminins et ses grands yeux noisettes - adorables - permettaient de le distinguer des autres sujets. Un tel physique est relativement peu courant aux alentours de Pripyat. Malheureusement, le Dr Strauss estime que l'on doit lui retirer ses flacons et les perruques.
    Je me dois de décrire ses traits les plus courants, au cas où.
    Comme je l'ai dit, le sujet possède un profil inhabituel dans cette région. Sa mâchoire et un nez finement dessinés, ses grands yeux noisettes et sa peau délicate - sans impureté -, contrastent avec la mine dure qu'affichent les locaux. Accompagnant le tout d'une gestuelle souple, presque gracieuse, 73 donne parfois l'impression d'être efféminé. Le sujet apprécie sans aucun doute préserver son corps des dégâts extérieurs. Je me demande comment il a pu survivre dans un milieu aussi hostile aux individus comme lui.
    Pour les blessures et autres égratignures notables, je dois dire que malgré sa proximité avec l'explosion, numéro 73 est dans un remarquable état. Tout juste noterez-vous la cicatrice au niveau de l'omoplate, résidu du prélèvement de peau effectué de façon musclée - le sujet ayant refusé - par le Dr Strauss.
    Pour terminer en beauté, je vous fais part d'une fantastique découverte. La maladie a induit une hausse d'activité de certaines glandes. La valeur consigne du taux de certaines hormones a été modifié, notamment l'adrénaline. Cette homéostasie inédite paraît sans répercussion négative à long terme. Les messages nerveux ont également vue leur amplitude s'accroitre provoquant des réactions musculaires plus violentes et plus efficaces que la "normale humaine".
    Je pense que nous avons fait le tour de la description physique, peut-être même n'en ai-je dit plus qu'il n'en fallait.

    Fermeture de l'enregistrement...

    Style vestimentaire :

    Enregistrement 73.2

    Ouverture de l'enregistrement...

    22 Août 1987, Docteur Nikita Slov. À 14 km de Pripyat, laboratoire 4.

    Pour votre information, nous avons dû, 73, le Docteur Strauss et moi-même, quitter le laboratoire 19. Les autres sujets commençaient à devenir violent à l'égard de 73. Et cette tension s'est propagée à travers tout le laboratoire, y compris parmi les agents de sécurité. Une telle ambiance freinait nos recherches.

    Passons.

    Étude psychologique du sujet 73.

    Nous avons débutée l'étude par des questions superficielles. Le mettre en confiance était prioritaire après les évènements du mois dernier - 73 a été battu par un des agents de sécurité - .
    Tout d'abord ses goûts les plus faciles à révéler : les vêtements.
    Le Docteur Strauss et moi furent étonnés d'apprendre que pour un natif de la région, 73 cultivait un étrange goût du luxe et du tape-à-l'-œil.
    Je ne compte plus les costumes de grandes marques, les parfums hors de prix et autres bijoux inabordables qu'il nous as décrit avec de grands yeux scintillant. On aurait dit un enfant décrivant sa lettre au Père Noël.
    Cela reste apparemment d'un cas général. En fonction de la situation, il préfère opter pour un habit chaud comme un trench-coat ou d'autre vestes du genre, dans les pays froid ou une simple tenue "short/débardeur" dans des pays plus chaud.
    Pour les accessoires, je vois souvent 73 observer la neige à travers le verre de la fenêtre et le verre de ses lunettes de soleil rondes. Il est vrai que l'éclat de la neige est assez douloureux parfois.
    Hormis les perruques et certains bijoux, 73 ne m'a pas paru affectionner des accessoires plus féminins. Probablement à cause de ses traits déjà très fins - le Docteur Strauss a d'abord cru que c'était une femme - .

    Aime / Aime Pas :

    Peu à peu, nous avons obtenu sa confiance et avons poussé l'examen psychologique plus en profondeur.

    En l'écoutant attentivement, on découvre très vite qu'il abhorre la trop grande rigueur de son pays. C'est un personnage assez déluré et très attentif aux nouvelles choses. Le Docteur Strauss pense que vivre continuellement au milieu d'esprits clos à toute nouveauté le perturbe.
    Concernant son orientation sexuelle, mon confrère et moi avons buté temporairement sur un obstacle jusqu'à décider mutuellement que 73 n'avait pas de préférence - voix masculine dans le fond : Surtout lorsqu'il a proposé à chacun de nous un peu de "détente" ... -.
    Vision déplorable de l'Est contemporain, 73 nous a avoué qu'il était un amateur de substances hallucinogènes et psychotropes. Sa proximité avec la Biélorussie, plaque tournante du trafic de stupéfiant en Europe, lui permet de s'approvisionner régulièrement. Néanmoins, nous ne constatons pas d'effet notable du sevrage que nous lui imposons. Peut-être un effet secondaire de la contamination ou bien alors supporte-il le manque sans problème.
    Nous avons aussi remarqué que les événements survenus au laboratoire 19, notamment son internement au milieu des autres sujets dans des conditions que certains pourraient juger déplorables, ont profondément marqués 73. Je crois qu'il ne supporterait pas de revivre une telle situation. C'est-à-dire, être enfermé dans un environnement bondé, bruyant et sale. Nous l'avons installé dans un cell... chambre individuelle, relativement propre et confortable. Cela devrait palier les gênes occasionnées par le traumatisme.
    Nous l'avons également interrogé quant à ses rapports avec la violence. Il nous répond que le monde est incapable de tourner sans. Ou, du moins, nulle part où il a déjà voyagé.
    Il nous as expliqué qu'il rêve d'un monde sans violence, un monde de paix où plus personne n'aurait à dépendre des forts pour combattre d'autres forts. Un monde où tous seraient égaux. Il semble visiblement très attaché à la cause de notre Grand Lénine.
    Bien entendu, il se disait prêt à avoir à recourir à la peur et à la haine si cela lui permettait de créer un tel monde. Porter sur son dos toutes les atrocités que véhicule le cœur humain lui semble être le destin le plus digne qui soit.
    73 est un idéaliste romantique. C'est assez rare, aujourd'hui.

    Description Mentale :

    Passons maintenant à un examen psychologique plus poussé.

    73 n'est pas ce que l'on peut appeler un inconscient. Il est parfaitement capable d'analyser actes et conséquences. Par son comportement, vous découvrirez au premier abord un personnage agissant par instinct ou par coup de tête. Mais en se rapprochant plus près et au fil du temps, vous remarquerez qu'il pèse systématiquement le pour et le contre.
    Loin d'être aussi peu instruit que la grande majorité de la population, 73 associe une remarquable intelligence à une curiosité certaine. Ce jeune homme extraverti est très attaché aux nouvelles idées ou grandes idées - sa chambre est remplie de livres -.
    Moins scientifiquement, le Docteur Strauss et moi sommes heureux d'avoir 73 comme patient. De par sa joie de vivre et son enthousiasme, même avec l'atmosphère rigoureuse et plutôt sordide, nous nous plaisons à œuvrer sur ce projet.
    Et puis cette assurance, ce charisme, j'ai un pincement au cœur à chaque fois que je lui refuse quelque chose.
    Malgré ce portrait très flatteur, on note, il faut bien l'avouer, quelques points noirs.
    73 a une petite tendance à se sentir supérieur - mais un brin de snobisme n'a jamais fait de mal à personne -. En visionnant les vidéos de surveillance, nous avons pu découvrir qu'il affectionnait tromper son prochain, en tirant même de la fierté.
    Toujours via le système de caméras, on a pu observer une forme de mépris à l'égard d'autrui. Mais, finalement - cela me fait mal de le reconnaître -, nous avons découvert que son "sentiment" était un cran au-dessus de ce nous pensions. 73 semble en effet prendre un malin plaisir à faire souffrir son entourage. Le visionnage de la bande que j'ai joint aux documents vous révèlera une forme particulière de sadisme. J'opterai pour le terme de "torture mentale".
    Ceci dit, le Docteur Strauss affirme avoir trouvée l'origine des problèmes dans le laboratoire 19. 73 aurait, aux moyens de méthodes de persuasion très poussées pour un non-initié, délibérément mis en place un climat d'angoisse. Mon confrère estime que 73 savait que nous quitterions le laboratoire. De surcroît, qu'il savait que le prochain possèderait une capacité limité - nous ne sommes actuellement que quatre avec l'agent de sécurité -.
    À mon avis, Strauss se fait des idées. 73 n'aurait pas pu le savoir, ce n'est pas un esprit calculateur. Ne vous inquiétez pas, quelqu'un d'aussi irréprochable ne peut être machiavélique et vous savez que j'ai toujours juste sur les gens.

    Fermeture de l'enregistrement.

    Enregistrement hors expérience.

    Ouverture de l'enregistrement...

    Demain, je finaliserai l'examen psychologique. C'est la dernière phase de l'expérience entre 73 et moi. Je compte l'enregistrer directement.
    Avant, je souhaite m'adresser au reste de l'équipe scientifique œuvrant sur les rescapés du désastre.
    (Grésillements d'un soupir dans l'enregistreur. Voix à l'écart : Pfouh. Allons-y...)
    Messieurs, je suis la seule femme du projet. Vous me considérez peut-être comme une personne émotive, moins rationnelle que vous, j'ai donc fait des efforts. Pour m'intégrer. Mais c'en est trop.
    Je ne peux plus continuer. Je ne le veux plus. Je sais qu'une fois l'examen psychologique terminé, je devrai transférer 73 dans votre service. Pour l'autopsie.
    On ne peut pas faire ça. C'est toujours un être humain après tout. Un jeune homme qui s'est trouvé au mauvaise endroit, au mauvais moment. Si vous persistez, je suis prête à renoncer à ma carrière et à l'aider à s'enfuir.
    Je vais terminer ma partie du projet et attendrai votre réponse. J'envoie l'agent de sécurité vous apporter dès ce soir la cassette. J'espère avoir votre réponse demain.

    Fermeture de l'enregistrement.

    Rêves / Buts :

    Enregistrement 73.3

    Ouverture de l'enregistrement...


    - 23 Août 1987 - Laboratoire 4 - Docteur Nikita Slov et le sujet 73. Tu es bien installé ?
    - On ne peut mieux.
    - Tu es au courant que c'est ton dernier jour ici. Qu'est-ce que ça te fait ?
    - Je suis soulagé. L'air du dehors commençait à me manquer. Mais j'espère vraiment vous revoir.
    - Euh. Hum. Bref. Passons aux choses sérieuses. Si tu devais sortir, y a t'-il un lieu précis où tu souhaiterais te rendre ? Quelque chose que tu as prévu d'entreprendre ?
    - Et bien. Je compte retrouver et rassembler une certaine catégorie de personnes...
    - Oh ? Dis-m'en plus.
    - Ceux qui sont comme moi. Je dois les retrouver.
    - Alors, tu penses ne pas être le seul de ton genre.
    - Une telle unicité est impossible. J'ai eu de la chance, certes. Mais, je ne peux pas être le seul.
    - Qu'est-ce qui te fait penser ça ?
    - Peu importe. Mais les choses vont changer.
    - Comment ça ?
    - Depuis ma cellule que vous appelez chambre, à travers les livres, vos conversations, vos notes... J'ai compris combien l'humanité se croyait intouchable, invulnérable. Seule maîtresse à travers l'univers. Aujourd'hui, tout est différent.
    - ...
    - Je vous fait peur, Nikita ? Parfait. J'aime la peur. Ça prouve qu'on me prend au sérieux.
    - Vladimir !
    - Le Docteur Strauss ne vous répondra pas. Et vous venez sans doute réaliser votre erreur en envoyant le seul garde du laboratoire. Et oui. Comme Strauss le pensait. J'avais tout prévu. Et oui. J'ai lues vos notes. Et oui. C'est la fin, Nikita, ou plutôt, c'est le commencement. L'avènement d'une nouvelle espèce, un bouleversement dans la chaîne alimentaire.
    - Tu es fou !
    - Uniquement depuis votre point de vue. C'est la première fois que vous êtes confrontée à votre propre finitude, humaine. Bientôt vous comprendrez.
    - Que fait-tu ? Arrête !

    (Bruit de choc sur l'appareil. Bruits de fracas.)

    Fermeture de l'enregistrement.

    Le Docteur Slov avait instinctivement lancé l'enregistreur en direction de 73. Celui-ci, réagissant à une vitesse qu'elle n'avait jamais vue, n'eut qu'à se pencher légèrement sur le côté et entendre l'appareil heurter le mur du préfabriqué.
    La sortie était face à elle mais dos à 73. Elle savait que dans l'action, elle n'aurait pas l'avantage. En esquivant l'appareil, 73 avait dû hausser son taux d'adrénaline, déjà très élevé. Elle savait qu'il n'avait plus qu'à faire un bond pour la rejoindre. Elle ne pourrait pas rejoindre la porte ou atteindre une quelconque arme potentielle.
    73 l'observait toujours avec ses grands yeux noisettes. Il se mit alors à sourire; d'un sourire amical, apaisant. Elle se résigna donc et s'approcha doucement de son patient préféré. Elle se demandait pourquoi. Peut-être l'attirait-il ?
    Il lui caressa doucement la joue de la main. Elle imaginait quelle image il avait alors d'elle. Une jeune fille - quoique d'une quarantaine d'année - les yeux scintillants et le souffle court. Il se mit sur la pointe des pieds et posa ses lèvres sur son front. Le docteur baissa la tête et ferma les yeux. Un courant glacé germa alors sur son front, avant de se répandre lentement à travers la surface de son corps.
    Elle savait ce qui allait se passer. Devenir comme lui.

    Ainsi, le Docteur Slov fut officieusement la première transformation dont Lester était l'origine. 73 ne découvrirait ce à quoi il exposait Nikita que bien plus tard. Et il ne l'admettrai jamais. Il fallait dissimuler son existence à tous les Toriens. Elle devait devenir un vague souvenir perdu dans les méandres de sa mémoire. Enfin, pas trop quand même.

    Pendant l'heure qui suivit, ils s'affairèrent à noyer le laboratoire sous l'essence, entassant les données de recherches et le corps sans vie du Docteur Strauss, dépecé.
    Nikita avait peur. Peur de l'avenir. On lancerait des avis de recherches, elle serait traquée. Et 73 ne voulait pas qu'elle le suive.

    Le laboratoire brûlait derrière le verre de ses lunettes. Il observa le docteur Slov, emmitouflée et tremblotante dans un gros manteau de fourrure. Ce n'était que la première, ce n'était que le début. Il savait que leurs vies ne seraient qu'errance et crimes macabres mais il s'en fichait. Il se sentait bien. Il fixa le sommet de la colonne de fumée qui perçait l'océan blanc de nuages :
    - Bienvenue dans mon monde. On va s'amuser.


WHAT YOU WANT TO KEEP SECRET

    Famille :

    Couché dans son confortable lit, il admirait le soleil se lever sur la mer. Il caressait les cheveux d'un jeune prostitué qu'il avait engagé la nuit dernière et qui dormait encore, la tête posée sur son ventre.
    Il s'ennuyait. Il voulait dormir mais n'y arrivait pas. À chaque problème sa solution. Il saisit tant bien que mal la seringue posée sur la table de chevet sans réveiller le petit hispanique qui rêvait paisiblement. Piqure. Vapes. Béatitude. Vision.
    Hopkins. Ce n'était pas son véritable nom. Comment était-ce déjà ? Ah oui, imprononçable. Typiquement slave.
    Et sa famille était encore plus typique.
    Il revoyait un gros mineur. Les sourcils broussailleux et le regard inquisiteur. Sa petite bouche camouflée derrière une barbe sale bougeait. Il proférait des insultes. Des bouteilles d'alcool frelaté. Il en flottait autour du gros homme. Il se plaignait. Son fils était un bon à rien, la risée du camp avec ses manières de fillette. Il implorait Dieu pour qu'il devienne un homme qui irait travailler à l'usine de Pripyat et rapporter de l'argent. Argent qui servirait à acheter encore plus d'alcool. Pas besoin de son. Il le savait, c'est tout.
    Une femme se matérialisait alors que son père s'atténuait. C'était sa mère. Une vieille mégère, ridée, meurtrie par des fléaux qu'elle acceptait sans rechigner. Elle le battait, lui et ses sœurs. Une truie qui faisait la culbute tous les jours chez l'épicier du coin pour avoir un peu plus d'alcool et de dope. Qui noyait ses enfants de corvées ingrates et d'insultes. Qui rationnait ses enfants, les laissant mourir de faim et patauger dans la vermine.
    Et ses sœurs. L'une avait eu de la chance. Foudroyée par des maux qui n'étaient même plus censés exister dans une société soi-disant civilisée. Au moins ne découvrait-elle pas une gamine n'ayant même pas 15 ans qui se prostituait pour obtenir de quoi manger et se piquer, quotidiennement.
    C'était une société viciée jusqu'aux tréfonds de la moelle.
    Paf. paf. Le petit avait été réveillé par ses cris. Lester était en sueur. Foutues crises d'angoisses. Il balança la seringue à travers la pièce qui vint éclater contre la fenêtre. Le soleil s'était bien levé. Ce soir, il s'amuserait, jusqu'au bout de la nuit et plus s'il le fallait. Une belle journée commençait.

    Evénements passés :

    Une fois n'est pas coutume. Mais il devait faire le point sur son passé. Pour mieux appréhender le futur.
    Bon, par où commencer ? Les trucs intéressants. Lester ferma les yeux et passa les rares évènements encore ancrés dans sa mémoire. Ça y est.
    Il avait 13 ans. Voilà trois ans qu'il avait abandonné l'école. Il n'avait de toute façon pas le choix, son père avait cessé de payer et préférait s'acheter de la gnôle. Il marchait dans une ruelle vide, assez angoissante. Il commençait à entendre des chocs, comme une pierre sur une vitre. Par curiosité, il se mit à la recherche de l'origine des chocs. C'était un vieil homme qui écrivait des tas de symboles bizarres sur un tableau noir à l'aide d'une craie. Le vieil homme le remarquait et l'invitait à entrer puis à s'asseoir. Il lui posait des tas de questions. Pourquoi n'était-il pas à l'école ? Aimait-il s'instruire ? Que pensait-il de ceci ou de cela ? Puis, pendant cinq ans, le jeune Lester revenait chaque jour, chez le vieil homme qui lui enseignait les sciences physiques, la biologie, les mathématiques, la philosophie... Il n'avait jamais su son nom. Était-ce un anglais ? Ou un allemand ? Peu importe. C'était le професор, le Professeur. Il lui avait appris que l'érudition était un trésor. Et puis un jour, il est parti. Les gens disaient que c'était les russes. Le KGB. Il s'en fichait mais le Professeur lui manquait beaucoup.
    Ellipse. Avance rapide.
    20 ans. Il se revoyait errer dans la steppe autour de Polesskoie. Un homme se faisait agresser par un voyou. Il accourait et plantait son couteau dans le bras de l'agresseur. Il ramena l'infortuné chez lui, un petit abri de fortune. C'était un Portugais. Il avait dû fuir son pays natal pour délit d'initié. En remerciement, il lui avait enseigné tous les rudiments du "métier". Le Portugais savait y faire, voilà une vingtaine d'année qu’Interpol le poursuivait. Ils restèrent deux semaines ensemble avant que le Portugais reprenne sa route. Il ne l'a jamais revu depuis.
    Trois ans. C'est le temps qu'il a passé à errer en Ukraine, faire des petits boulots pour s'acheter de la nourriture, des livres et de la dope, avant le 26 Avril 1986. Ce jour-là tout le monde le connaît. Un grand flash, le vent qui tourne subitement, les gens qui hurlent, qui courent, qui tombent dans la merde et se font piétiner. Face à sa fin, l'homme agit vraiment comme une ordure.
    Il se réveille dans une grande salle, au milieu d'un tas de monde. C'était bruyant, sale et ça manquait d'intimité. Il n'y avait plus de société. On préférait crier, s'insulter et se marcher dessus. Certains avaient renoncé. Ils ne se lavaient plus, ils ne communiquaient plus, tout juste se ruaient-ils sur la nourriture que leur jetaient un tas de gorille armés et hilares. Ce fut la pire chose qu'il vécut.
    Et il souffrait. Jour et nuit, à n'en plus pouvoir dormir. Sa peau lui brûlait tellement que l'arracher aurait été le salut. Plus encore, le manque de sommeil l'empêchait de réfléchir, il sentait la folie le gagner de jour en jour.
    Puis il rencontra le docteur Slov. Il avait alors 23 ans et une vingtaine d'années les séparaient.
    Il se souvenait parfaitement d'elle. Ses cheveux noirs comme la suie coupés aux épaules. Ses yeux fatigués, d'un vert terne dissimulé par une paire de lunettes rectangulaires. Un visage délicat, ponctué par le nez retroussé d'une petite fille et de petites taches brunes. Un teint assombri par de trop longues années à travailler et étudier. Une fine bouche qui ne souriait pratiquement jamais couplée d'une voix déterminée, empreinte de sérieux et de convictions. Il en émanait parfois un rire lorsque Lester s'efforçait de le provoquer.
    Même vingt-six ans plus tard, il rêvait encore de leurs entrevues. Rien de bien romantique, elle lui posait des questions, il lui répondait. Mais il en rêvait.
    Après les évènements du laboratoire n°4, il aurait voulu s'enfuir avec elle. Mais c'était trop risqué et il avait d'autres projets. Ils se sont séparés. Elle referait sa vie tandis qu'il partirait à la recherche des autres.

    Lester explora le Vieux Continent pendant plusieurs années. Il avait alors répertorié de nombreux Toriens. La plupart du temps, il les rencontrait au hasard, lorsque ses poils semblaient se tendre comme un boussole à l'approche d'un congénère. Probablement un effet secondaire des radiations.
    La majeure partie des Toriens étaient de la seconde génération, parfois de la troisième. Lui n'avait jamais aimé convertir ces pathétiques humains en Toriens. Les tuer lui suffisait amplement. Ou alors, il transformerait un scientifique voire un tacticien doué. Les Toriens étaient impulsifs, incontrôlable. Certes, lui aussi se plaisait à jouir d'une vie de toute puissance mais il y avait des limites.
    Malgré tout, la première conversion de Lester n'était pas exactement le profil du parfait Torien recherché.
    Elle s'appelait Claire Poitiers. Une française.
    Voilà trois ou quatre heures qu'il marchait dans Pigalle à la recherche de la peau d'une jolie française. Lisse et pâlichonne. Délicieux.
    Il avait décidé de faire une pause et était rentré dans un bar miteux perdu entre deux ruelles sombres.
    On aurait dit que c'était hier.

    Flash.

    Lester poussa la porte. On se les gelait dehors.
    Il n'y avait pas grand monde. Un vieux barman à moustache qui essuyait machinalement ses verres. Deux africains qui cuvaient affalés sur une petite table ronde. Et un tas de ploucs agglutinés au coin du bar, sûrement le poste radio qui décrivait le match de la soirée.
    Le mutant s'assit et commanda un verre de vodka. Le barman le jugea du regard. Ah oui, c'est vrai, ils associaient tous les slaves à des soviétiques. Foutu conflit.
    Finalement le barman fit une moue en signe d'adoption et lui servit sa coupelle.
    - L'humanité est une véritable ordure.
    Tiens ? Ça provenait du groupe de ploucs.
    Il y avait une femme au milieu. Elle était somptueuse mais pas dans son meilleur jour. Ses cheveux étaient un peu ébouriffés et le maquillage à moitié disparu l'enlaidissait légèrement. Elle semblait faire abstraction de son entourage et continuer de maudire l'humanité devant une bouteille de whisky.
    Si l'alcool était un révélateur de personnalité, alors cette fille sortait de la norme. Lester continua donc de l'écouter sans quitter son verre des yeux.
    Mais les beaufs autour s'intéressaient à autre chose que ses idées.
    - J'ai fais l'amour à des gamins pleins aux as, à des lords anglais, à de puissants émirs et à des géants américains. Mais y en avait aucun qui soit sorti d'la norme. Tous des abrutis. *Elle vida son verre*
    Le plus gros de la bande qui l'encerclait posa sa main devant elle sur le bar et se pencha. Il arbora alors un énorme sourire idiot :
    - T'aimerais pas revenir tâter du Caquarante p'utôt qu'du Woualstrite ?
    - Hein ?
    - Bin ouais. Si t'en as marre d'agiter les boubourses américaines, vient pa'per les bouboures bien françaises !
    Ses amis éclatèrent d'un rire tonitruant et clairement primitif. Comme les troupeaux d'hommes préhistoriques dans les films.
    Elle le rembarra alors d'un flegme inhabituel. Elle savait parler aux gens. Mais le gros se vexa. Il la saisit par les cheveux :
    - J'te trouve bien prétentieuse pour une p'tite pute fragile comme toi. Allez, viens par ici, j'vais t'montrer comment baise un vrai mâle.
    Le barman s'interposa.
    - Hey ! Lâche-la ou j'appelle les flics.
    - Fais-ça et je t'arrache les couilles.
    Le barman se tut et recula derrière son bar. Pitoyable humain qui reculait devant sa fin. Mais Lester n'allait pas laisser la laisser. Elle lui plaisait.
    - Si vous l'emmenez, vous risquez d'avoir des problèmes, avertit Lester, toujours en regardant son verre avec lequel il faisait des cercles.
    Le gros maintenait toujours la prostituée par les cheveux. Les autres le suivaient comme des moutons. Le chef, hein ?
    - C'est qui c'uilà ? Y a quelque chose qui va pas le coco ?
    - Plutôt oui. J'ai pas envie que t'embarques cette fille.
    - Ça veut s'la jouer héros, hein ? Retourne dans ton pays, le rouge ! J'suis sûr t'es content là-bas. Vous partagez tout, hein ? Même la chatte de ta mère qu'dois r'ssembler à une autoroute !
    Le clan de gorille explosa une nouvelle fois d'un rire idiot et ridicule. Car ils se rapprochaient plus des gorilles. Corpulents, poilus, incapable d'un langage civilisés et ne raisonnant que par la menace et les poings. L'humanité tombait de plus en plus bas.
    - Trois générations de consanguins ont dues se succéder pour t'obtenir. Incroyable. T'as place est dans un zoo ou sur une table d'autopsie.
    - Huh ? Mais i'm'insulte ce con ?
    L'animal relâcha la captive et envoya son poing sur Lester.
    Ce dernier connaissait parfaitement le processus. Il attendait toujours le premier coup. Il esquivait. Son taux d'adrénaline montait en flèche, ce qui ne se serait pas produit tout de suite s'il avait frappé le premier. Il répondait alors. L'adrénaline en abondance et les diverses particularités de son organisme rendaient la réponse rapide, violente et efficace.
    Lester esquiva et, profitant de l'élan du singe, projeta sa paume dans son nez, dans un mouvement légèrement ascendant. Le coup de payait pas de mine pour quelqu'un qui n'était ni le destinateur ni le destinataire. Mais, il cassait et enfonçait l'arête du nez suffisamment profondément pour atteindre le cerveau.
    L'énorme beauf chuta lourdement en arrière. Il était encore en vie mais ne se réveillerai jamais. De gorille, il était passé à légume.
    Lester releva la prostituée et l'emmena chez lui. Une fois en sécurité, ils burent un verre, firent l'amour et discutèrent. L'ordre était peut-être différent. Peu importe. Claire Poitiers, car c'était son nom, l'avait séduit. Ils continuèrent de se voir et, systématiquement, Claire se plaisait à faire payer la nuit. Lester s'en fichait.
    Finalement, Lester prit une décision. Elle deviendrait comme lui. Ainsi, pendant une nuit, il convertit la prostituée. On ne précisera où se situait la marque mais disons qu'elle en gardera un bon souvenir.

    Son aventure avec Claire s'était passée hors du temps. Comme un rêve. Il avait expliqué à Claire ce qu'elle était devenue et avait confié ses idées d'avenir. Mais Claire ne semblait pas s'y intéresser ou alors, il ne l'avait pas compris. Aujourd'hui sa relation avec elle n'était plus aussi passionnelle. Ils faisaient l'amour, discutaient "boulot", point barre. Tandis que Lester lui offrait ce qu'elle désirait, il utilisait son le relevé des clients et son carnet d'adresses pour tisser ses plans.
    Néanmoins, il songeait souvent aux événements de Paris. Les bons et les moins bons.

    Flash.

    Une dizaine d'année après la catastrophe et seulement quelques mois après son aventure avec Claire. Il avait réussi à créer une communauté d'une cinquantaine d'individus, disséminés à travers le monde. Le terme "Torien" existe déjà. Ce nom lui plaît.
    Il se rend à Paris. Le journal explique que les autorités buttent sur une affaire de disparition de corps. Tous les deux mois, un cadavre disparaît et seulement ceux volontairement donnés à la science. Le vulgus parle d'un nécrophile, d'un anthropophage, de trafic d'organes et d'un tas d'autres explications farfelues. Tu parles. Par contre, Nikita n'a pas changée. Elle refuse de toucher quelqu'un sans avoir son consentement. Fut-il un cadavre.
    Lester se fît discret un jour ou deux, histoire de trouver où travaillait le docteur Slov. Une fois repérée, Lester ne pouvait attendre. Il fallait sortir le grand jeu. Des fleurs, du parfum, son plus beau costume, une réservation dans un grand restaurant. Oh, et ses lunettes de soleil rondes, " à la Lennon " comme dirait Jon, un Torien anglais.
    Il hèle un taxi, direction la clinique Saint James. Le morceau d'un jazzman noir lui revenait. Un peu triste mais délicieux.
    Il n'y a presque personne dans le bâtiment. Pourtant, c'était censé être l'heure de pointe...Bah. Il n'a pas envie de s'adresser à la gamine de l'accueil. On passe par la fenêtre, on se faufile discrètement. On esquive deux infirmiers un peu trop costauds pour inspirer confiance. Il ressemble plus à des loubards ou des soldats qu'à des blouses blanches. Bref.
    Nikita bossait au sous-sol, à la morgue. Non. Non. Non. Morgue. Parfait.
    Il entrouvre doucement la porte. Il entend le cliquetis des scalpels et d'autres instruments chirurgicaux. Sacré docteur, même immortelle, elle n'avait toujours pas de vie sociale. Allez, on rentre.

    Lester lâcha les fleurs. Au centre de la pièce, le corps de Nikita gisait, sans vie, au sol. Un homme était penché sur elle. À travers sa blouse blanche on pouvait apercevoir une tenue de combat des forces spéciales, mais pas françaises. Il était du même genre que les deux infirmiers rencontrés il y avait peu. Un blond, rasé de près, cheveux à ras, une mâchoire proéminente, une silhouette trapue, rodée au combat. Des cicatrices apparaissaient ci et là.
    Et le bruit des scalpels, ô horribles sons, provenait de l'homme qui s'affairait à dépecer Nikita. En s'approchant, il eut une vision d'horreur, le docteur trempait dans une mare de sang. Elle avait été torturée avant d'être exécutée. Le détail macabre de trop frappa alors Lester. Sur une mallette noire marquée d'un H scintillant sous la lumière du néon, un petit pot était posé. À l'intérieur flottait l'œil gauche de la seule femme qu'il n'ait sans aucun doute jamais aimé.
    Lester ferma la porte derrière lui. Au clic de la serrure, l'homme se leva et fit face à l'intrus. Le soldat affichait un grand sourire sadique, à pleine dents.
    - Un autre ? dit-il en français.
    Il lança son scalpel et sortit son couteau tandis que Lester esquivait le projectile. Lester avait déjà eu à se battre. Mais ce n'était que des voyous des terres dévastées autour de Pripyat, des hommes de mains de la mafia russe et même une fois des anciens du KGB. Là, il affrontait un soldat rompu au combat contre des individus comme lui. Il connaissait ses forces et ses faiblesses.
    Le meurtrier proférait des insultes. Mais pas en français. C'était de l'Islandais. Ce connard était d'Islande.
    Le combat s'éternisait. D'autres risquait de rappliquer et Lester voulait emporter le corps du docteur Slov. Il saisit une bouteille d'alcool posée sur une table et brisa l'unique lampe à néon de la pièce. Noir quasi-total. Avantage pour Lester.
    À errer dans des contrées dépourvues d'électricité et où un feu ne durait jamais longtemps, ses yeux s'étaient familiarisés avec la nuit. À l'inverse de ceux du soldat.
    Lester piégea les poignets de son adversaire et les lui broya d'un mouvement sec. Il lui plaqua sa main sur la bouche pour étouffer ses cris et lui brisa ses tibias.
    Il approcha son visage de celui de l'agresseur jusqu'à ce que ce dernier puisse le voir dans le blanc des yeux. Le soldat ne hurlait plus.
    - Je ne te crains pas, monstre ! Herinnen aura ta peau ! Ha ha ha ha ha !
    Son rire n'était plus qu'un râle de douleur. Lester posa son doigt sur l'œil gauche de l'Islandais. Toujours la main plaquée, il absorba toutes les substances nutritives de l'oeil. L'autre œil se révulsait, l'homme souffrait le martyr. Lorsque l'organe ne ressembla plus qu'à un gros raisin sec, Lester l'arracha d'un coup sec.
    Il jeta son trophée et fit pivoter le crâne du soldat dans un craquement sinistre.
    - Bienvenue dans mon monde.

    Flash.

    Herinnen.
    Il avait dit Herinnen.
    Lester s'était rendu en Islande, déterminé à savoir ce qu'était Herinnen. Au bout d'un mois, il en savait assez.
    C'était la dernière phase du projet. L'humanité avait peur. Peur de sa propre fin. Herinnen représentait cette lutte pour la survie. Il aimait ça. Et il aimera ça encore plus quand Herinnen ne sera plus.
    Et il avait un compte à régler...

    Il contacta l'unique Torien résidant en Islande : Kort.
    Une fois à l'aéroport, Kort lui indiqua un hôtel où loger, un numéro où le joindre et l'adresse d'Herinnen. Tout ce qu'il lui fallait.
    Lester n'était pas en vacances. Il ne s'agissait plus d'errer dans les villes jusqu'à ce que sa peau picote à l'approche d'un autre Torien. Cette fois, on oubliait les costumes, les restaurants, les prostituées et les fixs à 7 heures du matin. Il devait garder les idées claires, l'organisme optimal et surtout, il devait rester discret.
    Ainsi, durant trois longs mois, il élabora et peaufina lentement son plan, jour et nuit. Réfléchissant le jour et agissant la nuit. Explorant la ville et repérant les égouts. C'était leur terrain et omettre le moindre détail s'avèrerait, à coup sûr, fatal.
    Une fois le filet posé, il leur manquait l'appât. Deux ou trois décès sordides suffiraient. Allez, quatre, pour la gourmandise.
    Dès la seconde victime, Lester sentit la tension monter d'un cran. Herinnen bougeait ses pions. Elle se pensait intouchable. C'est ce qu'on allait voir. Joker, changement de main.

    Flash.

    Kort et lui campaient dans les égouts. L'air était irrespirable et ils luttaient chaque jour contre d'énormes rats qui tentaient de leur grignoter les doigts de pieds.
    Au troisième jour dans le monde d'en-dessous, les hostilités commencèrent.
    Les cadavres avaient été retrouvés dans un espace très limité. Il n'y avait qu'une seule entrée dans la zone puis très vite un croisement. Chaque branche continuait alors dans un sens différent, sur plusieurs kilomètres. S'il voulait explorer les lieux, un groupe d'assaut d'Herinnen devrait se scinder, diminuant considérablement son efficacité. De plus, dans un environnement aussi confiné, deux Toriens avaient l'avantage.
    Herinnen allait regretter tout ce qu'il lui avait fait subir.
    Il était l'heure. Kort et Lester se souhaitèrent bonne chance et se séparèrent. Chacun dans une direction opposée. La marche paraissait sans fin. Il avait l'habitude d'errer dans les ténèbres mais le bruit d'une mélasse qui s'écoulait et des rongeurs qui y nageait le perturbait. Le tunnel était faiblement éclairé. Des lampes à incandescences étaient disposées tous les cent mètres, quand elles fonctionnaient.
    Il atteignit enfin sa position. Un bout de tunnel éclairé mais dont les abords demeuraient sombres sur deux cent mètres de chaque côté. Il se hissa sur les tuyaux fixés au plafond et patienta. Combien de temps passa t-'il à s'ankyloser ? Il l'ignorait. Quatre ou cinq heures peut-être. Puis il entendit enfin des bruits de pas. Il entrevoyait le groupe derrière les canaux. Ils étaient trois. Un vieux et deux jeunes dont une fille. Que la fête commence. Trois. Deux.
    Une chanson ridicule résonna dans le tunnel, depuis un talkie-walkie. Un signal. Kort s'était mis au travail. Ce Torien était impulsif et puéril mais il faisait du bon boulot. Tout fonctionnait comme prévu.
    Le plus jeune décida de partir seul, voir de quoi il en retournait. Grave erreur. Il allait s'en mordre les doigts. Lorsque les bruits de pas furent assez faibles. Lester rampa sur les tuyaux lentement. Les deux Herinnen étaient à trois ou quatre mètres. Doucement. Lentement. Une fois au-dessus d'eux, Lester sortit silencieusement son couteau. Il trancha alors le câble d'alimentation et l'unique lampe s'éteignit. Tout juste subsistait-il le rougeoiement du filament.
    L'attaque fut brève et violente. Efficace donc. Lester tomba face aux deux soldats qui s'étaient retournés, surpris par les ténèbres. Le vieux fit une erreur. Au lieu de tirer, il alluma sa torche.
    - Lui !
    Lester saisit le pistolet et l'arracha des mains du vieux soldat. Une fois lancé dans les eaux, il empoigna de l'autre main le holster de la gamine et tira de toutes ses forces. La petite fut propulsée contre le mur et la lanière céda. Moins d'armes à feu = combat plus équitable.
    Ses yeux s'étaient habitués à la pénombre. Il pouvait distinguer les détails physiques de son adversaire. Un vieux loup de guerre qui avait fait son temps. Erik quelque chose. Le vétéran tenta de dégainer son couteau. Trop lent. Lester enfonça son poing dans son ventre et, profitant qu'Erik se penchait sous le choc, posa son pied sur son genou et pressa au plus fort. Le craquement fut masqué par l'horrible hurlement que poussa la gamine. Il s'occupa alors de l'autre jambe. La jeunette pleurait. Freyja Eriksonn. Ce nom était gravé sur la plaque de son torse. C'était donc la fille de celui-là. Parfait. Herinnen comprendrait le message.
    Lester serra les poignets de l'homme. Puis les retourna lentement jusqu'à ce que les os cèdent. Freyja ne masqua pas le craquement des os qui se propagea dans le tunnel comme une effrayante mélodie. Le prisonnier ferma les yeux. Il semblait s'être évanoui sous la douleur. Le Torien relâcha le soldat qui chuta lourdement au sol.
    Au tour de la petite.
    Il découvrit une fillette fragile. Paralysée par la peur, blottie contre la paroi et fixant son père, inanimé. Lester jubilait. Il ne pouvait s'empêcher de rire aux éclats. C'était bien meilleur que n'importe quelle dope.
    Voilà ce qu'il recherchait. Il voulait observer la panique de l'ex-invincible humanité dont la force s'était évaporée. Il souhaitait contempler le prédateur devenir la proie face à ce qu'elle ne pouvait vaincre.
    Freyja ne hurlait plus. Elle demeurait silencieuse, tremblotante. Lester lui prit la main et la releva délicatement.
    Elle était plutôt grande par rapport à lui mais d'une beauté sans égal. Et elle avait quelque chose dans le regard. Même avec ses grands yeux qui fixait le vide, Lester le remarquait. Il émanait d'elle un soupçon du docteur Slov. Sûrement l'empreinte d'un esprit déterminé et d'une grande intelligence.
    Lester lui écarta les cheveux qui tombaient sur son visage et caressa sa joue. Il sentit soudain une pression au niveau de la cheville.
    C'était le vieillard. Le père de la gamine avait rampé malgré l'agonie pour l'implorer d'épargner sa petite fille. Il tentait de garantir la pérennité de ses gènes. Non. Il voulait simplement que sa fille chérie survive.
    Il écarquilla les yeux. Il n'avait jamais pensé que l'homme lutterait jusqu'au bout pour quelqu'un d'autre. Lester hésita.
    Puis il vit les deux mallettes noires aux pieds du père. Ce grand H brillant. Il repensa à Nikita. Torturée, exécutée et humiliée jusque dans la mort, au nom de l'humanité. Non. L'homme était une vraie pourriture. Ce gars là, suspendu à sa jambe, méritait de mourir ici.
    Lester retira sa jambe, arma toutes ses forces et décocha le coup le plus violent qu'il n'ait jamais donné.
    Le corps glissa dans le tunnel avant de se laisser pendre au bord de la mélasse, les doigts plongés dans l'eau. Le vieux Eriksonn n'était plus qu'un cadavre puant, la bouche béante et les yeux révulsés.
    Il reporta son attention à Freyja. Elle n'avait rien regardé. Damn. Lester y était allé trop fort dès le début. Le traumatisme devait être suffisamment important pour qu'elle ne se souvienne de rien. Il allait lui laisser un souvenir.
    Lester pencha doucement sa tête vers l'avant, sans une once d'agressivité. Il se mit sur la pointe des pieds et baisa le front de la jeune Herinnen.
    Toujours les lèvres sur son front, il posa son doigt sur l'œil gauche de Freyja.
    - Bienvenue dans mon monde.
    Le cri le plus insupportable que Lester n'eut jamais entendu gela les ténèbres du tunnel. Plus rien ne bougeait. Les rats, l'eau, les insultes de Kort, tout s'était tu.
    Le trognon tomba dans la main de Lester et le temps reprit son cours. Il jeta ce qui restait de l'œil dans la mélasse et s'enfuit. Mais son ombre planait encore au-dessus de la scène de carnage.

    Un immense bâtiment. Le quartier général de Herinnen. Lester entra dans l'enceinte, simplement caché derrière ses lunettes de soleil rondes.
    Les employés s'agitaient. Ils couraient de ci de là, hurlaient au téléphone, braillaient des ordres à des bleus. Ça ressemblait au laboratoire 19.
    Le hall était plutôt bien décoré. Il aimait beaucoup la liste des Torien recherchés jointe à des images basse qualité de leur profil. Lester était au centre de la liste. Oh, il ne s'attendait pas à être célèbre. Il s'approcha du mur, personne ne faisait attention à lui. Il était trop occupés. La photo était tirée d'un enregistrement vidéo. On voyait à peu près les principaux traits mais détails étaient trop flous et les cheveux complètement différents. Lester changeait régulièrement de perruque ou teinte pilaire.
    Au fond de la pièce trônait une photo du soldat qu'il avait tué la nuit dernière. Ce vieillard était le directeur. Joli coup. Par contre, c'est la fille qui prenait la relève.
    Lester avait vraiment envie de la revoir. Ne serait-ce que pour l'achever. Car il avait fait une erreur et il le savait. C'est elle qui aurait dû mourir cette nuit.
    Oui. Les parents devraient toujours survivre aux enfants.
    Maintenant, il allait avoir des problèmes avec la blondinette.

    Arrivée à Esperance :
    L'Australie.
    Une terre assez vierge pour accueillir sa communauté. Et assez défavorable aux Herinnen pour qu'on puisse se défendre.
    Lester avait lancé un appel à tous les Toriens connus, direction la côte Ouest. Il leur avait dit que c'était la fin de l'errance. Herinnen ne serait bientôt plus qu'un mauvais souvenir.
    Quand tous seraient présents, Herinnen profitera de l'occasion et se retrouvera piégée dans un environnement qui n'avait rien en commun avec le leur. Les Anges de sang mériterons alors leur nom. La suite irait d'elle-même. Les Toriens se développerons ensuite rapidement. L'inébranlable humanité faillira. L'angoisse se répandra comme une gangrène mondiale. Lester en avait la bave aux lèvres. Il allait adorer ça. Même si beaucoup d'autres Toriens risquaient d'y passer dans la bataille. Tant pis.
    Et puis, en attendant, comme il dit toujours : On va s'amuser.


BEHIND THE SCREEN

    » Une chose à dire sur vous ? Un nom, un pseudo ? Comment on vous appelle, vous ? [Marla : Vous êtes beau gosse ?] À dire sur moi ? Hum. Je suis une véritable pourriture diabolique. Et j'adore ça. Bref. Appelez-moi l'Ordure. Cool
    » Fréquence de connexion ? Souvent ou pas ? Pour environ un mois ou plus, je serais là souvent. Après, ce sera un peu plus difficile mais j'essaierais de poster au moins deux fois par semaine.
    » Comment jugez-vous votre niveau RP ? Si par niveau, vous entendez le nombre de forum Rp auxquels j'ai déjà participé, je serais franc. J'ai pas un niveau colossal. Mais si vous entendez connaître les détails, s'imprégner du contexte et être capable d'écrire suffisamment et convenablement, alors là rassurez-vous. J'm'en sens capable. Oh, et puis, lorsqu'il s'agit d'incarner un méchant, j'ai ça dans l'sang.
    » Êtes-vous une âme sensible ? Pour essayer de ne pas trop vous traumatiser... Relisez le texte. Si vous voulez des détails plus glauques, contactez-moi.
    » Vous avez lu le Règlement ? Code : Toi comme Yoda parler. Si c'est bien ça.
    » Des choses à dire sur le forum ? Qualités ? Défauts ? (ah ouais, un défaut ? Twisted Evil ) Nous sommes ouverts d'esprit ! Bouahahaha ! Hum. Bref. Non.



Dernière édition par Lester Hopkins le Dim 19 Juin - 13:25, édité 8 fois
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MessageSujet: Re: Lester Hopkins   Lester Hopkins EmptyVen 4 Fév - 17:22

Bonsoir Lester !
Je suis ravie de voir ta fiche, le fait qu'elle ne soit pas écrite sous les critères banals m'a d'autant plus plue !

Cependant, j'ai malheureusement quelques petits points qui me gênent :
- premièrement, sa situation familiale : Lester entretient une relation pas très stable avec Claire Poitiers, une française qui est dans les personnages prédéfinis, donc, il faudrait que tu la mentionnes juste parce qu'elle reste plutôt régulière, même s'ils ne sont pas attachés amoureusement.
- deuxièmement, pour en revenir à Claire, c'est écrit dans les personnages prédéfinis qu'elle est bien la première transformation humain/torien de Lester. Si tu veux, pour ne pas bouleverser toute ton histoire, on peut dire que c'est sa seconde, mais j'aimerais que tu en parles, lors de ton passage à Paris, par exemple, je pense que tu as bien saisi que Lester n'est pas le genre fidèle et fleur bleu, même s'il préfère le professeur Slov.
- troisièmement, c'est une simple nuance, mais j'aimerais insister sur le fait que Lester est bisexuel et qu'il n'a aucune préférence, seul le plaisir lui importe.
- ton avatar ne m'apparaît pas, est-ce pas que tu n'arrives pas à trouver les bonnes dimensions ? si celui qui est proposé dans la galerie ne te plait pas, il n'y a qu'un soucis, nos membres et moi-même en avons d'autres, n'hésite pas à poster une demande dans la section appropriée, on t'en proposera, mais je ne peux pas te valider sans.
- dernier point : la catégorie aime/aime pas n'est pas très explicite et on y apprend pas grand chose, si c'est fait exprès, fais-moi signe, je n'insiterai pas.

Même s'il te semble avoir beaucoup de choses à revoir, ces simples changements attireront ta validation immédiate ! Je garde espoir ! Si tu as le moindre soucis, pose-moi une question via MP ou ici si tu veux (hélas, je serais absente avec Marla jusqu'à dimanche, en mon absence, tu pourras toujours demander à Elwyn des renseignements =)

Bon courage ! =)
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Lester Hopkins

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MessageSujet: Here we are.   Lester Hopkins EmptyLun 7 Fév - 13:55

Très chère, géniale, pulpeuse et mystérieuse Freyja. (*sifflote*)
J'ai inséré les parties manquantes.
Pour éviter la re-lecture, je te précise tout :
- J'ai ajouté une référence à Claire dans la situation familiale et dans événements passés, deuxième paragraphe. Si quelque chose te gène (du genre j'ai trop empiété sur la potentielle fiche de Claire), je te suis tout ouï.
- Secundo, je ne sais pas trop comment insister sur sa bisexualité. J'ai précisé en de nombreux endroits et laissé des insinuations parfaitement compréhensibles. Mais, en insistant plus, j'ai remarqué que ça devenait redondant. Mais je pense que les futurs arrivants comprendront. Non ?
- Yon, désolé, j'ai fais du mieux que j'ai pu pour la rubrique Aime/Aime Pas. Si ça ne convient pas, je m'y remet.
- п'ять, mon avatar avance. J'ai beaucoup aimé l'un des skins que tu m'as proposé.

Merci pour tout !
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Freyja Eriksson

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MessageSujet: Re: Lester Hopkins   Lester Hopkins EmptyLun 7 Fév - 14:06

Bonsoir, Lester !
Les changements qui ont été apportés me conviennent tout à fait.
Je suis ravie qu'un des avatars t'ait plu ! Dès qu'il sera mis, je te validerais sans problèmes !

(La corruptions d'admins ne marche pas >.< enfin... pas trop ^^")

Edit : même s'il reste des changements sur l'avatar, je te VALIDE en espérant que ce' problème sera vite réglé !
Le flood t'es ouvert dès maintenant et le RP dès que ton avatar sera aux bonnes dimensions ! Amuse-toi bien ! =)
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