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 Comment ne pas sortir les poubelles...

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Ulrich Solenystine
Torien

Ulrich Solenystine

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MessageSujet: Comment ne pas sortir les poubelles...   Comment ne pas sortir les poubelles... EmptyJeu 3 Mar - 9:51

Ulrich se détestait un peu plus chaque fois qu’il faisait ça. Pourtant, se nourrir était indispensable pour chaque être vivant et être Torien, c’était aussi être vivant. Bénis soient ceux qui pouvaient se nourrir légalement ! Il ignorait tout de la charmante demoiselle qu’il avait accostée ce soir-là. Si... Il savait qu’elle s’était arrêté ici pour voir ses parents et qu’elle s’était disputée avec eux au sujet de son célibat permanent. Alors elle avait réservé un billet d’avion pour retourner à Sydney le plus vite possible.
Elle pleurait quand il l’avait vue, elle semblait désespérée. Il avait eu pitié d’elle, de sa longue robe large faîte pour la plage et qui cachait le corps dont elle semblait avoir honte. Et pourtant... elle était mignonne, assez bronzée comme la majorité des personnes ici. Il aimait bien ses cheveux encore lourds du sel de la mer.
Il lui avait parlé, comme il savait le faire. Il ne l’avait pas touchée, seulement rassurée. Tellement rassurée qu’elle était rentrée avec lui. Après tout, il devait avoir l’âge d’être son père, physiquement. Si elle avait su qu’elle avait côtoyé une créature de deux cent ans. Créature qui allait mettre fin à sa vie. Ça avait été terrible pour Ulrich de faire rire la demoiselle, de la voir sourire, marcher en pensant à son repas. Cela faisait un mois entier qu’il n’avait pas mangé et la faim devenait dévorante, omniprésente, il ne pouvait s’empêcher de penser à son repas, rien qu’à son repas.
Mais il avait attendu. Il avait attendu qu’elle rentre d’elle-même dans sa chambre. Tous les jeunes à Espérance sont des fêtards et il ne lui fallut pas beaucoup d’arguments pour lui faire prendre un verre. Ils ne s’étaient même pas dit leurs noms. Ulrich préférait : ce serait quelque chose en moins à regretter. Elle avait bu et encore bu, jusqu’à vider sa bouteille de vodka. Il avait été impressionné par la capacité de résistance de la demoiselle...
Puis, comme toujours, il s’approchait doucement d’elle et lui murmurait qu’elle était saoule et qu’il allait la ramener chez elle. Et elle le priait de ne pas faire ça, de la laisser dormir ici. Il se forçait à se souvenir de ses victimes, mot pour mot, pour ne pas devenir la bête qu’il était. Même si ça le faisait souffrir atrocement.
Puis, il l’avait mangée. Elle n’avait pas crié : il était toujours très doux et elle était totalement saoule. Au début, elle s’était débattue, puis elle avait compris qu’elle allait mourir. C’est ça la mort, seulement ça : ne plus se battre. Elle était retombée molle sur les oreillers et il avait finit son repas.

Malgré toute la douleur psychologique, la douceur de sa nouvelle peau et de son estomac rassasié était sans égale. Il s’était assis près du cadavre pour apprécier son repas et la ‘digestion’. Il avait repassé toute la scène dans sa tête, il avait fermé les yeux et...

- Il est temps d’y aller, s’était-il murmuré pour lui-même.

Il détestait ce rituel : regarder le cadavre sans peau de sa propre victime, mettre des gants et du talc, casser la colonne vertébrale, plier le cadavre pour le faire rentrer dans un sac plastique noir de trente litres, faire le noeud, porter les draps à la laverie de l’hôtel en faisant comme si de rien n’était, pour se donner un parfait alibi, sortir sa voiture, remonter dans la chambre, aérer, prendre le sac, descendre dans le couloir, rencontrer une jeune fille...
Minute. Ça ne faisait pas partie du plan, ça ! Il était presque minuit, qu’est-ce qu’une jeune demoiselle faisait dans le hall de cet hôtel ? Mais plus important encore : qu’est-ce que LUI allait faire ? Il mit la situation au point dans sa tête : il avait l’air d’un vieux snock pas net et déprimé parce que sa femme venait de la quitter et qui, après s’être envoyé un petit coup de vodka (petit pour les Russes, bien entendu), sortait les poubelles. Des poubelles poisseuses, lourdes et suspectes. Sans compter que son polo bleu clair sortait de son pantalon large chiffonné, il n’avait pas fait les lacets de ses chaussures et ses cheveux n’étaient pas attachés, pendant le long de sa nuque, un peu décoiffés. Non, franchement, il n’avait pas vraiment l’air net. Il ne restait plus qu’à espérer que la demoiselle en question, qui elle, n’avait pas l’air déprimée du tout, ait peur de lui, parte en courant rejoindre ses parents et ne pas faire le lien avec le corps qu’on trouverait demain ou après-demain.

Il baissa légèrement la tête, ré-ajusta le sac sur son épaule et pressa légèrement le pas. Il était presque sorti d’affaire quand, n’ayant pas vu la baie vitrée, la tête penchée en avant, il se la prit bien évidemment en pleine figure, faisant dans le hall désert en cette nuit chaude et magnifique, un lourd choc lugubre.
Non, décidément, il était fichu, il allait se faire repérer en moins de deux et il allait encore devoir déménager bientôt, loin, très loin. Tout ça à cause de jeune filles... Devait-il la manger elle-aussi ? Ce serait une solution...

Il se retourna pour voir la jeune fille s’immobiliser au milieu du couloir, ayant sans doute entendu sa rencontre douloureuse avec la baie vitrée. Elle était assez petite, menue, la peau pas tellement bronzée, elle ne devait pas être d’ici. Il aima tout de suite ses cheveux roux et son casque sur les oreilles. Il aurait aimé avoir une fille comme ça... Elle, il ne pourrait jamais la manger, même un fusil sur la tempe...
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Elwyn Sweeney
Membre de la Section Herinnen

Elwyn Sweeney

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MessageSujet: Re: Comment ne pas sortir les poubelles...   Comment ne pas sortir les poubelles... EmptyJeu 3 Mar - 12:08

[Où es-tu ??? On ne t’as pas vu de la journée. Je te rappelle que tu es sur le terrain aujourd’hui ! Je raconte quoi aux supérieurs moi ? T’y a pensé hein ? Naturellement tu t’en fous j’en suis sûr. T’es certainement entrain de manger une crêpe à la crème de marrons comme tu le fais d’habitude quand tu te défiles ! Et là je parie que t’es entrain de me maudire d’avoir pourrit ton précieux temps passé sur Facebook. Crève Elwyn ! Crèèèèèèèèèèèèèèèveuh !]

Elle referma, vexée, son Iphone. L’enfoiré, il croyait si bien la connaître ?
Elle attrapa sa fourchette et son couteau et se mit rageusement à manger sa crêpe en se baragouinant à elle-même.

_ D’ailleurs, elle est aux marrons ET aux bananes…crétin.

Ok, certes elle avait « séché » le boulot. La plus grande partie d’Herinnen était partie sur le terrain, dispatchée un peu partout dans Espérance et sur diverses missions. Elle ? Elle devait se rendre à une réunion générale des médecins légistes pour mettre au point le planning des trois prochaines semaines. Barbant.
Penser qu’elle irait bien sagement à ce genre de meeting c’était mal la connaître, elle était arrivée il y a peu à Espérance et n’avait jamais vu de mer aussi bleu, de sable aussi fin et de temps aussi clément. A peine une sortie à la mer, une petite tournée shopping et…non en fait c’était tout. En une semaine c’était tout ce qu’elle était parvenue à faire. Alors passer deux jours à rencontrer les médecins locaux, non merci !
Le soir était le meilleur moment. La mer se colore en noir lorsqu’elle est proche des lampadaires, et elle se mêle au ciel étoilé sous la pénombre. Elwyn ne regrettait pas d’être ici, et encore moins d’avoir fait faux bond à la paperasse administrative.
Son patron avait l’habitude d’ailleurs. Et il savait également qu’il l’a trouverait entrain de flâner sur Facebook, à tenter d’exploser les records aux jeux débiles qu’on y trouve. Maintenant c’était foutu, elle était parvenue à oublier le boulot, tranquillement installée à l’étage d’un petit restaurant du coin, à admirer la plage éclairé par les néons le soir. C’était foutu.

Elle finit en vitesse sa crêpe, paya et repartie pour l’hôtel, empruntant les grandes rues éclairées où les gens se baladaient encore, le soir commençait à peine. Elle croisa sur le chemin quelques filles, habillées court, parfois « glamour », parfois chic, le menton aussi haut que leurs talons qui lançaient un bref regard à Elwyn avant de poursuivre leur route et de murmurer quelques mots ou de glousser.
Pas besoin d’être un génie pour comprendre ce qu’elles pouvaient bien se dire. Elwyn se jaugea un instant, un jean baggy lui arrivant jusqu’en dessous du genou, des tongs simples, un tee shirt « I love teddy » avec la tête d’un ourson en peluche en plein milieu, des cheveux lâchés décoiffés et en bataille sans parler des écouteurs.
Elle feignit l’ignorance, chercher des crosses à ce genre de personnages entraînait toujours des complications, et elle n’était pas là pour ça. Elle en accumulait déjà suffisamment en étant dans une ville remplie de monstres sanguinaires, et en n’allant pas travailler…
Elle se retourna et leur tira la langue dans leur dos. Ça, au moins, ça la soulagerait.

Maintenant qu’elle se trouvait devant la porte de l’hôtel il fallait qu’elle passe le plus difficile : la réception. Elle ouvrit rapidement la porte et marcha à toute allure pour traverser le Hall, laissons tomber l’ascenseur, elle prendrait les escaliers.

_ AH ! Mademoiselle Sweeney…eh mais…où allez-vous ? Mademoiselle ! Attendez !

Et merde, voilà que le réceptionniste se mettait à lui courir après…
_ Vous avez des messages, depuis ce matin on n’arrête pas d’appeler et de vous demander, continua-t-il, attendez…mais pourquoi vous courez ?

Qu’il était lourd celui là. Elle montait quatre à quatre les escaliers avant de parvenir à le semer. Disons plutôt qu’il avait abandonné, elle croyait dur comme fer qu’il aurait pût sans problème la rattraper. Elle remonta complètement essoufflée dans sa chambre. Elle savait qui l’avait appelé…son patron. Qu’il soit maudit !

Elle passa le reste de la soirée à s’abrutir devant la télévision, tentant de se convaincre que ce ne serait pas une perte de ne pas consulter ses messages. Lorsqu’il fût trop tard et que les seules émissions qui restaient étaient des films d’horreur ou pornographique elle décida de retourner dans le Hall. Elle n’avait pas vu l’heure passer et elle fût prise au dépourvue lorsqu’elle constata que la réception de l’hôtel fermait à 22h30.
Pas âme qui vive dans l’hôtel, elle se sentait bien seule. Elle songea que la prochaine fois, elle irait sur le terrain plutôt que de se retrouver ici. Ou bien elle pourrait se faire un ami dans le coin et rester dormir chez ce dernier ? Et si c’était un Torien…elle serait mal. Non, non penser à autre chose qu’au boulot ! Peut être qu’elle n’était pas la seule d’Herinnen à être ici ? Elle songeait inspecter les chambres ou les espionner pour en trouver un qui soit encore ici et éveillé. Au point où elle en était.

Elle s’apprêtait à se faire une complainte mélancolique sur la tristesse de la solitude…lorsqu’un de des morceaux préférés passa. Personne à droite, personne à gauche, elle se mit à fredonner la musique. Et quand le refrain arriva, elle le chanta à voix haute (voir le cria…) prise dans la dynamique de la chanson.

_ STOP YOU KILLER !

En faisant le mouvement de la main qui allait avec lorsqu’elle s’arrêta aussitôt. Derrière sa main, tendue dans un clair mouvement de « stop », se trouvait un homme. Elle était comme paralysée, et l’homme en face d’elle ne semblait pas mieux réagir. On ne pouvait pas faire plus mauvais timing.

La première impression qu’elle eût en regardant l’homme était qu’il n’était pas du soir…et qu’il ne semblait pas plus être du matin. Elle pointa du doigt son écouteur pour tenter d’expliquer à l’homme la raison de ses paroles avant de continuer à fredonner l'air de rien pour sauver le coup.
Lorsque ce dernier continua sa route et se prit la baie vitrée dans la tête, c’en était déjà trop pour Elwyn. Elle éclata d’un rire clair, se tenant les côtes pour tenter de se contenir.
Lorsqu’elle eût reprit son souffle, elle se rapprocha de l’homme et lui dit sur le ton de la conversation.

_ Ah ! J’ai toujours dit que ces baies vitrées étaient trop propres ! Ce genre d’accident arrivent plus souvent que ce qu’on croit ! En tout cas, moi aussi je me suis déjà mangé la vitre.

Elle laissa un petit moment avant de se présenter et de lui tendre la main.

_ Elwyn Sweeney, mais vous pouvez m’appeler Elwyn. Vous voulez un coup de main ?
Poursuivit-elle en pointant du doigt son sac poubelle.

Drôle d’heure pour sortir ses poubelles, à sa tête Elwyn aurait dit qu’il s’agissait d’un auteur de roman, le genre qui ne fait pas attention à l’heure, ni à la façon de s’habiller pour sortir en public (bien qu’elle ne faisait pas mieux elle-même). L’idée était peut être fausse, mais elle lui plaisait.

_ Vous savez, dit-elle sur le ton le plus innocent du monde, c’est marrant parce que si on était dans un film policier américain, on pourrait croire que vous vous trimballez un cadavre dans votre sac poubelle. Ou encore des billets de banque volés ou du cannabis fraichement importé ! S’enjoua-t-elle.

Bien sûr, si elle le disait, c’était parce qu’elle ne le croyait pas le moins du monde. Ce genre de chose arrivaient dans les films, pas dans la réalité. Mais elle avait dans l’idée que s’il s’agissait d’un auteur de roman, alors la conversation pourrait être amusante.

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Ulrich Solenystine
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MessageSujet: Re: Comment ne pas sortir les poubelles...   Comment ne pas sortir les poubelles... EmptySam 5 Mar - 17:00

Non, franchement, si Ulrich avait deviné que s’installer à Espérance soit un tel cauchemar, il serait resté en Afrique, manger des peaux bien bronzées sous un grand beau soleil ! Hélas, désormais, il était à la merci de la jeune fille dans le hall d’un hôtel désert avec dans ses mains, de quoi signer son arrêt de mort ! Mais comment faire pour sortir de cette situation sans se compromettre ? Ulrich essaiera-t-il de manger la jeune fille pour s’en sortir ? Tentera-t-il de sortir le plus vite possible ? Stephen sortira-t-il avec Barbara ou tient-elle encore à Philibert ? La suite, dans le prochain...

Pour en revenir à la situation présente, Ulrich, qui avait vu de meilleurs jours, s’était arrêté sur le coup, à la limite de la crise cardiaque, ses jointures blanches tellement ses mains étaient serrées sur le sac poubelle. ‘Stop You Killer !’ Zut ! Etait-il découvert ? Il tourna très très lentement sur ses talons, comme s’il s’apprêtait à la voir pointer une arme dans son dos, à être déjà mort... Et si c’était un agent d’Herinnen ?
L’homme finit par se retourner complètement pour.. ne rien rencontrer de tout cela. A la place, il vit la même jeune fille, presque innocente qui marchait d’un pas dansant dans le hall désert (d’ailleurs, pourquoi était-il désert ? C’était louche tout ça...), ses écouteurs sur les oreilles. Le soulagement fut intense pour Ulrich qui ne put retenir un léger soupir. Il essuya du revers de sa manche une goutte de sueur qui perlait sur son front et, après avoir vérifié qu’aucun membre n’avait traversé le sac poubelle, il remit sa route.
Mais hélas, il n’avait à peine fait quelques pas que déjà, il se prenait la baie vitrée. Il était maudit. Il était destiné à être découvert !

Un rire résonna à ses oreilles inquiètes. Un rire. Un simple rire. Il esquissa un petit sourire pour lui-même. Avec un peu de chance, il pourrait aller balancer ce sac dans une grande poubelle le plus discrètement possible... La jeune fille semblait plutôt être du genre innocente et sympathique, peut-être même pourrait-il lui parler APRÈS sa tâche accomplie. En ce moment, il fallait dire qu’il devait avoir les traits tirés à cause de la fatigue et de l'inquiétude. Il comprenait à présent, les cris de la fille dans la douche d’un film qu’il avait vu il y avait longtemps... Il aurait pu faire les mêmes, un peu plus grave devant cette demoiselle souriante qui venait à son secours. S’il y a un Dieu là-haut, pensa-t-il, faîtes que le sac ne se soit pas déchiré, faîtes que le sac ne se soit pas déchiré. Avec un peu dans chances, dans cette petite ville, tout le monde se connaissait et... Il devrait sa mort de vieux Torien à une jeune fille...

Mais pour l’instant, rien d’anormal ne se passait. Elle venait et lui parlait des baies vitrées... C’était peut-être encore sauvable ! Il lui sourit même quand elle se présenta et prit doucement sa petite main dans la sienne pour la lui serrer :

- B... Bonsoir, mademoiselle, fit-il avec son accent russe horrible, ravi de vous rencontrer, même si... j’aurais préféré d’autres circonstances (oui, c’était le cas de le dire...). Je souis Ulrich Solenystine.

Respirer et avoir l’air détendu, comme s’il ne faisait que sortir d’innocentes poubelles non pas pleines d’un cadavre de de bouteilles de vodka, mais d’innocents petits emballages de repas tout préparés à faire chauffer au micro-ondes, de boîtes de conserves etc... Si ça se trouvait, il avait encore...
Non, en fait non...Son camouflage était bel et bien raté. Si demain, on lançait un appel à témoin, cette demoiselle que le Diable seul avait pu mettre sur sa route pourrait le dénoncer ! Ainsi, il avait une tête de tueur... Lui ? L’ex-diplomate, gentil père de famille et mari attentionné ?... Bon, d’accord, c’était ce qu’il était devenu...

- Non ! s’exclama-t-il. Euhm, je veux dire... euhm, non, merci, c’est très aimable à vous, mais je... je n’imposerais pas une telle charge à une gente demoiselle telle que vous, ne vous inquiétez pas, c’est très léger...

Pour lui démontrer ce mensonge (Torien ou pas, après une longue journée et un grand festin accompagnée de peurs telles qu’il venait de vivre, on se sent un peu fatigué, surtout quand on a près de deux cent ans...) il porta le sac à son autre épaule. Le poids lui fit plier un peu les genoux et il dut faire un graaand sourire, enfin, le plus graaand sourire possible dans sa situation, pour donner au change.

- Ah, vous trouvez ? Aha... En général on me dit plutôt que je ressemble à.. à rien en fait... Mais vous avez de l’imagination, mademoiselle, vous trouvez que je ressemble à un tueur ?

S’il réussit à paraître naturel, peut-être même lui donnerait-elle des conseils pour s’améliorer...
Un client passa, le genre de mec complètement saoul qui titubait en se parlant à lui-même de choses plus ou moins compréhensibles. Ulrich le suivit discrètement du regard, mais l’individu était bien trop saoul pour l’instant. C’est alors qu’en se tournant, son sac frappa avec un bruit mat pas très naturel la baie vitrée sur laquelle il s’était lui-même cogné...

Il n’avait jamais autant haï les baies vitrées...
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Elwyn Sweeney
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Elwyn Sweeney

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MessageSujet: Re: Comment ne pas sortir les poubelles...   Comment ne pas sortir les poubelles... EmptyMar 8 Mar - 6:56

_ Enchantée ! Lui répondit-elle à l’entente de son prénom.

Elle sursauta à l’entente de l’étrange accent de l’inconnu. Elle ne le reconnu cependant pas, n’ayant jamais croisé de russe, et encore moins de russe Torrien. A vrai dire elle devait juste se débrouiller avec ce que les Torrien lui laissaient, c’est-à-dire, les cadavres.
Lui demander cash d’où il venait semblait mal placé. Elle lui demanderait plus tard. Du reste, elle ne pouvait s’empêcher de sourire à chaque fois qu’il parlait, trouvant l’accent bien drôle. Parallèlement, elle se dit que si elle aussi devait parler dans sa langue, elle aurait probablement un accent infâme qui lui donnerait à lui l’envie de rire.
A sa façon de parler, Elwyn songea qu’il devait être juste timide, c’était plutôt mignon. Mais son hypothèse devait se révéler juste, un auteur russe en voyage à l’autre bout du monde pour trouver l’inspiration. C’était pas impossible ! Ce genre de personnage était réputé pour ne pas être doué avec les gens en général.

C’était certainement la raison pour laquelle il réagissait de façon aussi extrême lorsqu’elle lui proposa un coup de main avec ses ordures. En fait, elle préférait. Elle n’était pas très forte et avait proposé son aide pour être polie. Mais elle songea qu’il serait impoli d’insister, peut être avait-il des choses gênantes dans ce sac, comme des magasines pornographiques ou autre…Elle ne le voyait pas en grande charmeur (si elle savait…) et elle avait entendu suffisamment d’histoire sur la vie de « mâle solitaire » pour être gênée rien que d’y penser.
Elle le regarda jouer avec son sac pour tenter de lui prouver la légèreté de ce dernier mais sans grand succès. Elwyn se contenta de sourire l’air compréhensif. Pas besoin de faire de longues études pour constater que ce sac était bel et bien lourd. Mais d’un autre côté tant mieux, en tant que bonne enfant égoïste, Elwyn avait moyennement envie de porter des ordures lourdes et louches.
Soit ! Elle ne l’embêterait pas sur le sac…du moins pas pour le moment.

_ Si vous ressemblez à un tueur ? Répéta-t-elle.

Elle se frotta un peu le menton pour songer à la réponse. Puis reprit.

_ Vous savez, personne n’a vraiment la tête d’un tueur. Depuis peu que je travaille à Herinnen, j’en ai vu passer des assassins et des cadavres. Certains des tueurs avaient l’air même plus innocent que moi ! Enfin, voilà que je me mets à parler de boulot pendant mon congé, je suis incorrigible. Excusez-moi vous n’avez peut-être pas envie d’écouter les histoires macabres de policiers.

Elle ne pouvait pas s’empêcher de parler de son travail dans sa vie quotidienne. Ce n’était pas de sa faute après tout, il arrivait tellement de choses intéressantes malgré les moments d’ennui…de plus elle passait le plus clair de son temps à travailler ou à penser au travail. Ce genre de réaction était peu étonnant, et d’ailleurs, elle risquait de parler souvent d’Herinnen au pauvre homme nommé Ulrich.

Elle ne vit pas le client saoul passer derrière eux, mais elle sentit Ulrich le suivre du regard, avant même qu’elle ne puisse se retourner elle-même, le sac de son compère se cogna contre la baie vitrée. Décidément ce n’était pas son jour. Elwyn ne se posa pas plus de question sur le bruit, après tout avec tous les différents objets que l’on met dans un sac poubelle, tout était possible.

_ Si ça ne vous dérange pas, je vais vous accompagner. Afin que vous puissiez vous débarrasser le plus rapidement possible de votre sac si…léger !
Conclut-elle avec un grand sourire.

Autant respecter la parole de l’homme. Mais nul doute qu’il avait du mal avec son sac. Elle souhaitait poursuivre la conversation avec lui dans de meilleures conditions.
Elle alla jusqu’à la baie vitrée et lui tint la porte pour le laisser sortir.

_ Monsieur, après vous !

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Ulrich Solenystine
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MessageSujet: Re: Comment ne pas sortir les poubelles...   Comment ne pas sortir les poubelles... EmptyVen 11 Mar - 12:49

Pour l’instant, il hésitait entre éclater de rire sous le coup de la nervosité ou tuer cette effrayante jeune fille à l’apparence bien trop innocente pour l’être vraiment. Si cela se trouvait, elle était un agent secret, ou même PIRE ! Un agent de la section Herinnen par exemple, la fille cachée de la redoutable Freyja, peut-être, sa pupille, le nouveau directeur de la section et...
Et non, en fait, il était bien trop nerveux, il pensait à n’importe quoi. A son âge, ce n’était pas bon pour son coeur de s’énerver autant. Et sa toute nouvelle peau risquait aussi de ne pas aimer. Il l’avait acquise chèrement, il devait y faire attention désormais. Elle devait durer un mois. Il sentait déjà une goutte de sueur perler à son front, mais pire encore, ses paumes suaient. Oui, vous savez, les paumes ce qui, en ce moment, retenait le sac en plastique de tomber et de laisser s’échapper un bout de sa victime à la vue de tous. Si jamais la fille était véritablement aussi innocente qu’elle le paraissait, il s’en voudrait toute sa vie de l’avoir pervertie, de l’avoir traumatisée ! Voir un cadavre aussi jeune, c’était... criminel. Et puis, il ne fallait pas oublier que lui, il avait envie de rester un peu à Espérance tranquille aussi...

Il écouta attentivement ce qu’elle disait, essayant cependant d’avoir l’air dégagé. Il l’était déjà peu près vestimentairement : avec son polo pas rentré dans son pantalon et ses chaussures mises à la va-vite, sans parler de ses cheveux qui n’étaient même pas attachés, il n’avait vraiment pas l’air de sortir affronter une épreuve aussi difficile que de se débarrasser du corps d’une demoiselle tuée à contre-coeur. Franchement, les gens ne savaient plus ce que c’était de tuer des gens sans le vouloir. Il aurait pu aussi se laisser mourir de faim, mais il avait encore trop d’espoir pour son hypothétique avenir pour se laisser mourir de faim.
Cette fois-ci, il eut du mal à rester dégagé. Faisons un tour dans ses pensées :

*Dieu ! Dieu ! Pourquoi me faire cela ? Déjà, être un Torien et en plus, rencontrer Herinnen ! Que dois-je faire ?!*

Il fallait trouver une solution, un truc, quelque chose pour se sortir de cette mauvaise passe ! Un agent d’Herinnen ! Ainsi, même les pensées les plus folles pouvaient se réaliser ! Si cela se trouvait elle était là parce qu’ils le soupçonnaient et qu’elle devait enquêter sur lui. Prêcher le faux pour savoir le vrai ! Il ne fallait pas qu’il se laisse piéger ! Rester sur ses gardes, rester sur ses gardes, c’était la clé ! Il se força à sourire et à reprendre sur le ton de la conversation :

- Les apparences sont souvent trompeuses en effet ! Qui aurait pu croire qu’une demoiselle comme vous faisait partie de la police ? Enfin, je pense qu’Herinnen c’est un peu comme la police, non ?

En vrai, il savait bien qu’Herinnen et la police étaient deux organisations différentes, mais il devait à tout prix jouer le gentil immigrant russe qui ne sait pas grand chose de la situation. Si jamais ils venaient à parler des Toriens, il ferait jouer ses relations, il parlerait de ses cours et ferait semblant d’avoir froid dans le dos. Au pire, il finirait par parler de la corruption du siècle et des jeunes qui ne savent plus se tenir. En fait, il éviterait, il se sentait assez vieux comme cela.
Pour une fois qu’il avait de la compagnie, il fallait qu’il fasse attention ! Ne serait-il jamais tranquille ?!

Se... se débarrasser avec lui de son sac ? Vite ! Que faire ? Il fallait trouver un truc, une excuse ! Il ne pouvait pas emmener un agent d’Herinnen, aussi jeune soit-il en voiture pour se débarrasser d’un corps dans la mer !! C’était comme lui dire : «Bonjour, je suis Torien, je viens de manger, je veux jeter mes restes, viens on fait un tour ensemble en pleine nuit !». Il pourrait toujours la manger. Se remplir l’estomac et être sûr de tenir jusqu’au mois prochain... Monter dans la voiture, aller dans une ruelle sombre...

Elle lui ouvrit la porte en souriant. Non, s’il la tuait, il ne pourrait jamais s’ne remettre et puis, Ana aurait été outrée ! Elle ne lui aurait jamais pardonné ? Et qu’aurait dit sa mère ? Elle aussi avait du être très mécontente...Non, il ne pouvait pas faire de mal à une jeune fille, même si elle faisait partie d’Herinnen, il attendrait d’y être forcé, le fusil sur la tempe ! Il hocha légèrement la tête et plongea sa main dans la poche de son pantalon. Quitte à ne pas jeter le cadavre dans la mer, il devait au moins le jeter dans le local à poubelles du sous-sol. Le réceptionniste lui avait donné les clés quand il avait loué la chambre. Il lui suffirait de contourner l’immeuble, ouvrir la porte, jeter le sac et refermer la porte vite fait.
Pour l’instant, son plan se tenait plutôt bien. Il fallait que ça continue...

- Quel poste occupez-vous en réalité dans la section Herinnen ? J’espère que vous n’êtes pas mêlée de trop près à toutes les choses lugubres qui se passent en ce moment...

Il parla sur le ton de la conversation, comme on demande à une jeune femme : «qu’est-ce que vous faîtes dans la vie ?». Il fallait la garder concentrée sur la conversation, peut-être pourrait-il tromper sa solitude d’une soirée et oublier ce qu’il venait de faire.
L’air chaud mais venteux d’une nuit d’été l’assaillit. Cela soulagea un peu Ulrich. ll aimait l’air du dehors comme un oiseau aime la liberté.

- Je ne vous garderais pas très longtemps, mademoiselle, la rassura-t-elle (ou peut-être était-ce lui qu’il comptait rassurer...), mais si vous désirez manger quelque chose, on peut dire que je suis pas tellement maladroit en cuisine.

Non, il n’était pas tellement maladroit en cuisine. Il en faisait pour ses enfants quand ils étaient encore en vie : il leur faisait des crêpes avec de la chantilly et des pommes cuites caramélisées, cuites sur les bords, moins sur le centre. C’était Ana qui était en charge du salé...
Inconsciemment, il avait baissé légèrement la tête. Comment le père de la jeune fille qui était désormais dans on sac allait-il réagir ? Allait-il pleurer ? Devenir fou ? Il préférait ne plus y penser. Ce qui était fait et fait, c’était à lui d’assumer. Au moins, il n’aurait pas de procès, s’il était pris, il serait exécuté sur l’heure...
Ulrich releva la tête : pour l’instant, il avait cette fille-là entre les mains, c’était à lui de faire attention.

La rue était presque déserte. Un peu plus loin, la rue marchande était allumée, mais arpentée par quelques groupes de jeunes seulement. Certains allaient, d’autres venaient. En fait, la nuit était le moment des jeunes, de la débauche. Il remarqua d’ailleurs quelques Toriens parmi d’autres humains. Peut-être que demain, d’autres victimes allaient être découvertes que la sienne... Il ne le souhaitait vraiment pas.
Il se rapprocha d’Elwyn pour être sûr qu’il ne lui arriverait rien pendant le court trajet.
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Elwyn Sweeney
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Elwyn Sweeney

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MessageSujet: Re: Comment ne pas sortir les poubelles...   Comment ne pas sortir les poubelles... EmptyMer 23 Mar - 14:59

C’était ce qu’elle préférait le plus dans la vie, les rencontres fortuites. « Ne parle pas aux inconnus ! » lui répétait souvent sa mère…Comme toutes les mères d’ailleurs. Ça avait beau marcher quand on était gosse, une fois (plus ou moins) adulte c’était l’éclate de parler aux inconnus !

_ Hum…On peut dire que Herinnen fasse en quelques sortes partie de la police. Il y a une nuance mais elle est délicate à expliquer…

Une GROSSE nuance, Herinnen combat des êtres mi-surnaturels mangeurs de peau…

_ Mais en fait on marche avec la police, on s’entraide en quelques sortes, donc on est un peu dans le même bateau !


L’image de Freyja entrain de violemment réprimander le supérieur de la Police du coin lui traversa rapidement l’esprit…Dans le même bateau, oui, et cela au gré des tempêtes…
Les relations entre les deux camps étaient un peu tendues. Normal, la police locale n’apprécie pas qu’Herinnen débarque et prennent tout sous leur commandement. La coopération, bien que de rigueur, se fait difficilement, voire avec peu d’entrain. C’était d’ailleurs de cela qu’ils étaient censés parler lors du meeting, une réunion avec les médecins légistes locaux afin de définir la place de chacun…ce n’était pas gagné. Autant penser à autre chose.

Bien que l’étranger en face d’elle puisse avoir l’âge de son père, elle ne se sentait nullement gênée. C’était peut être même le contraire. Elle prêtait peu d’attention à l’âge, ayant elle-même déjà croisé des personnes de plus de trente ans ne se comportant pas mieux que des préadolescents, elle découvrit que la relativité des choses pouvait s’étendre jusqu’à l’âge mental des personnes. Même si cet auteur présumé de romans semblait mature pour ne pas avoir à le comparer à ce genre d’être assez puériles.

Enfin, question puérilités, elle-même se plaisait à battre des records alors elle pouvait bien en parler. Elle repensa brièvement à son patron, à la réunion manquée puis la chassa tout aussi vite de son esprit.

_ Non absolument pas, répondit-elle aussitôt à sa question.

Le pire ? C’est qu’elle était sincère. A son sens, son rôle dans ce qu’il se passait actuellement était minimal, voire inexistant. Être impliqué dans les évènements voulait dire s’armer, se tatouer, garder 28 scalpels avec soi et partir mater du Torrien. Elle ne ferait jamais une chose pareille. Déjà qu’elle était incapable de courir cent mètres sans s’écrouler d’épuisement. Mais alors aller chasser la bête monstrueuse du XXIe siècle, on y pense même pas !
Non, non, elle était bien loin de tout ça. Chaque fois qu’un corps était découvert, c’était à elle de s’en charger. Les dépeçages Torien sont d’une beauté indescriptible, à la limite elle préférait recevoir les cadavres de victimes. Parce que les corps de Toriens…
Elle n’avait pas eut l’occasion d’en voir beaucoup certes. Mais pour le peu qu’elle avait vu, c’était une vraie boucherie. Enfin, les conditions sont souvent bien plus difficiles pour les agents qui doivent dépecer des êtres alors qu’ils ont encore la force de se débattre, les coups et blessures sont souvent là pour témoigner. En fait, elle n’avait pas besoin d’écouter le récit pour deviner ce qu’il c’était passer, les cadavres parlent d’eux-mêmes après tout.

_ Je suis plutôt à la paperasse, continua-t-elle, c’est pas le boulot le plus excitant du monde mais c’en est un comme un autre. Peut être même est-ce plus intéressant de travailler chez Herinnen qu’ailleurs. Tout semble plus magique, plus intense, on a presque pas le temps de s’ennuyer. Je veux dire, chaque fois que je reçois un cadavre, le boulot commence et souvent on nous demande un rapport complet et bouclé en moins de 48h ! A raison d’un médecin par cadavre et de deux laborantins pour l’assister, la tâche n’est pas facile, surtout quand dans des cas comme ceux cis, on reçoit presque un cadavre tous les deux jours ! Ces tueurs en série je vous jure…Et alors je vous raconte pas le carnage, pas les cadavres hein, le stress au travail je veux dire…oui parce que si on est dégouté de la vue du sang, d’un cadavre découpé, tordu, noyé ou que sais-je encore, il faut abandonner le métier tout de suite.

La voilà qui était passée en mode mitraillette. Elle s’arrêta un bref instant pour reprendre son souffle, sentant l’ambiance qui semblait commencer à se tendre, elle ajouta.

_ Je suis médecin légiste voyez-vous. Je n’en ai pas la tête, je sais. Vous n’êtes pas obligé de me croire d’ailleurs ! Je ne vous en voudrais pas. Tout ce que je peux dire, c’est que mon métier me passionne. Ce n’est pas facile tous les jours, mais ça m’apporte beaucoup. Surtout qu’à Herinnen ils ont vraiment la crème de la crème. Par exemple, les plus anciens peuvent repérer un des criminels que l’on recherche d’un premier coup d’œil !

C’était une chose qu’elle avait toujours admiré. Elle évitait soigneusement d’utiliser le mot « Torien ». L’homme semblait visiblement être un touriste doublé d’un civil, ce n’était pas le moment de lui parler de ce genre de choses. Freyja avait donné des consignes, parler le moins possible des Toriens. Certains pensent encore qu’il s’agit d’une vulgaire légende urbaine, autant qu’ils le pensent le plus longtemps possible même si ces méthodes lui déplaisaient assez.

Elle se ravisa, il fallait changer de sujet de conversation, pourquoi ? Parce qu’il n’était (parait-il) pas d’usage courant de parler du traitement d’un cadavre dans une conversation banale. Retournons donc dans les normes.

_ Votre proposition est très alléchante mais à vrai dire, j’ai déjà mangé je ne peux plus rien avaler. Mais je pourrais repasser vous voir ?

Ils arrivaient bientôt au local à poubelle le pauvre homme serait débarrassé de son fardeau, mais peut être pas d’Elwyn…

_ Vous avez un accent amusant ! D’où venez-vous ? Vous êtes en vacances ? Ou en voyage d’affaire peut être ? Moi je viens d’Irlande, venir à Espérance me change vraiment ! Je trouve qu’il s’agit sincèrement d’une ville épatante, ses plages sont splendides et on y vit paisiblement.

Quand on n’a pas quelques psychopathes mangeurs de peau qui trainent de ci de là bien sûr, mais les détails….
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Ulrich Solenystine
Torien

Ulrich Solenystine

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MessageSujet: Re: Comment ne pas sortir les poubelles...   Comment ne pas sortir les poubelles... EmptyMer 30 Mar - 6:49

Ainsi la police aidait tout de même ces fous venus d’Islande... Il fallait absolument qu’il avertisse ces jeunes Toriens qui s’amusaient à faire des petits vols et à frapper les gens en pleine rue : pour eux la police n’était rien, ils allaient en garde à vue et sortaient patiemment après une petite amende que leurs méfaits précédent suffisaient à payer. Mais si Herinnen travaillait avec eux, il y aurait de grandes chances qu’au moins un de leurs agents assiste à quelques gardes à vues. Il était alors évident qu’ils seraient repérés comme s’ils avaient hurlé qu’ils étaient des Toriens. Lui-même devrait faire très attention, même s’il savait se tenir pour ne jamais tomber dans les mains de la police.
Malgré ses paumes moites et la pression du sang propulsé dans les veines de ses tempes à une vitesse record, il en apprenait un peu sur l’organisation des forces opposées. Il y avait beaucoup de Toriens qu’il n’appréciait pas du tout et beaucoup d’humains qu’ils trouvaient très sympathiques et qu’il aurait voulu ne jamais tuer, mais il restait un monstre, une sorte d’animal et il se devait de prévenir les siens... Il se contenterait de se trouver sur la route de ceux qui tenteraient de retrouver son informatrice involontaire.
C’était en vérité une sorte de drame d’avoir à se battre contre des êtres aussi exquis à côtoyer mais dont les fonctions faisaient en sorte de vous opposer. On aurait dit une sorte de guerre de tous les instants, sans trêve aucune.

Mais d’un mouvement de tête, il chassa toutes ces sombres pensées. Le calvaire allait bientôt être fini : il allait se débarrasser du cadavre auquel la jeune fille aurait affaire le lendemain. Pour peu que le corps soit en décomposition avancé ou à moitié dévoré par les insectes, on pourrait croire qu’il était plus vieux. Sinon, toutes les preuves seraient tournées contre lui. La science avait tellement évolué et pas qu’en bien.
Pour l’instant, il se contenta d’écouter la jeune fille lui parler de son métier. Ses parents ne lui avaient sûrement jamais dit de ne pas parler aux inconnus. Il s’en fichait plutôt en réalité, car malgré ses airs d’asocial, il aimait bien la compagnie des êtres humains, des vrais, des personnes capables d’apprécier un bon repas et de regarder une autre personne sans penser à le tuer pour pouvoir manger.

Elle recevait les cadavres. Son esprit se mit en branle (sans mauvais jeu de mots ^^’). Elle devait être... médecin légiste... Attendez une minute : elle ? Non pas qu’il doutait de son intelligence : ses yeux verts émanaient une certaine vivacité d’esprit qu’il pouvait retrouver chez ses élèves les plus doués. Mais, en pensant au long cursus qu’il fallait pour devenir médecin, il se prit à froncer légèrement les sourcils. Peut-être était-elle apprentie, ou bien qu’elle était bien plus âgée que ce qu’il avait cru. Après tout, dans sa précipitation et sa semi-panique, il avait du se tromper... Il essaya de la regarder discrètement, d’observer ses traits pour guetter le moindre signe d’un âge plus avancé, prétextant de l’écouter et de lui donner toute son attention (ce qui était vrai en un sens). Mais il ne voyait rien. La demoiselle devait bien avoir environ dix huit ans...
Quel genre de vie peut mener une jeune fille aussi vivante dans une histoire aussi morbide ?

Il semblait légèrement perdu dans ses réflexions quand une phrase attira toute son attention : « Par exemple, les plus anciens peuvent repérer un des criminels que l’on recherche d’un premier coup d’œil !»
Il du faire un effort démesuré pour ne pas s'effondrer, gémir, se décrocher la mâchoire. Ils étaient en grand danger ! Elle avait utilisé le mot «criminel» et non pas Torien, mais puisqu’elle travaillait à Herinnen, il y avait donc beaucoup de chances qu’ils soient inclus dans la partie «criminels», ce qu’ils étaient en réalité. Ils avaient des trucs pour les reconnaître ! Si cela se trouvait, en ce moment-même elle était en train de l’analyser et de découvrir la vérité plutôt dérangeante qu’il essayait de cacher. Peut-être qu’ils avaient des fichiers sur les Toriens de la ville dans leurs archives !

- C’est intéressant, mademoiselle, pensez-vous que les criminels aient un visage différent des autres ?

C’était une question qu’il s’était souvent posé, même quand il était encore qu’un simple humain : on voyait tellement d’affaires horribles en ce moment, des meurtres perpétrés même par d’autres humains et les accusés étaient tous si différents les uns des autres. Si cela se trouvait, il croisait tous les jours des meurtriers en puissance.

- Bien sûr, vous pouvez venir me trouver quand vous voulez ! fit-il avec un sourire. C’est un plaisir pour moi de faire la cuisine.

Il avait dit ça, mais en réalité, il n’était pas très sûr. C’était la phrase qu’on dit habituellement quand on apprécie quelqu’un, mais vu la chance qu’il avait, Ulrich était certain qu’elle viendrait tout innocemment prendre une crêpes chez lui dans un mois, quand il aurait à nouveau faim et serait en compagnie de son futur repas. Mis à part cette petite occasion de rien du tout, il n’était jamais contre recevoir les gens chez lui. Contrairement à son état actuel, son appartement était toujours très propre et bien rangé.

Ulrich arriva enfin en face du local à poubelles et sortit les clés de sa poche pour en insérer une dans la serrure. Il y était presque ! Il y était presque ! Hormis les mouches qui commençaient à s’accumuler sur son sac plastique, il avait l’air innocent, encore un peu. Cependant, il sentait l’odeur du sang devenir de plus en plus forte. Il avait du la couper quand il avait cassé sa colonne vertébrale. Vite, lancer le sac quelque part.
Les paroles de la jeune fille le firent revenir à lui. Ah oui, c’était vrai, son accent attirait souvent les curiosités. Dans ces cas-là, il prenait gentiment son petit masque de touriste russe qui est ici pour se faire naturaliser.

En effe,t il est encore très marqué, dit-il en riant un peu, espérant détendre l’atmosphère. Je suis russe. Pour nous, gens de l’Europe du Nord, l’Australie est une sacrée expérience, n’est-ce pas ? Je ne m’en doutais même pas quand je suis arrivé. Depuis, je ne peux même plus penser à repartir. Même si la Russie n’est plus communiste, les plages d’Espérance m’ont capturé, on dirait bien.

C’était en partie vrai en plus... Il ne se voyait pas revenir en Russie, pour rien au monde.
Il poussa légèrement la porte du local des poubelles, se poussant pour laisser l’air nauséabond sortir sans lui agresser les narines. Il fallait absolument qu’il prenne une bonne douche en rentrant : il était négligé et il allait puer après ce petit voyage, pour sûr. Il y avait des nuits où il valait mieux jeûner...
Ulrich fit basculer le sac de son épaule et le saisit à deux mains. Il sentait la chaleur du cadavre contre ses paumes moites. Le sac avait plutôt bien tenu. Il était à la limite de la libération. Il ne lui restait plus qu’à forcer sur ses vieux abdos et à lancer le sac plus loin.

Ouf ! Ça y était ! C’était fait ! Il s’était débarrassé du cadavre ! Il en aurait dansé de joie si ça avait suffit à le sortir d’affaire. D’ailleurs, il sentait un léger sourire s’étirer sur ses lèvres.
Il se hasarda tout de même à jeter un coup d’oeil au devenir de son repas d’une nuit.
Horreur ! Un bras dépecé dépassait du sac ! Il aurait pu pâlir si sa peau de Torien l’aurait permis. D’un geste rapide, presque brusque, il referma la porte, masquant le bras accusateur qui semblait le pointer comme la main de Dieu à la vue de la demoiselle qui l’accompagnait. Il n’était pas passé loin.
Voyant le regard désormais étrange qu’elle lui offrait, il eut un autre petit sourire :

- L’odeur est vraiment infecte, fit-il.
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